SYNOPSIS :
Fabienne, une jeune femme d'une trentaine d’années, revient
chez sa mère après quatre ans de prison. Entre un passe devenu
impossible et un avenir incertain, sa rencontre avec André la
précipite vers une décision. |
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POINT DE VUE
Avant d’atterrir sur les écrans, Un Possible
amour, film volatile, est d’abord resté en rade sur le
tarmacle de pas mal de festivals. Il a à plusieurs reprises
failli monopoliser l’espace aérien des compétitions auxquelles
il était convié. Si son actrice principale, Aurélie Petit,
imposant bloc de glace d’indécision fondant sous l’incandescence
implacable des certitudes, a glané deux prix d’interprétation
ici et là (Côté court à Pantin en 99 et Les Acteurs à l’écran
de Saint-Denis cette année), il n’en reste pas moins que la
réalisation de Christophe Lamotte, valse hésitation des sentiments
et de la dramaturgie, a eu toutes les peines du monde à frapper
en plein cœur. Parce qu’ Un possible amour
ne flagorne pas le spectateur, il attire celui-ci dans les
mailles d’un filet narratif complexe et revêche. Et laisse
le public-spéléologue béotien gratter les moindres recoins,
autopsier le plus insignifiant, en apparence, des morceaux
de glaise diégètique de son histoire.
Les pérégrinations
existentielles et charnelles de Fabienne, ex-taularde revenant
au foyer maternel après quatre ans de mitard, éprouvent
de prime abord quelques difficultés à séduire,
à convaincre. Mais c’est dans ce postulat
fiévreux, dans ce magma faussement léthargique,
que se terre l’attrait, insaisissable, de ce moyen métrage.
Sous le tamis de tentatives plastiques probantes qui de plus
ne se fracassent pas les épaules contre un stakhanovisme
vain et indigeste, demeure l’arborescence indomptable,
donc intelligente, des liens se tissant entre les protagonistes
d’un film choral qui aurait mis une bonne rasade de
miel dans son thé bouillant. En guise d’éclaircissement
de voix, les retrouvailles pas très glorieuses de Fabienne
et de sa mère. Les chœurs sont assurés
par André, plausible futur époux aimant conventionnellement,
et les siens dont un frangin fougueux en pleine désertion
militaire et intérieure, au centre d’une recherche
somme toute d’ordre laborieusement pubère. Décor
planté, chaos à l’horizon. A priori, mais
est-ce réellement une impression portant atteinte à
l’ensemble?, Lamotte semble planer à quinze mille
au-dessus de son action. Il paraît tel un marionnettiste
qui aurait pommé les ficelles de ses bonshommes de
chair. Sauf que non. Le cinéaste-conteur est bel et
bien présent qui planifie et orchestre ce chant des
possibles bien plus extravertis et moins casanier qu’on
ne pourrait le croire. Il encourage les courants d’air
fictionnels à slalomer entre les embrasures de son
scénario en proie à tous les vents des ouvertures
sous-jacentes.
Un possible amour
, volcan à la veille d’une éruption, joue sur les équations
qu’il installe, sur les propositions qu’il instaure. Il contient
plusieurs entrées. Permet, certes un peu maladroitement, à
l’imagination de chacun de prendre les commandes des tourments
et des tiraillements des personnages. Aussi y a-t-il plusieurs
amours possibles, plusieurs réconciliations probables. C’est
dans cette nonchalance de façade, dans cette désinvolture
irritable, que Lamotte incite son travail à un épanouissement
et à une respiration certains. Et d’inventer une forme de
cinéma à la carte qui surplombe bien des terres arides de
notre production nationale.
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Titre :
Un possible amour
Réalisateur :
Christophe Lamotte
Acteurs : Bernadette
Lafont, Francoise Lebrun , Francis Renaud, Jean-Michel
Fête, Aurélia Petit
Durée : 56 minutes
Année : 1999
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