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AI Intelligence artificielle (c) D.R.

AI
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
de Steven Spielberg

Par Marc LEPOIVRE


SYNOPSIS : Dans un XXIe siècle, où la fonte des glaces a submergé la majorité des terres habitables et provoqué famines et exodes, les robots sont devenus une composante essentielle de la vie quotidienne et assurent désormais la plupart des tâches domestiques. Pourtant, le professeur Hobby veut aller encore plus loin en créant le premier androïde sensible : un enfant capable de développer un vaste répertoire d'émotions et de souvenirs. Peu après cette annonce, David, un robot de onze ans, fait son entrée chez Henry et Monica Swinton, un couple dont le jeune fils a été cryogénisé en attendant la découverte d'un remède pour guérir sa grave maladie. Bientôt abandonné par sa mère adoptive, David entame un périlleux voyage à la recherche de son identité et de sa part secrète d'humanité.

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ODYSSEE DE L’ENNUI

  AI Intelligence artificielle (c) D.R.
Sorte d’hommage du cinéaste le plus célèbre du monde a l’un des plus grands cinéaste du monde, AI revendique explicitement l’héritage de Kubrick. Comme chacun sait, Spielberg a repris et concrétise un vieux projet de l’auteur de 2001 . Evidemment, ce qui nous est donné à voir n’a pas grand-chose en commun avec l’univers de Kubrick, mais le résultat confirme les craintes que l’on pouvait nourrir lorsqu’on a su que Spielberg reprenait le projet. Le scénario a été entièrement réécrit pour passer dans la moulinette hollywoodienne des bons sentiments. On comprend pourquoi Kubrick aurait dit à Spielberg que cette histoire convenait mieux à sa sensibilité. Pointe d’ironie ?. Car AI est du 100% Spielberg, son jeune robot (joué par l’horrible Osment) rappelant plus E.T que HAL. Au fond, la complicité entre ces deux cinéastes repose peut-être sur un malentendu : le goût des effets spéciaux et de la technique. Car ces deux œuvres semblent profondément différentes, pour ne pas dire antinomiques. Le pessimisme quasi nihiliste de Kubrick est incompatible avec l’humanisme béat, limite boy scout, de l’auteur de Jurassik Park, l’ironie du premier n’est guère caractéristique du second etc.

Elément intéressant à noter : Spielberg a réécrit lui-même le scénario, ce qu’il ne fait plus depuis belle lurette. C’est dire qu’il a manifesté une ambition d’auteur bien dans l’esprit de Kubrick. C’est peut-être là que le bât blesse : d’abord son script manque fâcheusement de rythme, comporte beaucoup de longueurs et suscite souvent l’ennui.

AI Intelligence artificielle (c) D.R.
De plus, l’histoire n’est pas si originale et reprend le schéma ancestral des contes et mythes, de sorte qu’on est plus proche du George Lucas de La guerre des étoiles que de Kubrick. Ainsi toute la première partie n’est qu’une variation sur Œdipe, Spielberg reprenant même la situation du berger épargnant l’enfant Œdipe dans la scène où la mère lâche David dans les bois au lieu de l’amener à la casse. Plus encore, Spielberg veut délivrer sa pensée et assène, notamment dans la dernière partie, située dans 4000 ans, à mon sens complètement ratée, des discours démonstratifs qui ne brillent guère par leur profondeur. On est loin de l’expérience non verbale que Kubrick cherche à atteindre.