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9e Salon du livre du cinéma (c) D.R. AU SALON DU LIVRE
Et du serrage de mains


Par Gilles LYON-CAEN


Créé en 1992 par Dominique Païni, le Salon du Livre de cinéma se tenait les 28 et 29 octobre à L'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts. Un salon qui accueille la permanence de l'édition de cinéma en France et qui favorise, chaque année, le déploiement des stands, la promenade et les rencontres. Wong Kar-wai, Catherine Breillat, Jonas Mekas et Ken Jacobs étaient présents, entre autres, cette année.



  Merci pour le chocolat (c) D.R.

Qu'avons-nous vu au Salon du Livre de Cinéma ? Qu'avons-nous bu aussi ? Beaucoup de choses dans le premier cas, rien dans le second. Hélas pour moi. Trop de choses vues peut-être : abstraction faite d'une revue très luxueuse qui passe sous les tables, copinage entre l'attaché de presse et le directeur en chef maison, pendant qu'un troupeau d'envieux s'amasse devant les cartons de revues sans les toucher. Ici, on spécule sur les coûts, on bave devant la beauté du papier glacé. Le critique consomme, les autres serrent des mains et gagnent des cadeaux. Pire, la petite entreprise ne connaît pas la crise : elle l'ignore, en fait. Par fierté ?

Il fallait chercher, comprendre, enquêter. Seul ou presque dans une salle dont on connaît le tiers, tiers à éviter ou à féliciter - où est le juste milieu ? -, on renifle du côté du " salon de la revue ".

Dans sa configuration , les Cahiers, pilier central de la salle, se trouvent pile poil en face de Positif. En l'an 2000, la guéguerre continue (tant mieux). Le dernier numéro des "Cahiers" (le premier de la nouvelle formule), aurait vendu 180 000 exemplaires. L'éternel rival est-il toujours à 20 000 exemplaires, écrasé, impuissant, avec son prix qui augmente aussi vite qu'un ticket de la SNCF ? Souvent et bientôt chaque mois, pour un Positif acheté, un carnet de tickets (58 F) : génial ! On échange ? Première frayeur en arrivant au salon : la couverture des Cahiers du mois de novembre, dans la pure veine film fantastique, films de morts-vivants. D'abord, avec l'énorme photo de Jacques Dutronc, sans les lunettes, un titre incomplet (" Je traverse ", oui mais quoi, Jackie ?), un Bergman ressuscité, relégué dans la lucarne de droite, qui évoque "Infidèle" de Liv Ulmann, sans parler de Lucifer Klaus Barbie (petite photo) dont (le câble retransmet le procès Barbie du 29 novembre au 3 décembre) est sûrement plus riche que le dernier rôle d'un Dutronc muet, acteur égal à lui-même dans Merci pour le chocolat, de Claude Chabrol. Les Cahiers du cinéma perdent ainsi de leur prestige et de leur crédibilité au fil des mois : l'incohérence et la contradiction se répandent même en pleine page, aux quatre coins de la couverture. Et pourtant : d'un côté, les jeunes stagiaires ou employées chaleureuses des Cahiers, de l'autre côté, l'équipe masculine et vieillissante (on attend la nouvelle formule) de Positif : la lutte n'est définitivement pas équitable.

Code inconnu (c) D.R.

Félicitons Dominique Païni d'avoir créé le Salon du livre de cinéma. Ce salon favorise les rencontres, comme le dit Païni dans le petit livret. Paradoxalement, lorsque j'approche ce dernier, enfin décidé à lui témoigner mon admiration et mon intérêt pour ses travaux, je ne le rencontre pas, trop occupé avec une cohorte d'amis qui l'encerclent, lui demandant sans doute son avis sur Code inconnu, le dernier Haneke. Les haies sont trop hautes, du côté de chez Swann…

A l'aube du deuxième jour du Salon du Livre de cinéma, je me suis interrogé Dans Les Cahiers du Cinéma n° 282, Jean Narboni dit que la cinéphilie "est d'essence fondamentalement homosexuelle." Si tous publivores cinéphiles que nous étions, réunis dans le hall de l'école des Beaux-Arts, étions tous homosexuels ? Au lecteur de soupirer ou de réfléchir, à son tour. Louis Skorecki, dans son célèbre article intitulé "Contre la nouvelle cinéphilie" ("Cahiers", n° 293) feint de contredire le "caractère clandestin (vaguement pornographique) de la cinéphilie", avant de s'égarer dans un sexisme qui alimente finalement l'analyse "vraisemblablement juste" (sic) de Narboni : selon lui, "la cinéphilie est dabord un phénomène masculin" et elle devrait le rester. Hélas pour moi ! Hélas pour nous..?



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