SYNOPSIS :
Un cinéaste rencontre une femme. Par petites touches,
il filme avec sa caméra vidéo des moments de leur
vie. Seules les voix des protagonistes accompagnent ce reflet
filmé de leur quotidien : des objets, des paysages, des
bribes de corps composent, selon la formule de Gérard
Lefort, "un inventaire par ricochet, une sorte de hors-chant
d’amour". |
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LES CHOSES DE LA VIE
" La
rencontre ", le dernier film d’Alain Cavalier est
sorti dans une seule salle de cinéma parisienne (le
St André des Arts) le 02 octobre dernier, à
raison d’une séance par jour. Une exploitation singulière
voulue par le cinéaste qui compte ainsi faire durer
le plus longtemps son film à l’affiche. La stratégie
est payante : plus de 900 spectateurs sont venus voir ce drôle
de film lors de sa première semaine de diffusion.
La
rencontre, c’est d’abord une expérience originale
de la part d’un cinéaste qui n’avait jamais rencontré
jusqu’ici les rives du cinéma expérimental.
Echo bienheureux de son film " Ce répondeur
ne prend pas de message ", réalisé
à la suite d’un événement personnel douloureux,
La rencontre est une chronique intime de la vie d’un couple,
vue précisément par l’homme, qui se trouve être
cinéaste. De ce couple, on ne voit principalement que
des parties du corps ou des objets leur appartenant. Le cinéaste
se fait narrateur, chuchotant des histoires, des sentiments,
rappelant des souvenirs. Cavalier a filmé cette intimité
avec une caméra vidéo puis a refilmé
avec une caméra 35 mm les images montées et
diffusées sur un écran T.V. Autrement dit, la
démonstration implacable qu’un film, certes basé
sur un propos peu spectaculaire, peut-être réalisé
pour un moindre coût, et trouver en plus une forme d’exploitation
qui lui convienne. Mais la rencontre, c’est aussi et surtout
le onzième long métrage d’un cinéaste
dont la trajectoire artistique nous intéresse fortement,
tant son désir progressif de simplicité et dépure
du cadre a pris le pas sur toute forme superflue.
Mais comment passe
t-on d’histoires classiques, narratives (le combat dans
l’île, la chamade, Thérèse) à
un film muet implacablement résistant comme Libera
Me ou cette à cette rencontre où domine
le dépouillement visuel et narratif ? Simplement à
cause d’un visage (..) parce qu’à un moment, on a envie
de ne plus filmer que les visages, les mains, les objets.
" répondait-il à Jean-Pierre Limosin dans l’émission
qu’il lui a consacré. Cette évolution radicale
a notamment été marquée par la réalisation
des portraits de femmes qui travaillent de leurs mains, ces
24 courts métrages où se savoure l’attention
que porte Cavalier à ces souvenirs d’un passé
révolu dont elles sont les dépositaires. Pour
aimer la rencontre, il faut avoir goûté à
ces faces-à-faces passionnés en forme de fables,
aux questions précises, parfois inattendues posées
par le cinéaste de la même voix chargée
de naïveté qui guide son dernier long métrage.
La rencontre est construite sur le même principe que
ces petites épiphanies d’un quart d’heure, quitte à
remplacer la matelassière ou la cordonnière
par la femme aimée. Bien plus que des natures mortes,
les objets filmés représentent des portes ouvertes
vers une histoire, un souvenir, une évocation (les
chaussures du père ou du grand-père, un noyau
d’abricot servant de sifflet, un bol de café rempli
de bouts de pains détrempés, un oiseau, un poisson
morts, etc...) et introduisent en définitive une vraie
narration, menée alternativement par l’homme et la
femme. On retrouve également la même drôlerie
et le même détachement concerné des petits
portraits, en opposition à la gravité des derniers
longs métrages. Libera Me était un film
engagé, louant avec force toute forme de résistance,
la Rencontre est un film engageant, un film de résistance
devant le danger de toute uniformisation des images et de
leur exploitation.
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Titre : La Rencontre
Réalisateur :
Alain Cavalier
Scénario : Alain
Cavalier
Acteurs : Françoise
Widoff, Florence Malraux
Camera : Alain Cavalier
Monteur : Alain Cavalier
Producteur : Les Films
de l'Astrophore
Pays : France
Durée : 75 min
Année :
1996
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