Clic Clac
de Big Yum Yum, cherche à revisiter quelques thèmes musicaux
de quelques films. 10 musiques pour 9 films puisque A bout
de souffle est cité deux fois, privilège de l’inventivité
de Jo Jaguar a.ka Martial Solal. L’entreprise fait penser
à ce que fut en son temps l’acte de Nato : Les
films de ma ville, où se croisaient les bretteurs
de l’avant-garde du jazz de ce label (Akchoté, Delbecq, Tony
Hymas) dans une relecture des grands classiques de la musique
de film. Sauf que le projet Nato était pyrotechnique. Il y
avait recréation. Les thèmes, vraiment revisités, revivaient
dans les transformations formelles d’une musique au présent,
vive, créatrice et débridée.
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Quand Big Yum Yum écrit sur la pochette
: « dix musiques de film revisitées », on aimerait
qu’il y ait effectivement un certain plaisir de la distance,
du jeu avec le texte. Or il s’agit bien de revisiter au sens
de retrouver ses marques, ses habitudes. On retrouve un lieu
vaguement connu, une chambre aux meubles bien rangés, et des
ritournelles comme autant de souvenirs des fleurs du papier
peint. Si le groupe reste proche de l’esprit de chaque thème,
il a tendance hélas, à rester fixé à la lettre. Peu de libertés
prises. Les recréations passent par des arrangements, certes
toujours soignés (track 6 par exemple) qui usent d’instruments
de chambre - violons, guitares, mélodica, bois, triangle,
et ici ou là, un Korg ou un Mirage assumant une présence floue
de la modernité - mais dont le côté « petit orchestre
de poche » finit par lasser. Parmi les thèmes, citons :
A bout de souffle, Touche pas au grisbi,
Les valseuses (dont la mélodie, jouée à la mandoline,
a des accents de koto japonais du meilleur effet), l’insupportable
Tourbillon, Quai des brumes. L’ensemble joue
d’un aspect faussement amateur (dû en partie à la présence
de jeunes instrumentistes, ce qui a pu faire penser au Langley
School Project), minimal dans sa réalisation sonore et ses
ambitions, qui le place soit du côté d’un art brut nourri
au regret de l’enfance soit dans la vénération de la ritournelle.
Si l’objet n’est pas désagréable, il laisse toutefois dubitatif
quant à sa pertinence.
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Titre
: Big Yum Yum présente : Clic Clac, dix mélodies
cinématographiques
Editeur : Microbe
records
Parution : 2002
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