SYNOPSIS :
Jacques était l’un des réalisateurs pornos les
plus en vogue dans les années soixante-dix. Des difficultés
financières le contraignent à reprendre cette
activité. Joseph, son fils, avait quitté la maison
familiale quelques années auparavant en découvrant
le métier de son père. Après des retrouvailles
timides, Joseph réapprend à découvrir son
père au moment où celui-ci cherche un nouveau
sens à sa vie. |
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SILENCE ON TOURNE !
Le silence tout d'abord parce qu'on
tourne de drôles de films dans le film de Bonello. Alors
nous, spectateurs, nous tournons, en silence. En permanence
autour des mots, ceux de Léaud avant tout, génial
conteur du rien, du presque rien vernaculaire qui nous offre
dans les anfractuosités de sa parole, les délices
de son décalage déposé, marque de fabrique
de génie. Le silence s'établit donc par le jeu
de Léaud qui impose l'écoute respectueuse de
ses litanies, afin de ne pas tomber dans une hystérie
de la parole mécanisée et vaine.
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D'ailleurs Léaud pornographe
nous apparaît après une longue période
où il a fait le silence sur sa carrière. Nous
le voyons lors de son come-back, pour une nouvelle vague de
films pornographiques (aux dialogues extraordinaires) dévoilant
sa conception du cinéma porno loin des gros plans mécanisés
et de la bruyante et irrémédiable jouissance
féminine : ne demande t-il pas à Ovidie de conclure
sa scène en jouissant silencieusement !
Décidément éloignés des canons
habituels du métier, le pornographe ne désire
qu'un seul bruit, celui d'un nouveau-né concluant logiquement
selon Léaud et son expérience, un beau film
pornographique. L'accouchement fantasmé de Léaud
n'aura rien de judéo-chrétien, il s'agit pour
lui de retrouvailles avec son fils, avec les affects de ce
qu'il a pu être
il y a longtemps.
Heureusement le fiston et ses
potes ne sont pas dupes du mauvais cinéma qui se joue
autours d’eux, dans les arcanes du quotidien. Ils ont choisis
de se taire, par révolte, du moins un certains temps.
Idéaliste de base, Rénier-fils insuffle alors
en silence à Léaud-père un second souffle.
Atavisme des illusions perdues, transmission silencieuse du
témoin d'un réalisateur-voyeur regardant plus
le monde qu'il ne le vit. Le fils écoute silencieusement
le regard de ce père perdu un moment dans le vortex
mécanique de cette pornographie transparente, pavlovienne,
débarrassée de tout idéal.
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