11 candidats, Axelle, Maurice, Agnès,
Ariel, Guermaine, Frédéric, Gentiane, Perrin,
Alain, Isabelle et Philippe, entièrement coupés
du monde dans un Festival de plusieurs mètres carrés,
avec caméras et micros. Dans douze jours ils ne seront
plus là.
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La vraie trouvaille de ce casting est sans
aucun doute Mademoiselle " c’est peut-être
con ce que je vais dire " Agnès, qui, une
fois encore, réussit le tour de force de prouver que
" c’est con ce qu’elle va dire " mais
le dit quand même. Festival International oblige, elle
s’est mise à l’anglais. Là, cette année,
voire ces dernières heures. Mais, pas n’importe quel
anglais. Anglais, option rudimentaire, méthode copier-coller.
Certainement pressée par le temps, elle s’est, de plus,
contentée d’apprendre à le parler. Pas le comprendre.
Si bien que quand elle croise Savion Glover, concepteur du
spectacle de claquettes de la cérémonie d’ouverture,
à qui elle demande " Do you know Fred
Astaire ? " (notez la fulgurance de la
question : je vous avais prévenus, " entièrement
coupée du monde " !), et qu’il lui répond
" I don’t know him personally ",
elle conclut par : " Il parle un p’tit peu
slam (argot), et mon anglais n’est pas au point ".
Phénoménal. Elle enchaîne les " are
you impressionné ? " et les "
could you présente us ? ", fruits,
à n’en pas douter, d’un labeur de plusieurs heures.
Pour preuve, lorsque Thierry Dugeon lui demande de s’enquérir
de savoir si c’est bien lui qui a joué dans le dernier
Spike Lee, elle répond elle-même : " ouais,
ouais, c’est bien lui ". Là, elle savait
plus : elle avait pas préparé, elle lui
posera la question plus tard, un jour. Je vous explique, il
faut d’abord qu’elle recherche chacun des termes dans le dictionnaire
pour ensuite les assembler. Et, en plus, il n’y a personne
pour l’aider. Alors, c’est long et le résultat est
souvent cahin-caha. Par exemple, ça donne : " have
you bring some wine ? ", quand elle se
prend d’interroger Coppola. Parce qu’ils ont eu beau lui dire
de se recentrer sur le cinéma, Coppola pour elle c’est
pas du cinéma : elle le connaît seulement
pour l’avoir vu dans Voici, photographié au milieu
de son vignoble. Et c’est déjà une aubaine.
Nonobstant, le Monsieur répond courtoisement. Mais,
à nous de nous débrouiller pour comprendre.
La réponse obtenue, notre chère Mademoiselle
Agnès tourne les talons et ponctue d’un " Voilà ! "
Rendez-vous l’année prochaine (si tout va bien) pour
la traduction.
Ensuite, elle croise Charlotte Gainsbourg. L’occasion de mesurer,
une fois de plus, à quel point elle est coupée
du monde. Dans son monde, en fait. Bon, c’est sûr que
dans le genre disert et loquace, elle aurait pu mieux tomber.
Quoiqu’il en soit, tous les efforts faits pour parler une
langue (française) intelligible tombent aussitôt
à l’eau, laissant place à de vieux relents de
langue maternelle, sorte de protolangage inachevé compris
de quelques rares spécialistes et dont je tente une
retranscription : " ouais, mortel !
et Charlotte porte un superbe haut Balanciaga ".
Décidément trop abscons. Le cinéma entre
torchons et serviettes…
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Pour autant, abstenons-nous de juger lapidairement
cette fausse jeune quadra vraie has been vulgaire, alors qu’elle
n’est qu’un des rouages du bien nommé spectacle quotidien
Nulle Part Ailleurs. Car, finalement, elle n’a rien à
envier au passeur de plats Thierry Dugeon, dont la sensibilité
cinéphilique et les compétences critiques en
la matière confinent au sublimissime, comme peuvent
le prouver la justesse et la pertinence de ce commentaire
(délivré en janvier dernier pour la sortie du
Pacte des Loups) : " tournage beaucoup plus
long que prévu, à peu près 3500 plans
dans le film, beaucoup d’effets spéciaux, des ralentis
à la Matrix, la caméra presque toujours
en mouvement, énormément de fondus enchaînés ".
Soit ! Aujourd’hui, rassurez-vous, il n’est pas en reste.
Midinette effarouchée lorsque Nicole Kidman apparaît
à la montée des marches, il ne peut retenir
un " c’est du délire " et
de conclure, en apercevant le réalisateur de Moulin
Rouge, Baz Luhrmann : " on dirait
Val Kilmer en vieux ". Je patauge ! Le
cinéma par des spécialistes, c’est vite in-com-pré-hen-sible.
Ceci dit, Nicole peut être reconnaissante envers T.Dugeon
qui semble le seul à faire cas de sa présence.
Eclipsée, presque ignorée. Elle accepte de répondre
aux questions les plus surréalistes : " Dans
Moulin Rouge, vous jouez une danseuse, une prostituée,
dans la vie vous êtes actrice, quel(s) point(s) commun(s)
voyez-vous entre les deux ? " Loana plane
au-dessus de Cannes. Loana la danseuse, Loana la strip-teaseuse.
Loana-couche-toi-là. Loana dans tous les esprits, Loana
dans toutes les piscines. Loana fait de l’ombre aux stars
du Festival de Cannes.
Loana et Jean-Edouard plus forts que Nicole et Tom. On a tout
su, on n’a rien vu. Les yeux grands fermés. Qui pourrait
bien aussi être le titre du film que Canal+ s’apprête
à faire tout au long de ce 54è Festival de Cannes…
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