Michel Ciment, déjà auteur de nombreux
ouvrages consacrés pour la plupart à des cinéastes (dont une
des meilleures analyses sur le cinéma de Kubrick) s’intéresse
cette fois-ci à Fritz Lang dans un livre publié dans la collection
« Découvertes » chez Gallimard, pour laquelle il
avait déjà écrit Le Crime à l’écran (1992). Ne pas
s’attendre donc à de l’exégèse pure, approfondie, avec de
nombreuses références à l’appui comme a pu le faire son auteur
auparavant dans divers ouvrages. Ici, il s’agit pour Michel
Ciment d’évoquer la filmographie du cinéaste autrichien d’origine
(contrairement à ce que l’on pourrait croire Fritz Lang est
natif de Vienne et non allemand) à travers sa vie, de montrer
comment ses films s’inscrivent dans l’Histoire, et des influences
qu’ils ont pu subir.
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Par conséquent l’ouvrage ne se constitue
pas comme une étude thématique mais suit simplement la chronologie
des événements de la vie de Fritz Lang. Michel Ciment évoque
la jeunesse viennoise du metteur en scène et les nombreuses
influences artistiques et intellectuelles qui l’ont nourries.
A ce titre on peut constater un large éventail disciplinaire
allant de la littérature de Karl Kraus ou de Karl May, jusqu’à
la science du droit de Hans Kelsen, en passant par la philosophie
de Nietzsche ainsi que la peinture d’Egon Schiele.
Michel Ciment montre comment dès son œuvre muette, Fritz Lang
pose les premiers jalons qui feront la particularité de son
cinéma, et en quoi ses films témoignent des changements de
la société dans laquelle il vit. Dès Docteur Mabuse, le
joueur, on voit que le metteur en scène explore la ville
de Berlin gagnée par le cynisme, l’angoisse du futur et un
personnage principal incarnant le pouvoir absolu. Il en va
de même pour Les Espions que Fritz Lang réalise dans
un contexte où l’espionnage en Europe est en vogue (Lang s’est
d’ailleurs inspiré d’articles de journaux sur une attaque
de Scotland Yard contre des agents secrets travaillant sous
couvert d’une délégation soviétique). Les préoccupations sur
le monde contemporain qui stimulent le metteur en scène de
Metropolis ne vont cesser d’alimenter ses futures réalisations.
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