Equilibrium nous offre un
mélange de ces différentes propositions en nous exposant
un monde qui, après avoir subi une troisième guerre mondiale,
a décidé de bannir la violence en excluant toutes formes
d’émotion, positive ou négative. Chacun doit alors s’injecter
un sérum plusieurs fois par jour au risque d’être poursuivi
par la brigade anti-émotion. A l’absence d’émotion répond
l’absence de couleur dans un monde fait de pierre et de
métal, et de la voix et l’image omniprésente du Père et
de sa bonne parole. Les habitants de cette ville sous l’emprise
d’un fantôme holographique semblent sortir tout droit de
la pierre avec leurs costumes sombres et austères, couvrant
le corps presque totalement, et dont les archétypes sont
personnifiés par les gardes du Père qui ne sont pas sans
rappeler ceux de L’Empire de George Lucas.
Les premières scènes nous emmènent dans les recherches de
la brigade : derrière les parois de pierre grise se
cachent des résistants et des trésors : tableaux, livres,
couleurs. Certains de ces trésors sont confisqués pour être
étudié, d’autres sont brûlés sur-le-champ, et, prise dans
les flammes, Mona Lisa lance au chef de la brigade son étrange
sourire. Equilibrium nous entraîne dans un petit
labyrinthe où il faut suivre un par un les oasis de couleur
jusqu’à arriver au cœur de l’underground. Lorsque
le chef de la brigade oublie sciemment de prendre sa dose
d’anti-émotion, la couleur va envahir peu à peu l’espace :
d’abord un ruban rouge, puis un chiot pour finir sur un
plan de la ville à l’aurore, baigné par le soleil, des couleurs
chaudes et un arc-en-ciel. Tableau certes naïf et manquant
sans doute de moyens financiers, mais sous-tendu par un
réel message et le visage doux d’Emily Watson, seule source
d’espoir du personnage masculin, et seul ancrage d’humanité
pour le spectateur.
Loin d’être idéaliste, le film s’ouvre
et se termine sur des images perturbatrices : des images
de Staline et de Sadam Ussein, suivies peu après par celle
de Hitler, font office d’introduction et mettent mal à l’aise
le spectateur européen : Equilibrium est bien
un film américain. La suite renverse la donne : ces
hommes de pouvoir et de foi qui tuent pour éviter la violence
nous rappellent certains présidents de notre époque. La
fin procède également par un renversement : les opposants
se libèrent dans un bain de sang, tuant ceux qui obéissent.
Finalement, rien n’est parfait dans le monde de Equilibrium,
la violence est inévitable. Et si la philosophie orientale
est utilisée, c’est pour détruire : la technique de
combat permet de tuer cinq attaquants tout en se protégeant
des coups. L’une des scènes les plus réussies esthétiquement
est d’ailleurs l’une des premières scènes de combat, dans
laquelle Christian Bale tue ses attaquants dans le noir,
créant ainsi un ballet de flashes où les corps tombent dans
un effet stroboscopique.
Au-delà de scènes d’action parfois un peu pauvres et d’un
scénario parfois attendu, Equilibrium est un film
qui mérite d’être considéré et vu, et qui révèle plus de
sincérité et de cohérence dans ces parti-pris esthétiques
que d’autres films d’anticipation plus tape-à-l’œil.
Bonus
: on peut y découvrir le commentaire audio du réalisateur,
le Making Of du film, les bandes-annonces en vf et vost
ainsi que les galeries de photos.
Titre : Equilibrium Réalisateur : Kurt
Wimmer Acteurs : Christian
Bale, Taye Diggs, Emily Watson, Sean Bean, Angus
McFadyen, William Fichtner Scénario : Kurt Wimmer Photo : Dion Beebe Présentation : Snap
Case Format image : Cinémascope
- 2.35:1 Langues et formats sonores : Français (DTS), Français (Dolby Digital 5.1),
Anglais (DTS), Anglais (Dolby Digital 5.1) Sous-titres : Français Zone : Zone 2 Éditeur : TF1 Vidéo Durée : 1h
47mn Année : 2002 Pays : USA