Lorsque la vérité éclate, les idéaux et les « normes » reprennent le dessus, et Léa est rejetée de tous. Elle a menti à son ex-femme, à ses enfants en se faisant passer pour une journaliste, mais également à Greg, celui qui était venu la rejoindre à Paris par amour…Greg qui accepte le silence de Léa sur son passé, par amour, mais dont on peut comprendre la réaction lorsqu'il apprendra la vérité. Comment expliquer à un homme qu'il a fait l'amour avec une femme qui, 10 ans plus tôt, s'appelait Nicolas et venait d'avoir son deuxième enfant ?

Toute la famille est ébranlée, Anne, Pierre, les enfants…On n'imagine probablement pas à quel point cette situation peut être déstabilisante : deux gamins de 10 et 15 ans, qui se retrouvent confrontés à une réalité qu'ils n'auraient jamais pu imaginer. Leur père qu'ils n'ont jamais vu, apparaît dans leur vie sous l'apparence d'une femme, difficile à croire et à admettre. Difficile aussi d'imaginer deux femmes se battre pour la garde de leurs enfants, deux femmes qui sont en fait un ancien couple hétérosexuel séparé…

Pierre ne le supporte pas, il tente par tous les moyens de prouver son amour à Anne et de l'empêcher de repenser aux quelques années qu'elle a partagées avec Nico-Léa…Maison, mariage, procédure juridique…rien n'y fait, Anne a trop de souvenirs, et quand elle regarde Léa c'est bien Nico qu'elle voit, le père de ses enfants. Un homme qui comme tout père a le droit de voir ses enfants, de les aimer, de rattraper le temps perdu…même si c'est avec un corps de femme.

Comment un homme peut-il admettre que l'ex de la femme qu'il aime revienne sous l'apparence d'une femme ? Cette journaliste qui semblait si sincère, et qui est en fait le père de deux enfants, un homme avec qui Anne a partagé des années de vie commune et d'amour…peut-il alors être jaloux de cette femme ? 

Et comment expliquer à un gosse de 10 ans que son père n'est pas, enfin n'est plus, un homme car il s'est fait opérer pour devenir une femme ? Voilà peut-être le seul bémol que l'on pourrait attribuer à ce téléfilm, qui sur ce point n'est pas tout à fait réaliste. On voit pourtant bien le trouble que ressent Lucas quant à l'identité de son père, mais sa réaction finale si rapide est peu crédible, et laisse supposer qu'à 10 ans on peut facilement comprendre qu'une femme puisse être votre père sans en subir un quelconque bouleversement intérieur…sans vouloir faire de psychologie gratuite, il semble que ce genre de nouvelle a de quoi choquer un enfant plus que quelques mois…

Mais ce « bémol » est mineur, comparé à la qualité de ce téléfilm, comme on aimerait en voir plus souvent pour nous conforter dans l’idée que le PAF a encore de belles œuvres à produire pour le petit écran, et que le cinéma n’est pas seul roi.

A noter le jeu des acteurs, Nathalie Mann bluffante par son physique si particulier qui lui confère une adéquation parfaite avec le rôle, Micky Sebastian, superbe dans le rôle de la mère d'Emma et Lucas, et ex-femme de Léa-Nico, ainsi qu'Antoine Duléry, Pierre, qui n'arrive pas accepter la situation et tente de préserver son histoire avec Anne en se protégeant de Léa comme tout homme qui se protégerait de l'ex et du passé de sa femme…

Une autre femme est un film est criant de vérité, qui traite à la fois de la transexualité, l'amour, la tolérance, la différence, le respect…multitude de thèmes tous corrélés les uns aux autres, et tous plus difficiles à mettre en image avec subtilité et intelligence, pari tenu par Jérôme Foulon et son équipe.

Bonus : interview de Jérôme Foulon avec Jackye Fryszman et Didier Lacoste, interview de Nathalie Mann, Casting et essais de Nathalie Mann, Galerie de photos.