SYNOPSIS :
Envoyé en Ethiopie par l'émir Ramila pour mettre
fin à un trafic d'esclaves, Shaft, le détective
new-yorkais, redoutable ennemi du crime, se fait passer pour
un autochtone et remonte la filière jusqu'à Paris. |
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HARLEM GLOBE-TROTTER
La troisième aventure de John Shaft
est certainement la moins crédible de toutes, mais
aussi la plus violente, la plus amusante et peut-être
la plus " bis ". Avec son titre à
la Tintin, Shaft in Africa (Shaft contre les trafiquants
d'hommes en français) délaisse le polar
urbain pour se lancer dans l'aventure exotique. Envoyé
en Ethiopie par l'émir Ramila pour mettre fin à
un trafic d'esclaves, le détective new-yorkais se fait
passer pour un autochtone et remonte la filière jusqu'à
Paris.
Shaft lui-même ne croit pas à
la mission qu'on lui propose. " Un gars franchement
de la ville comme moi, ils vont me repérer tout de
suite ! ", constate-t-il, devançant
de peu le spectateur dans cette évidence. Avec son
impeccable coupe afro et sa moustache superbement taillée,
il parcourt l'Afrique avec comme seules armes des rudiments
de manta (mais à l'entendre, il le parle couramment)
et un solide bâton dissimulant un appareil photo. En
devenant ce James Bond en pagne, Shaft n'est plus tout à
fait le même. Signe sans doute que la Blaxploitation
a amorcé son déclin. Ecrit et réalisé
par des Blancs (respectivement Stirling Silliphant et John
Guillermin), Shaft in Africa distille un vague message
tiers-mondiste et progressiste (Shaft dénonce
au passage la clitoridectomie !), qui ne trompe personne.
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Mais avec ses réminiscences de Coke
en stock (le bateau transportant des esclaves), le film
est extrêmement divertissant. Traversant l'Ethiopie
avec un chien (Milou ?) et un garde du corps (son
zabana, nous dit-on), qui seront tués tous les
deux, Shaft vit des aventures dignes d'un serial. Quand
il arrive à Paris, on pense à Bruce Lee débarquant
à Rome dans La Fureur du Dragon. Le décalage
culturel est moins grand mais l'improbabilité toute
aussi forte. Face à Jacques Marin, qui semble reprendre
son rôle d'inspecteur franchouillard dans Charade
(1963), Shaft en est presque à se demander ce
qu'il fait là ! Sur son passage, un immeuble s'enflamme,
les caves d'un château explosent, des hommes sont mitraillés
" Black Africa in Paris means Black Trouble from
Shaft " avait prévenu la bande-annonce.
Contrairement au Shaft 2000 (bien prude
devant la caméra de John Singleton), le Shaft 1973
est encore " the black private dick who's a sex
machine with all the chicks ". Il le confirme
dans ses paroles, quand on lui demande s'il sait manier le
bâton : " Quand on s'appelle Shaft,
on est toujours bon avec ce qui est raide ".
Passant aux actes, il déflore la fille de l'émir,
visite un bordel éthiopien puis batifole avec la maîtresse
nymphomane du méchant, qui lui pose d'abord quelques
questions utiles comme " Quelle est la longueur
de votre phallus, monsieur Shaft ? ", avant
de le complimenter sur ses performances : " Tu
es le premier homme qui ait fait l'amour avec moi comme un
vrai homme doit le faire. " On ne peut évidemment
rester sérieux devant de telles scènes et c'est
ce qui rend ce film réjouissant.
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Shaft in Africa sortira la même
année que Vivre et laisser mourir (007 + Blaxploitation)
et Opération Dragon (Kung-fu + 007 + Blaxploitation),
sans pour autant susciter le même culte. Qu'importe.
" Africa's the name. Shaft's the game. "
Dont acte.
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Titre : Shaft
contre les trafiquants d'hommes
Titre anglais
: Shaft in Africa
Réalisateur
: John Guillermin
Scénario
: Stirling Silliphant
Musique
: Johnny Pate
Chanson
: Are you man enough
Interprétée
par : The Four
Tops
Interprétation
: Richard Roundtree, Frank Finlay, Vonetta McGee,
Neda Arneric, Debebe Eshetu, Jacques Herlin, Jacques
Marin
Production
: MGM, Shaft Productions
Producteurs
: Lewis Roger, Siliphant Stirling, Grignon Marcel
Pays
: Etats-Unis
Année
: 1973
Durée
: 112 minutes
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