MUSIC FOR THE BODY
Au moment où apparaît une nouvelle scène new yorkaise
- Interpol, Radio 4, Yeah Yeah Yeahs -, la sortie du coffret
« Once in a Lifetime » chez Sire Records permet de
constater la qualité d’écriture encore inégalée des groupes
punk US de la fin des années 1970 jusqu’au début des années
1980. La formation menée par l’écossais David Byrne constitue
aujourd’hui encore, avec Blondie, The Ramones, Television ou
Pattie Smith, le parfait exemple de la vitalité de la scène
punk / new wave née avec le CBGB. Avec les Talking Heads, dont
presque tous les membres ont étudié l’art à l’université, et
à la différence des mouvements de Londres ou Détroit, l’ouverture
passe par l’image, les montages photographiques reproduits sur
chacune des pochettes de leurs albums, et enfin la vidéo, dont
le DVD Storytelling Giant inclus dans le coffret donne
un assez bon aperçu.
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Parmi les cinéastes vedettes, Jim Jarmush
réalise la vidéo de The Lady don’t Mind, et passe une
fois de plus par dessus les toits de New York. Wenders, quant
à lui, signe le sans surprise Sax and Violins qui devait
accompagner son long-métrage The End of the World. La
véritable surprise vient peut-être des réalisations de Byrne,
où l’on peut redécouvrir son sens de l’image et son esprit absurde.
Quelques petits chefs d’œuvres ici, dont le Once in a Life
Time co-signé par Toni Basil, où un David Byrne en costume
impeccable danse sur le rythme irrégulier des machines de Brian
Eno, et sur les images surimposées de femmes africaines, l’amusant
Wild Wild Life où le groupe s’amuse à parodier Prince
ou Kid Créole avec la complicité de John Goodman. Le DVD renferme
encore quelques réussites, comme le Road to Nowhere réalisé
avec Stephen R. Johnson ou This Must Be the Place.
Ces vidéos, à la fois influencées par les artistes de l’East
Village et l’explosion du hip hop, les collages militants des
Dadaïstes et le New York de Warhol et du Velvet Underground,
témoignent d’une joie communicative à s’emparer des formes d’art,
si le choix des chansons n’est pas toujours à la hauteur, et
à s’arroger le droit de jouer avec la culture comme avec n’importe
quel produit de consommation courante.
Chaque morceau est suivi d’une séquence filmée, ou des personnages
anonymes racontent leur vie sans jamais essayer d’apporter de
cohérence à l’ensemble. Le DVD peut ainsi se voir sans pause,
comme un film volontairement absurde et déroutant, où l’Amérique
consumériste est pointée du doigt sur des mélodies que David
Fricke résume comme une « musique pour le corps ».
Jusqu’ici la meilleure façon de regarder s’effondrer notre civilisation.
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Titre
: Once in a Lifetime
Editeur : Sire Records
/ Warner Music
Support : Coffret
4 Cds et 1 DVD
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