|
 |
|
|
Les 15-20 ans votent pour
leurs personnalités préférées.
Soit un état des lieux désastreusement édifiant
et déprimant du panorama culturel de la France future.
J'ai 22 ans à peine et déjà me désolidarise
de cette masse dégénérée d'écervelés
qui, pitoyables victimes ou inexcusables moutons de Panurge,
ingurgitent et se délectent de ce que la machine médiatique
lui enfonce à grands coups de talon au fond du gosier.
Désarmante illustration que cette infecte cérémonie
qui vit Taxi 2 devancer Le Goût des autres
ou Moby perdre contre Anastacia et, que le Seigneur ait
pitié de nous, Damien Saez s'incliner devant Alizée...
Jeune et con n'a jamais paru être un titre si
lucide. L'un ne va plus sans l'autre, en atteste la rigolante
qualité de chacun des rois d'une cérémonie
qui ne fera pas même l'effort d'être cohérente.
Imagine-t-on une remise des récompenses où les
(mal)heureux glaneurs de l'hideux trophée (en plus!)
sont présents tandis que les (mal)heureux bredouilles
nominés restent introuvables? Pire des hypocrisies:
les vainqueurs sont émus aux larmes, du moins les "
artistes " estampillés M6 tels Alizée-graine
de star qui s'effondre, enfant costumée en adulte hypersexuée,
attendrissant son Laurent Boyer de parrain télévisuel.
C'est qu'il faut souffrir un tel suspense sans craquer ! Imaginez
que ce soit un nominé fantôme qui s'adjuge le
prix du gagnant présent et prédéterminé...
Les producteurs enfoncent eux-mêmes le clou et assument
pleinement ce ridicule principe carnavalesque. L'équipe
de Taxi 2 obtient la première récompense.
Effet de transition dévolu au joyeux spectacle de la
déliquescence mentale des prépubères
français vociférants: les présentateurs
reviennent sur le plateau dans la rutilante 406 blanche du
film. Osons la grosse corde de chanvre en lieu et place du
discret filin clament-ils, misant sur une écoeurante
mais réaliste confiance en l'aveuglement bovin de la
jeunesse France. [Qui sait? / Si on ferme les yeux / On vivra
vieux]. Vieux et cons ?
 |
|
|
|
Dernières glaires
à régurgiter. je quitte l'hypnotique et vicieuse
émission à la faveur d'un salvateur appel
téléphonique. A ce moment et à l'écran,
Anastacia chante, accoutrée en locataire du Bois
et en play-back, tandis qu'elle exécute une chorégraphie
en rythme avec 5 danseurs beaux et musclés. Tout
à mon interlocuteur, je jette plus tard subrepticement
un oeil sur le poste: Britney Spears costumée en
fille de joie moderne fredonne pour de faux et danse devant
cinq mâles qui l'imitent. Toutes les bonnes choses
ont une fin et le coup de fil touche à la sienne.
Je regagne ma place d'esclave irrité de la bêtise
télévisuelle: Jennifer Lopez, vêtue
de sa peau et aussi, par endroits, de vêtements feint
le direct et bouge en synchronisation avec 5 etc, etc...
C'en est trop. La chaîne aux mains sales provoque
alors une violente nausée, et la peur de l'uniformisation
par le très bas, par le minable, me hérisse
le poil. Le manipulateur appareil médiatique casse
sa propre stratégie cauteleuse par trop de visibilité:
le concept Young-attitude ne fonctionne pas sur moi. J'ai
passé l'âge me direz-vous? Que nenni ! Sus
à la coupable démission, puisque l'adage énonce.
La valeur n'attend pas le nombre des années et la
jeunesse France a, je l'espère, son lot d'exceptions,
à qui je confie moult arbalètes et autant
de carreaux qu'il existe de lycéens défenseurs
de cette maladive exhibition. Pour les producteurs, résistante
chair à canon, ce sera l'artillerie lourde.
Et moi qui rêve / Juste de rêver / Juste de
quoi rêver encore...
 |
|