Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
On a parlé d'amour (c) D.R. LIVRES

On a parlé d'amour (Corps et âmes)
de Daniel Karlin
Par Cyril LEGANN


CONTRADICTIONS

Daniel Karlin aime le sexe. En tout cas il aime en parler, le montrer, l'analyser, le décortiquer...et, il faut lui en rendre hommage, sans tabous ni consensualisme.

  Et si on parlait d'amour (c) D.R.
Seulement voilà, tout serait trop simple si le constat s'arrêtait là. Car ce qui a poussé Daniel Karlin à écrire cet ouvrage, suite à la sortie en salle de Et si on parlait d'amour, c'est bien entendu les critiques (parfois virulentes) qui lui ont été adressés, et qu'il a, en partie, cherché à provoquer, mais surtout son rapport extrêmement tendu et complexe avec les sujets qu'il aime aborder. Du scabreux, il y en a chez Karlin : de ses recherches sur le monde du porno au comportement sexuel des handicapés, en passant par l'analyse au scalpel de la relation entre un pédophile et sa victime, le cinéaste s’attaque souvent à des thèmes tellement “ politiquement incorrects ” que même les plus provocateurs des réalisateurs de fiction n’osent les aborder.

Pourtant, celui qui prône la tolérance à l’égard des pratiques sexuelles de tous bords, ce qui pourrait résumer la philosophie globale de sa filmographie entière, n'est pas exempté du phénomène qu’il évoque lui-même, à savoir que dès qu’il s’agit de sexe, nul ne peut parler de manière objective, le subconscient et ses tabous prenant toujours le dessus.

Et si on parlait d'amour (c) D.R.
Ainsi le livre On a parlé d’amour, censé analyser les réactions produites par le film est surtout une succession de justifications maladroites visant à nier toute tentation voyeuriste ou perverse chez son auteur. Mais peut-on filmer comme il le fait le trash et le salace, car, arrêtons de tourner autour du pot, c’est bien de ça dont il s’agit, sans avoir un goût prononcé pour l’exhibitionnisme. Bien sûr que les intentions sont louables, nul ne le remet en cause. Il montre avec Et si on parlait d’amour des choses que la majorité silencieuse n’a pas envie de voir étalée, car elle la renvoie à ses propres pratiques et au rapport délicat de tout à chacun avec sa sexualité. Il dénonce les hypocrisies de la société qui étale sans vergogne en prime time un érotisme machiste composée de femmes jeunes, dénudées, blanches et siliconées mais rejette ce qui en ressort.

Le film a le mérite de donner la parole aux anonymes, de les “ normaliser ” sans les banaliser, de jeter un pavé dans la marre du silence honteux. Malheureusement, Karlin n’est pas Larry Clark, et plutôt que d’assumer le plaisir de provoquer et de choquer, il se réfugie derrière un puritanisme déplacé, avec l’excuse facile de la prétendue objectivité du documentariste. En agissant ainsi, il ajoute de l’eau au moulin de ce qu’il dénonce, perdant définitivement la cohérence de son discours dans d’innombrables contradictions. Pour résumer : le film est essentiel, le livre plus que dispensable…





Titre : On a parlé d’amour
Éditeur : Le Cherche-midi Editeur
Collection : Documents
Format : Broché - 293 pages
Dimensions (en cm) : 16 x 3 x 24

Acheter ce livre ou DVD sur le site : Fnac
Acheter ce livre ou DVD sur le site : PriceMinister
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Amazon
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Librairie Lis-Voir