Je quitte ma connexion au
loft, il est 19h. Pour leur nouveau défi, nos amis
répètent une scène de La Vérité
Si Je Mens. De mon côté, je répète
les mêmes gestes qu’hier. Et avant hier. La même
erreur.
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Il ne me faut pas cinq minutes
pour renoncer à Nulle Part Ailleurs : j’irai
voir ailleurs. Ce soir, c’est vendredi et je caresse l’espoir
d’une promenade nocturne sur la Croisette aux bras de Micheline.
Il me faudra y renoncer, aussi. Point de Croisette pour Micheline.
Nonobstant, me consolé-je en la voyant se dandiner
et tournicoter sur sa chaise haute. Le sourire est rose pâle,
assorti à sa veste similicuir. La sélection
de la semaine ne dénote pas : pâlotte, aussi.
Entre une Chevauchée avec le diable et Le
Masque de l’Araignée, Micheline nous conseille
quand même (son) Coup de Peigne. Je comprends
sans mal qu’elle a dû en être bouleversée.
Ce film, elle aurait pu l’interpréter. Elle aurait
pu l’écrire. Coup de Peigne, c’est un peu le
drame de sa vie. Celui qu’elle rejoue chaque jour, inlassablement.
Celui qui, semaine après semaine, fait de Bouche
à Oreilles un documentaire capillaire. Un défi
à Jean-Louis David. Un pied de nez à L’Oréal.
Mais, elle le vaut bien.
Fou, en pétard ou sculpté par l’oreiller, son
cheveu raconte à sa manière l’histoire du cinéma.
Et, en filigrane, la palette des émotions qui la traverse.
De L’arrivée du train… des frères Lumière
à L’Exorciste, de Eraserhead à
Mary à Tout Prix (vivelle en spray, vivelle
en sperme), de Tex Avery à Hairspray
en passant par Hiroshima, mon amour, son brushing est
tour à tour un film catastrophe, une comédie
déjantée, une épouvante ou un drame nucléaire.
Mieux que toutes les notes, étoiles et autres cœurs
qui calibrent les films dans les magazines ciné, il
nous indique avec précision la tendance des films de
la semaine et l’enthousiasme de Micheline. Cette semaine,
elle s’est brossée : c’est tout raplapla. Pas
une mèche ne dépasse.
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Pas une plume du Moulin
Rouge, pas une marche du Palais. Non plus. De la désertion
de Canal+, personne ne profite. Aucune chaîne hertzienne
sur le front des festivités : Cannes se résume
en 3 minutes à la fin des JT. Soit ! Je me tourne
donc vers la télévision de service public à
vocation régionale et son journal du soir, le bien
nommé Soir3.
Et qu’apprends-je que je ne sache déjà ?
Peu. Des visages souriants et muets se prêtant aux caméras,
aux photographes. Des stars. Furtives. Nécessairement,
en bonnes stars. Toutes là pour Apocalypse Now Redux.
A ce moment précis, un drôle de vertige m’envahit…
et s’il n’y avait que Coppola et sa palme d’or remaniée,
cette année, à Cannes ? Ça fait
trois jours qu’on n’entend que ça, qu’on ne voit que
ça. Trois jours que Cannes se pâme devant sa
palme plus : plus de scène, plus d’hélicos,
plus de spectacle, plus de musique, plus de trois heures,
plus de deux jours pour s’y préparer, combien pour
s’en remettre ? à suivre…
Néanmoins, j’apprends qu’aujourd’hui on pouvait voir
Lou Doillon faire sa starlette sur la plage. Le reportage
devient intéressant en raison, non pas de son commentaire
n’omettant pas de signaler la présence concommitante
au Festival de Jane (Birkin) et Charlotte (Gainsbourg), mais
en raison de trois plans de même nature que d’aucuns
qualifieraient de répétitifs et gratuits, que
pour ma part je trouve fort instructifs et cruciaux. Par trois
fois, l’auteur du reportage focalise la chute des reins de
Lou, dévoilant ainsi la dentelle de ses dessous chics
débordant la ceinture de son Jean’s. Et, ce qui est
crucial, ce n’est pas tant d’apprendre que Lou Doillon porte
des strings (encore que…), non… c’est de s’apercevoir qu’un
string, à Cannes, au bord de la mer, l’immense mer,
ne reste qu’un string au bord de la mer face à Loana
dans une piscine (avec Jean-Edouard). Et la télé
se donne bien du mal pour insuffler du rêve, de la magie,
du fantasme, du cul à ce Festival.
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Mais, s’agissant d’introduire
du cul, Canal+ préfère encore la méthode
du rentre dedans. Ici, point de frou-frou ni de fausse lolita.
Pas le genre de la maison. Non. Ici, c’est star du X et Hot
d’or. car, Cannes c’est aussi la grande fête du cinéma
porno. L’occasion pour Ariel de nous le rappeler en allant
accueillir, en gare de Cannes, à la descente du train
Ovidie. Actrice et réalisatrice. Ne pouvant bien évidemment
pas lui dérouler tapis rouge et marches du Palais,
il est venu avec son orchestre ambulant, en l’espèce
le Taraf de Haidouk. Véritables papy-stars de la musique
tsigane, le Taraf est à n’en pas douter l’événement
cannois du jour. Découvert, sur la chaîne cryptée,
à ce moment précédent le renoncement,
je les revois le soir tard sur la chaîne régionale.
Sur le marché, la plage, la promenade ou sur le carrousel,
ils font résonner leurs instruments avec une énergie
communicative. Le sujet sur Cannes et son Festival leur est
consacré aux 2/3. Vu d’ici, ça fait plaisir :
enfin des gens qui s’amusent à Cannes.
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