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Cinéma 05 (c) D.R. REVUE

Cinéma 05
Collectif signé par Didier Semin,
Jean-François Rauger, Tag Gallagher,
Emmanuel Burdeau, Jacques Aumont…
Par Cécile GIRAUD


La revue Cinéma, créée en 2001, persiste et signe et même s’améliore en nous offrant dorénavant un DVD avec chaque numéro. C’est avec le film de Kenji Mizoguchi, La marche de Tokyo, que la revue inaugure cette nouvelle formule. Ce film de 30 minutes longtemps considéré comme perdu est une rareté, puisqu’il n’en existe que peu de copies et que le film a été tronqué et remonté par le distributeur japonais. Comme nous l’explique Emmanuel Burdeau dans son article « Mizo des familles », la Cinémathèque possédant une copie de 20 minutes du film a tenté un remontage avec une copie nippone qui soit plus en accord avec l’esprit du film. Aujourd’hui, le film dure 30 minutes, alors qu’il durait vraisemblablement 80 ou 102 minutes en 1929, l’année de sa sortie, et c’est ce film que l’on peut découvrir désormais chez soi. Amputée, La marche de Tokyo l’est sans aucun doute, les séquences s’enchaînent parfois brutalement, quelques plans sont incompréhensibles, la fin semble tronquée, mais la magie opère face à cette histoire d’amour tragique dans laquelle une jeune Geisha tombe amoureuse de son frère.

  Kenji Mizoguchi (c) D.R.

Afin de replacer La marche de Tokyo au sein de l’ensemble de la filmographie de Mizoguchi, Tad Gallagher propose, en complément du texte de Burdeau, un texte analysant la mise en scène chez le réalisateur, et plus particulièrement le montage, d’une manière presque mathématique grâce à des photogrammes et à des schémas. Il nous prouve par A+B que le montage chez Mizoguchi est aux antipodes du montage classique occidental, libérant le film de toutes contraintes et le spectateur des schémas attendus.

Le texte est écrit à la première personne, ce qui semble être l’une des principales caractéristiques de la revue Cinéma. Chaque film ou réalisateur abordé l’est avec une grande liberté de ton, presque inattendue de la part d’analystes reconnus comme Jacques Aumont ou Michèle Lagny. C’est sans doute le privilège de la reconnaissance. Une vraie liberté, presque introuvable dans les autres revues de cinéma (mis à part sur Internet peut-être), flotte au-dessus de la revue, une connivence entre l’éditeur Leo Scheer et les rédacteurs semble évidente, et la revue apparaît comme un pur produit de plaisir. Aucune contrainte ne semble habiter Cinéma, tant au niveau du ton que des thèmes : Jon Jost et Jacques Aumont parlent avec passion de Leighton Pierce et ses film expérimentaux, Fabrice Revault D’Allonnes tient à réhabiliter Harry langdon. Didier Semin, quant à lui, nous offre sa vision personnelle de Vertigo, faisant appel à d’autres films comme Body Snatchers de Don Siegel, et convoquant surtout ce qui se passe entre les plans, interrogeant notre mémoire cinématographique : pourquoi sommes-nous habités par des images fantômes qui ne sont jamais apparues à l’écran mais qui nous paraissent plus que réelles (la revue Cinergon, autre support d’une grande liberté, avait déjà posé ce genre de question concernant le film Sombre de Philippe Grandrieux).