|
 |
|
|
Les
récits de tournages sont encore trop rares parmi les livres
sur le cinéma en France. Cette autobiographie traduite de
l’américain, écrite par un acteur qui a tenu des rôles plus
ou moins secondaires, est d’autant plus intéressante que l’auteur
est surtout un observateur qui ne cherche pas à se mettre
ne concurrence avec les « grands ». Hommage à John
Ford et à ses compagnons, on y découvre le monde particulier
des tournages de westerns.
La compagnie des héros est un livre témoin d’une époque.
Harry Carey Jr., fils d’un compagnon de John Ford, vedette
du western muet, fait le récit des neuf tournages auxquels
il a participé sous la direction de son « Oncle Jack ».
Du Fils du désert aux Cheyennes, d’anecdotes
de tournage en scènes privées, l’auteur livre un portrait
par petites touches du « Vieux », mais aussi du
monde qui gravitait autour de lui.
Irascible, imprévisible et volontiers sadique, Ford est révélé
dans son travail, tyran adoré et génie insupportable. Les
récits de tournage sont rapportés avec force de détails. Chevaux,
cascadeurs et contretemps en tous genres émaillent les anecdotes,
éclairant quelques scènes mythiques d’un jour nouveau. Le
Fils du désert, premier tournage relaté, est à la fois
le plus violent et le plus éloquent. Harry Carey Jr., jeune
premier, subit alors toute la gamme des tourments dont John
Ford pouvait user à l’encontre d’un « nouveau »,
allant jusqu’à lui jeter des pierres pour lui signifier son
mécontentement. Pourtant, jamais on ne sent à l’encontre du
réalisateur un ressentiment durable, eu égard certainement
à l’admiration qu’il provoquait, mais aussi, derrière son
autoritarisme, à sa générosité et à son affection pour son
équipe.
 |
|
|
|
Mais
le livre fait également la part belle aux personnages de la
« John Ford Stock Company », acteurs que Ford engageait
de film en film. On peut citer les noms de Ward Bond, Ben
Johnson ou John Agar, mais surtout celui de John Wayne. Chacun
apparaît, dans ses relations plus ou moins agitées avec « Le
Vieux », comme unique, choisi et adopté. Car la « compagnie
des héros » est surtout une grande famille rude et affectueuse,
un peu comme on imagine les relations au temps du Far West,
lorsque les dures conditions de vie ne permettaient pas des
relations paisibles entre les êtres. Harry Carrey Jr. fait
quelques détours par son enfance, âge d’or contant à la source
ceux qui ont créé ces fameux westerns : des hommes qui
vivaient au milieu des chevaux, trop épris de boisson hors
des tournages mais passionnés par leur métier.
Témoignage historique, leçon de cinéma posthume et galerie
de personnages drolatiques, le livre nous fait passer sans
efforts derrière la caméra. Il est pour les amateurs du genre,
ou tout simplement les admirateurs du maître, une somme de
connaissances indispensables. Pour les autres, il est suffisamment
vivant pour les convier dans cet autre monde fascinant où
nos rêves prennent corps.
 |
|
 |
|
Titre : La compagnie des héros
Auteur : Harry
Carey Jr
Editeur : Les Editions
des Riaux
Collection : Cinécritures
|
|
|