Après Jon Voight
dans Mission Impossible et, plus encore, James
Cromwell dans L.A. Confidential , voici donc
le tour de Max von Sydow d’endosser la panoplie de la figure
paternelle meurtrière de ses fils au nom d’un idéal
frelaté. Il est dommage que ce que ce film recèle,
en son cœur, de quasi-révolutionnaire (à l’échelle
spielbergienne, en tout cas, mais cette échelle est
de dimensions considérables), car de profondément
métaphysique, débouche sur une œuvre qui, dans
son dénouement et, finalement, tout son ensemble, pourrait
plus faire penser au Fugitif d’Andrew Davis qu’à
autre chose. Alors que le film aurait pu se terminer par le
face-à-face Anderton/Crow et le constat fracassant
qu’on n’échappe pas à son avenir dans ses grandes
lignes, mais qu’on peut l’altérer par petites touches,
il continue une demi-heure durant dans la veine désormais
plate et convenue des trois films cités précédemment
(sans oublier un nouvel emprunt au classique Un Homme dans
la Foule : l’âme du méchant révélée,
par médias interposés, au moment de son plus
grand triomphe). La scène du meurtre de Kevin Spacey
par James Cromwell dans L.A. Confidential est
d’ailleurs transposée quasiment sans la moindre altération !
Et pourquoi diable Peter Stormare doit-il nous resservir son
personnage d’Armaggeddon et Hollywood son cliché
raciste du Slave en perpétuel délire ???
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Il y a, dans beaucoup d’éléments
du film, quelque chose de résolument adulte et réfléchi,
c’est certain, et il est vrai qu’il s’agit ni plus, ni moins,
que d’une grande audace de placer la seule véritable
séquence d’action du film au premier tiers (séquence
d’ailleurs très brillante, mais qui, comme désormais
de coutume, doit beaucoup à Tsui Hark et cie). L’idée
même de suggérer le vieillissement de Tom Cruise,
qui n’a jamais encore paru si mûr, est digne d’éloges,
et l’acteur s’en sort très bien. Offrir à Max
von Sydow, qui, aux Etats-Unis, aura surtout tourné
des navets, le premier grand rôle depuis des lustres,
mérite des applaudissements nourris. Quant aux questions
que soulève l’idée de base (non seulement :
intervenir sur l’avenir ou non ? mais aussi : les
extralucides sont-ils une autre espèce d’humains ?),
elles ont de quoi susciter un débat. Reste, outre les
éléments irritants mentionnés plus haut,
que la qualité des effets spéciaux est parfois
franchement mauvaise (l’autoroute urbaine !!!!) et que
certains personnages sont plutôt mal interprétés
(Ms. Hineman, par exemple, à l’élocution théâtrale).
Le meilleur film de Spielberg ? Il faudrait revoir Duel.
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