A travers cette plongée sans complaisance
dans les zones interlopes d’une mégalopole pour en dénoncer
les injustices et les horreurs insoupçonnables, Frears montre
la face sombre, cruelle, détestable… de la vie de tous les
jours, et rappelle que cette sordide histoire de manipulation
et d’exploitation peut très bien se passer à Londres, à
Paris ou même en bas de chez nous. La majeure partie du
film se passe dans un hôtel où, dans le luxe ambiant, se
passent les pires horreurs (greffe de reins, transactions
illégales, trafic en tout genre…). Et cet hôtel, lieu central
de l’histoire, n’est pas sans posséder quelques réminiscences
kubrickiennes qui peuvent renforcer la tonalité cauchemardesque
de l’ensemble.
Pour filmer ce quotidien déprimant, Frears élude l’ostentation
tout comme l’apitoiement et préfère se concentrer sur une
intrigue à la fois simple, linéaire et bouleversante. Les
personnages sont tous dotés de secrets qui ne se révèlent
que progressivement. Surtout, ce sont des gens profondément
pathétiques qui ne peuvent pas vivre leur vie au grand jour,
sans cesse obligés de se cacher ou de fuir. L’enjeu dramatique
(une sombre affaire de manipulation) est certainement naïvement
résolu mais cela permet au film de ne pas sombrer dans la
dépression, sans quoi il ne s’en serait pas remis. Ce n’est
pas pour autant que Frears tombe dans la facilité : le final,
douloureux, montre que les personnages sont loin d’être
en accord avec eux-même et d’avoir obtenu tout ce qu’ils
voulaient, ce qu’il y a de plus cher dans le fond : la liberté.
A mille lieues de son personnage d’Amélie Poulain qui
commençait sérieusement à lui coller à la peau, Audrey Tautou
fait des étincelles aux côtés d’un Chiwetel Ejiofor, tout
en douleur sourde et plus poignant que jamais.
Titre
: Dirty pretty Things Réalisateur : Stephen
Frears Scénario : Steve Knight Acteurs : Chiwetel
Ejiofor, Audrey Tautou, Sergi Lopez,
Sophie Okonedo Editeur : TF1 vidéo Photo : Chris Menges Musique : Nathan Larson Production : Celador
Films Langues : français,
anglais Sous-titres :
français Zone : 2