John Glen appartient à la vieille école. Il ne vient pas du clip ou de la pub, et n’est pas non plus diplômé en cinéma. Son métier, il l’a appris sur le tas. Monteur pour la télévision (Destination Danger, L’Homme à la Valise) puis pour le cinéma (Au service Secret de Sa Majesté, Catlow, Pulp, Gold), directeur de seconde équipe (Parole d’Homme, Les Oies Sauvages, Superman), il réalise son premier film à presque cinquante ans et pas des moindres puisqu’il s’agit de Rien que pour vos yeux, le douzième James Bond. Dès lors, il devient le réalisateur attitré de la série et enchaîne cinq aventures de l’agent 007 (dont les deux avec Timothy Dalton) jusqu’en 1989. Si l’on ne peut pas vraiment parler de John Glen comme d’un « auteur », il a assurément un style. Il pense sa réalisation en terme de montage, mettant à profit son expérience. Les acteurs qui ont travaillé avec lui (comme Maud Adams ou Patrick Bauchau, par exemple) confirment d’ailleurs qu’il ne se préoccupe pas trop de l’« acting », ayant déjà en tête la mise en place du plan suivant.

Depuis Permis de Tuer, John Glen avait réalisé Aigle de Fer III et Christophe Colomb, ainsi que plusieurs épisodes de la série TV de Gerry Anderson Space Precinct. Autant dire qu’on l’avait plutôt perdu de vue. Avec Point Men, tourné en 2000, il revient à ses premières amours : le cinéma d’espionnage. Au vu du résultat final, force est de constater qu’il n’a pas perdu la main en matière de scène d’action mais le problème réside dans le peu de moyens alloués au film. Contraint de tourner au Luxembourg des scènes se déroulant en Israël (!), disposant de Christophe Lambert pour une période de trente jours maximum et devant diriger la seconde équipe lui-même, Glen a bien du mérite.

L’histoire se laisse suivre mais est souvent plombée par un Christophe Lambert de moins en moins charismatique (et qui, étrangement, ne s’est pas doublé en français). Le méchant, joué par Vincent Regan (apparu dans Troie), l’est beaucoup plus que lui ! Il n’est pas déplaisant de revoir Maryam d’Abo, la Bond Girl de Tuer n’est pas jouer, dans le rôle d’un agent. Dans l’ensemble, cette série B fait penser à Contrat sur un Terroriste de Christian Duguay, où il était déjà question d’agents israéliens, de terroriste traqué et de chirurgie esthétique.

Un film qui n’apporte donc rien à la carrière de John Glen et encore moins au genre espionnage. 


Bonus : bandes-annonces de cinq nouveaux DVD (l’édition allemande offrait au moins une galerie de photos)