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Le Pornographe (c) D.R. LE PORNOGRAPHE
de Bertrand Bonello
Par Philippe BEER-GABEL


SYNOPSIS : Jacques était l’un des réalisateurs pornos les plus en vogue dans les années soixante-dix. Des difficultés financières le contraignent à reprendre cette activité. Joseph, son fils, avait quitté la maison familiale quelques années auparavant en découvrant le métier de son père. Après des retrouvailles timides, Joseph réapprend à découvrir son père au moment où celui-ci cherche un nouveau sens à sa vie.

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POINT DE VUE


Loin des pitoyables tentatives d'intellectualisation du sexe que constituaient Romance et La mécanique des femmes, Le pornographe, ne fera pas l'objet des vives polémiques que connût le racoleur Baise moi.

Le Pornographe, qui fut présenté lors du festival de Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique, séduit d'emblée : distribution prestigieuse, sujet en vogue, scènes de sexes dépouillées.

Mais contrairement à ce que le titre suggère, Le pornographe s'avère être un film complètement asexué : la scène de sexe entre Ovidie et Titof en est la parfaite illustration. En filmant avec une absolue neutralité, Bonello renvoie les corps à leur apparente désuétude dans un acte dénué de tout sentiment. La lancinante musique de Labradford (il fallait oser) parachève dailleurs l'activité mécanique de ces corps. L'intérêt de l'oeuvre ne réside donc pas dans ces fonctionnelles scènes de sexe qui parodient allégrement les dialogues du genre, mais bien dans le portrait de ce pornographe désenchanté, dont l'activité engendra le départ de son fils. Cinquantenaire désabusé et incompris, Jacques tente de reprendre du service dans la pornographie en vain, la profession n'a que faire de ses intentions cinématographiques.

Son fils, avec qui il renoue, vit dans la même incompréhension que lui au sein d'une génération de jeunes gens veules et sans âme. Ces retrouvailles père-fils n'auront pas suffi à rattraper le temps perdu. Esseulé, Jacques, incarné par le charismatique Jean Pierre Léaud sombre, en proie à une crise existentielle qui le fait rompre avec sa compagne (Dominique Blanc). S'enlisant dans une déréliction poisseuse, il ne survit alors que dans le mouvement d'écriture, acte salvateur qui le prémunit contre un éventuel suicide.