Un titre générique pour un sous-titre
bien plus évocateur et attirant : « Un siècle de
propagande coloniale et de films africains ». Au fil
des pages, Guido Convents énumère et commente de façon virulente
les films coloniaux, ceux réalisés avec l’appui de gouvernements
africains, ceux plus malicieux et souvent plus récents faisant
la part belle au discours ancien selon lequel l’homme blanc
est meilleur que l’homme noir. L’auteur nous transmet au fil
des pages son amour non seulement pour le cinéma africain,
mais pour ce continent. Ses prises de position justifiées
sur le traitement des noirs à l’écran, ses déclarations d’amour
à tel réalisateur ou actrice, son besoin d’exprimer un désir
profond de changement dans les rapports nord-sud, son côté
militant jusqu’au-boutiste, tout cela ne laisse pas le lecteur
indifférent. L’analyse qu’il propose sur les relations complexes
entre colonisateurs et colonisés constitue l’un des endroits
plus passionnants du livre.
Malgré un manque d’agencement ordonné des idées (pourquoi
parler des noirs américains pour évoquer le cinéma africain ?),
provoquent parfois des amalgames, notamment ses réflexions
sur la série des James Bond. A vouloir trop prouver et à défendre
coûte que coûte le cinéma africain et de manière plus générale
« les noirs », il tombe à quelques reprises dans
le pro-africanisme. L’auteur revient avec beaucoup d’enthousiasme
sur plusieurs films marquants à différent titre. Citons l’un
d’entre eux Les dieux sont tombés sur la tête, qui
avait été produit par l’Afrique du Sud pour mettre en valeur
la politique de l’Apartheid. Ce film lors de sa sortie avait
connu un immense succès notamment auprès du public européen.
L’Europe n’avait pas interdit ce film. Oh ! que non,
bien au contraire. Pendant très longtemps, jusqu’aux années
60, les films venant d’Afrique étaient tout simplement réalisés
par des Européens ; depuis on peut dire que s’est installée
une étape transitoire au cours de laquelle, certains films
ont été mis en chantier et tournés par des Africains et d’autres
l’ont été avec l’appui des Européens qui en réalité contrôlaient
la production. L’indépendance financière demeure la plus compliquée,
mais l’arrivée de nouvelles technologies à bas coût la favorise
activement.
Ce livre est essentiel pour tous ceux qui s’intéressent au
cinéma. Loin des stéréotypes européens et hollywoodiens, ce
sont aujourd’hui des Ivoiriens, des Burkinabais, des Africains
du sud ou des Sénégalais qui racontent leurs propres histoires
avec leurs mots et leurs images à leur rythme. A nous de savoir
y prêter la plus grande attention, à l’image de Guido Convents
en en parlant.
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Titre :
L’Afrique ? Quel Cinéma !
Auteur : Guido
Convents
Editeur : EPO
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