L’arrivée de la couleur dans Nous
nous sommes tant aimés s’opère par l’intermédiaire d’un
plan de peinture de rue. La transformation de l’image animée
et sonore préexistante se fait donc par le truchement d’une
image immobile et muette en train d’être créée. Suprême ironie
du film le plus cinématographique qui soit.
L’homme qui rétrécit. Les rapports de taille ne deviennent/semblent
réellement corrects qu’à partir du moment où le héros atteint
une taille réellement subhumaine. Dans les séquences où, aux
dires du film, il mesure 92 centimètres, son entourage le
domine du triple de sa taille. Même les objets (sucrier, tasse,
combiné téléphonique) sont proportionnellement nettement trop
grands. Le réalisateur et son équipe n’ont, semble-t-il, pas
su observer le monde des enfants et des nains, ou bien ont
été incapables d’en retrouver les points de vue. Asservissement
du fantastique. A moins que l’outrance de la réduction subséquente
et le changement total d’échelle, l’inconnu de la perspective,
qui s’ensuivent, ne rendent le spectateur plus indulgent ?
bAraignée « géante » de ce film et araignée géante
du Voleur de Bagdad (Powell, Pressburger, Menzies) :
dans les deux cas, les combats semblent trop courts. Pourquoi
le héros ne tranche-t-il jamais les huit pattes, une à une ?
L’idée principale du film Macadam
à deux voies, tourné au temps de la guerre du Vietnam,
est la suivante : Il existe un certain type d’Américains,
pour lequel le fonctionnement impeccable d’une mécanique spectaculaire
devient le centre et l’essence de la vie. Vieillissant, ce
type se relâche quelque peu, jeune, il est d’un perfectionnisme
tatillon. Faites de ces jeunes-là des pilotes d’hélicoptère
et ils seront impatients de bombarder au napalm. Cette idée
est quelque peu réductrice.
Dans Le Malin, le jeune homme anonyme qui harcèle le
héros est un portrait d’une cruauté qui confine la haine d’une
certaine forme de jeunesse, peut-être de toute la jeunesse.
Ce personnage est paumé, isolé, perdu ; il est aussi
demeuré, nombriliste et inconscient ; par-dessus tout,
il est terriblement velléitaire. Sa quête d’affection et d’amitié
le pousse à revêtir un costume de gorille, et c’est sous forme
d’homme –singe qu’il s’enfonce dans la nuit. « Venez
embrasser Konga ! », sa dernière réplique en sortant
du champ. Tragédie, tragédie absolue, tragédie de la solitude
des jeunes imbéciles, vue par un vieux schnock, John Huston.