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Nice People (c) D.R. NICE PEOPLE - #1
Salades niçoise et
Lo(f)t de contradictions
Par Cyril JOHANNEAU


Le niveau intellectuel et culturel des Nice People, en tant que différence fondamentale avec le Loft, d'une part ne manquera pas de réjouir les lofteurs 1 et 2, et d'autre part nous assure effectivement du total désintéressement des lofteurs 3 et de leur absolue fraîcheur, étant entendu qu'ils n'ont au grand jamais été exposés à un programme de type Loft Story dans leurs pays respectifs et en ignore donc les codes et les enjeux.



  Loft 1 (c) D.R.

On se souvient, en avril 2001, de Patrick Le Lay, président de TF1, reprochant à M6 de s'être engagé, en programmant Loft Story, dans la diffusion sur son antenne d'une émission de type « Big Brother », « c'est-à-dire un programme fondé sur l'enfermement pendant une longue période d'hommes et de femmes vivant 24 heures sur 24 sous l'œil des caméras faisant fi de toute intimité », avant de faire un appel en ces termes : « Peut-on tout montrer à la télévision ? Comme deux français sur trois à TF1, nous répondons non. Une grande chaîne gratuite, disponible en clair pour l'ensemble des Français, y compris les plus jeunes d'entre eux, a des règles éthiques et déontologiques à observer. » (Le Monde)

Et les règles éthiques et déontologiques, une date de péremption à dépasser.

Deux ans, jour pour jour, après le lancement de Loft Story, un certain 26 avril 2001, débarque Nice People (à la fois «gens sympa» et «Niçois », astuce Maître Capello) sur TF1. Si, si. Cinquante caméras, cinquante micros, une villa de rêve à Nice. Ils sont douze, ils viennent des quatre coins de l'Europe, ils vivront sous nos yeux pendant près de trois mois, malgré leurs différences, ils devront vivre ensemble. Un seul vainqueur. « Quel sera votre préféré ? », nous assène la bande annonce, bombardée à longueur de journée sur la grande chaîne qui dit non.

Salon Nice People (c) D.R.

Cinquante caméras au lieu de vingt-six (pour un plus grand respect de l'intimité, sans doute ?), une villa au lieu d'un loft, Nice pour la Plaine St Denis, les quatre coins de l'Europe au lieu des quatre coins de France, un vainqueur au lieu de deux… Bref, toute ressemblance… n'est que pur hasard.

A TF1, on promet un contenu fon-da-men-ta-le-ment différent. Eh oui, l'œil de Loft Story disparaît derrière une paire de lunettes de soleil… pour protéger les yeux ? Pour dissimuler quelqu'un ou quelque chose ? Pour permettre à l'émission star de télé-réalité de voyager incognito sur TF1 ?

Quoi qu'il en soit, pour chapeauter ce nouvel avatar innovant (Nice People n'a pas été auparavant diffusé sur une chaîne de télévision étrangère), la chaîne s'est tout naturellement tournée vers l'incontournable Arthur, qui s'est d'ailleurs expliqué et défendu de toute comparaison avec Loft Story : « la différence, elle est fondamentale ; tous les jeunes là, ont un but dans cette aventure, ils ne sont pas là pour la célébrité puisqu'il y en a onze d'entre eux qui vivent dans un pays où il n'y aura pas le programme donc, quand ils rentreront chez eux, ils ne seront pas célèbres… A part le dispositif filmé 24h sur 24, ça ne ressemble à rien de ce que vous avez pu voir au jour d'aujourd'hui » (RMC Info). C'est sûr, à rien… Et, il sait de quoi il parle, ayant adapté et produit, via Endemol France et ses filiales, outre Loft Story, Star academy ou encore Opération Séduction.

Ainsi, avant même de pénétrer au cœur de la Villa, nous voici projetés au cœur du dispositif. Si l'on sait de la bouche même d'Alexia Laroche-Joubert, ex-« directrice » pour de faux de la Star Academy, nouvellement promue directrice pour de vrai des programmes d'Endemol France, que le critère de sélection des candidats a été la langue : « … quant aux critères de sélection, le critère de base est qu'il fallait qu'ils parlent couramment français, qu'ils soient d'un niveau d'étude assez important, c'est d'ailleurs le cas quand des gens parlent plusieurs langues. » (Conférence de presse du 08/04/03) On sait encore mieux quelle langue pratiquent ces sympathiques gens, enclins à nous faire avaler du surgelé pour du frais.