SYNOPSIS:
Une jeune femme part à Trieste sur les traces d'un
homme, mort il y a un moment, et cherche à rencontrer
les gens qui ont pu le connaître. D'après les
questions qu'elle pose, elle semble surtout chercher à
savoir pourquoi cet homme, grand intellectuel, ami des écrivains,
n'a, lui, rien écrit
Le Stade de Wimbledon est un
stade de vie, une mémoire flottante, ensuite révélée
à elle-même. L'essence du voyage. Ce qui advient,
au loin. Une phase vitale, une introspection fléchée
et réfléchie à travers les trajectoires
d'un corps funambule dans une ville étrangère.
Où la (mé)connaissance de l'autre mène
à la découverte de soi.
La conscience, la forme effilées
et le sourire de la femme (photo de Jeanne Balibar) sont
trois points de suspension qui se donnent la main dans une
quête de l'indicible. Elle part en Italie, à
Trieste. Loin : tendre vers un but précis, ou
se rendre à soi ? Là-bas, elle enquête
sur un écrivain mystérieux qui n'aurait, en
fait, jamais publié d'ouvrages ; se rend dans
divers lieux (maisons et cafés), interroge son entourage
(ses dernières femmes ou amis de passage). Quelque
chose de passé, de l'ordre de la trace, est restitué
par sa recherche. Mais ce qui prime est moins le passage
de l'écrivain que son tracé, antérieur,
dans la récolte de souvenirs ou bribes de passé
mémorables. Le voyage en Italie exhibe à la
fois un acheminement vers la sagesse et une traque du réel.
Une conscience réfléchie et une quête
de l'inconnu, mêlés. Les travellings latéraux
et les zooms qui l'accompagnent dans son élan dessinent
le cheminement vers l'autre. L'écoute de l'autre,
l'inconnu ; l'assimilation progressive de la langue.
Puis la découverte de Trieste : la clarté,
l'évanescence, le dévoilement d'une ville
réputée " inhabitable ".
Si Le Stade de Wimbledon se révèle
être par intermittences (musicales ou dans les superbes
travellings inquisiteurs, en bord de mer), un document rare
sur une certaine Italie du Nord, il le doit aussi au regard
du personnage, prisme qui ouvre les perspectives de Trieste.
Dans un train, elle rencontre une Italienne qui évoque
un départ au Brésil. Témoignage discret
d'un pan de population qui se scinde et se tait, l'Italie
de l'exil. Et une probable identité (individuelle
ou nationale) qui doute. Un regard ironique sur une Italie
actuelle, dans ce bord de mer qui sépare les plages
féminines des plages d'hommes. Un univers inquiétant,
enfin, qui fait écho aux films d'Arnaud Desplechin,
notamment La Vie des Morts, dans une brève étreinte
avec l'absurde : ici (elle est perdue dans la mer)
et là (le cri dans la nuit), le personnage est projeté
dans les zones frontalières du réel et du
sommeil, rêve éveillé de l'ordre du
fantasmatique.
Le film raconte le trajet, le stade d'une
image : elle semble d'abord un écran flou, effluve
qui tamise ensuite son ombre sur les murs incandescents
de la ville. Au passage, elle s'expose littéralement
à Trieste : elle devient le reflet d'un reflet (l'écrivain).
Plutôt que de certifier qu'un cinéaste est
né, ce qui reste plus que probable, la lente découverte
du Stade de Wimbledon assure la naissance d'un film
au cours de son épure progressive, à travers
différents stades : quête du personnage
moderne dans l'exil, intériorisation de cette quête,
dépersonnalisation qui revêt le nom de quête
et découverte de soi. D'une conceptualisation d'un
stade, d'une recherche à sa vision d'ensemble (le
dernier plan), et son assurance finale. Car pour elle, des
certitudes, des recherches vitales et des vérités
en cours, il n'en advient qu'une : la sienne.
TitreLe
Stade de Wimbledon Réalisateur
: Mathieu Amalric Scénario
: Mathieu Amalric d'après un roman de Daniele
Del Guidice Image
: Christophe Beaucarne Son
: Philippe Morel Montage
: François Gedigier Production
: Gemini Films Producteur
: Paulo Branco Interprètes
: Jeanne Balibar, Esther Gorintin, Anna Prucnal,
Ariella Reggio, Peter Hudson, Aton Petje, Jean-Paul
Franceschini, Rosa de Ritter. Distribution :
Gémini Films Année
: 2001 Pays
: France Durée
: 1h20