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L’écriture incisive fait la différence
par rapport à ses concurrents, elle s’en distingue car elle
ne se place pas comme traditionnellement du côté de la loi
et des G-men mais du point de vue des mafieux. Ces criminels
sont présentés comme des individus ordinaires empêtrés dans
les tracas de la vie quotidienne, les problèmes de couple,
d’infidélité, les conflits avec les adolescents et les crises
existentielles. Tony est un mari, un amant et un manipulateur.
Il est toujours entouré, de sa famille ou de sa bande, mais
il est toujours seul. Ce n'est pas un dur indéfectible,
mais un homme complexe et ambigu, tour à tour effrayant
et impitoyable, pathétique ou véritablement touchant. James
Gandolfini réussit à camper un personnage à la fois tragique
et comique à l’opposé du personnage de parrain de la famille
Corleone. Gandolfini est actuellement l’acteur américain
le plus complet et le plus envoûtant, il utilise toute la
palette de son talent et réussit à faire passer toutes les
émotions avec son regard et son sourire.
Elle doit autant son originalité à son esthétique, qu’à
l’interprétation brillante des personnages de second plan
qui forment une galerie singulière et attachante. Cette
vision de la Mafia marque une évolution dans la considération
de la thématique du gangstérisme à la télévision, un glissement
du genre policier vers la comédie familiale, ordinairement
pourvue d’une importante dimension psychologique, s’accomplit.
Elle s’inscrit dans la tradition des films des années 70
de Coppola, Scorsese et De Palma. Cette série renvoie à toute une série de références
inter filmiques, au Godfather, Silvio y singeant
Pacino, à Little Caesar que Tony regarde en pleurant.
Lorraine Bracco et Michael Imperioli ont notamment
joué dans les Affranchis de Scorsese. Imperioli a
écrit un épisode remarquable intitulé « La valse
des mensonges » où Il dissèque les relations des
membres de la famille. Tony est infidèle et amoureux, Antony,
lui, est renvoyé de l’école, tandis que Jackie tente de
s’imposer comme un tough guy. En un seul épisode,
il réussit à synthétiser les attitudes et le vécu de l’univers
des Sopranos.
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Loin des tourments de la mafia,
Six Feet Under met en scène la vie d’une autre famille.
La vie des Fisher bascule lorsque leur père meurt dans un
accident, léguant ainsi la gestion de l’entreprise de pompes
funèbres à ses deux fils. Ce foyer américain qui est confronté
à la mort au quotidien, aux cadavres et aux pierres tombales,
évolue dans une ambiance plutôt insolite. Alan Ball, le
créateur et scénariste d’American Beauty, manie avec
brio l'humour noir et l'ironie, avec des flashs hallucinatoires
et des parodies de pubs désopilantes. Si la mort y est abordée
sans tabou, elle lie l’émotion et le rire dans une danse
macabre servant de catharsis.
Dawson's Creek, créée par Kevin Williamson, se déroule
à Capeside où Dawson et ses amis Joey et Pacey expérimentent
les turpitudes de l'adolescence. Plus qu’une énième série
pour les adolescents, la méta-série Dawson ne parle
que du cinéma et de l’image. Pour Loic Prigent : « Dawson
c’est les « Cahiers du cinéma » à mort !
Le personnage a trop lu les cahiers, et sa vraie obsession,
ce n’est pas Spielberg, c’est Truffaut/Léaud, aspiration
impossible lorsqu’on est blond américain ». Le
héros éponyme de la série est un fan de Spielberg,
il est persuadé que pour chaque problème de la vie qu’il
rencontre, la réponse se trouve dans un film de son mentor.
Dawson, en vieillissant, passe d’un Steven à l’autre, en
devenant un admirateur de Soderbergh.
Comme chez De Palma, où la thématique du complot de famille
fomenté par des parents manipulateurs et des frères ennemis
est omniprésente, dans Dawson la cellule familiale
et le cercle des amis est au cœur du propos et de toutes
les interrogations de Kevin Williamson.