AUTOPSIE D’UN SPECTATEUR
On n’en finit plus de disséquer les films, les auteurs,
leurs acteurs. Mais qu’en est-il de cet autre pilier du dispositif
cinématographique : le spectateur ? Voyage au cœur
du cerveau cinéphile en compagnie de Laurent Jullier.
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Cognition… Mot étrange, inusité sans
doute, effrayant sûrement. Peut-être faudrait-il commencer la
dissection par là, un coup de scalpel ici avant d’aller plus
avant. Sous ce vocable en apparence hermétique, on sent poindre
l’ancêtre latin cher à Descartes : Cogito. Car il est bien
question ici de pensée, mais pas seulement. Les sciences cognitives
(d’inspiration néo-darwinienne) ont pour objet le cerveau humain
et se proposent d’élucider les mécanismes mentaux. Se fondant
sur le corps percevant, elles englobent les perceptions, les
raisonnements, les émotions.
Et Laurent Jullier, professeur d’esthétique à l’université de
Metz, nous livre ici un exposé brillant, synthétique et fouillé
des recherches de ces sciences, et notamment dans leur application
au cinéma. On lui en sait gré, d’autant que la diffusion de
ces théories cinématographiques, restées minoritaires à l’étranger,
sont quasi inexistantes en France (la bibliographie établie
par l’auteur, anglo-saxonne pour l’essentiel, est très parlante
à cet égard). Mais il n’en reste pas là, ne néglige aucun outil
conceptuel d’où qu’il vienne, traçant finalement par le biais
de cette méthode intégrationniste un vaste tableau des différents
axes de recherche cinématographique : philosophie, sociologie,
psychanalyse, narratologie, sémiologie structuraliste ;
ne craignant pas même d’avoir recours à la chimie et à la physique.
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