SYNOPSIS :
Ile de Jersey, 1945. La Seconde Guerre Mondiale est terminée
mais le marie de Grace ne rentre pas. Seule dans une immense
demeure victorienne, elle élève ses enfants qui
souffrent d'une étrange maladie : ils ne supportent pas
la lumière du jour. Pour tous les occupants du domaine,
une seule règle vitale : la maison doit rester dans l'obscurité
; ne jamais ouvrir une fenêtre en leur présence.
Cet ordre simple sera pourtant enfreint. Dès lors, Grace,
les enfants et tous ceux qui les entourent devront en supporter
les conséquences. |
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Le nouveau film d'Alejandro Amenabar révèle
une nouvelle fois la déception inhérente à
tout récit fonctionnant sur la surprise : le procédé
ne peut fonctionner qu'une fois, et le retournement final
ne fournit qu'un plaisir passager et relatif. Et encore faut-il
que la surprise finale fonctionne : car le spectateur
qui sait d'emblée que le film fonctionne sur une surprise
(comment ne le saurait-il pas après le battage médiatique
qui entoure la sortie du film ?) a tôt fait de
deviner de quoi il retourne : après un quart d'heure
de film, tout spectateur ayant déjà en tête
le retournement du Sixième sens, aura compris
l'issue finale.
Le film possède heureusement de nombreuses
qualités ; le réalisateur/scénariste
est habile, et les interprètes convaincants, de sorte
que le spectateur n'en est pas totalement réduit à
attendre une révélation finale dont il aura
déjà saisi la nature. Malgré tout, on
peut ressentir une certaine déception à la vision
de ce film : Ouvre les yeux était déjà
un film talentueux et prometteur, mais la vision de ce troisième
opus semble indiquer l'enfermement du réalisateur dans
des procédés narratifs finalement fragiles.
La " recette " Amenabar est loin d'égaler
celle d'un réalisateur avec lequel on a voulu, à
tort, le comparer : Alfred Hitchcock. Celui-ci a en effet
(presque) toujours préféré le suspense
à la surprise ; cette préférence
est loin d'être anodine, car elle influe tout simplement
sur le type de plaisir pris par le spectateur : Hitchcock
joue sur la participation active du spectateur, là
où Amenabar ne fait finalement que se jouer du spectateur.
La surprise est certes divertissante, elle peut être
maligne ou amusante, mais encore une fois, son plaisir est
toujours passager : que reste-t-il des Autres ou
de Ouvre les yeux à la seconde vision ?
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On pourrait comparer le plaisir et la déception
de la surprise à celui et à celle du trompe-l'il.
On peut être agréablement surpris par un trompe-l'il,
mais comme le remarque Hegel, on ne saurait pour autant légitimement
parler de " triomphe de l'art " :
ce qui est admirable dans un trompe-l'il, c'est la simple
habileté technique du fabricateur, mais non le talent
de l'artiste. Une fois la surprise passée, le spectateur
peut continuer à admirer cette habileté, mais
il ne saurait trouver d'autre plaisir à la contemplation
du trompe-l'il. L'effet produit est bien celui d'une
déception, et cette déception est double :
c'est d'une part celle d'avoir été floué,
et d'autre part celle d'être dorénavant privé
du plaisir qu'on a pu avoir lors de la première vision.
Celui qui a déjà vu Les
Autres ou qui a deviné l'issue finale au début
du film est comme condamné à la nostalgie de
la surprise révolue. Il ne peut plus totalement adhérer
au film, et le regarde avec distance, avec le regret de la
naïveté passée. Là où un
film d'Alfred Hitchcock offre un plaisir durable qui peut
se reproduire, se fortifier, voire se transformer au gré
des visions, il me semble que les films qui reposent sur la
surprise perdent une part essentielle de leur intérêt
après la première vision.
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Titre : Les
Autres
Titre anglais
: The Others
Réalisateur
: Alejandro Amenabar
Interprètes
: Nicole Kidman , Elaine Cassidy , Christopher Eccleston
, Fionnula Flanagan
Scénario :
Alejandro Amenabar
Photo :
Javier Aguirresarobe
Musique
: Alejandro Amenabar
Production
: Cruise-Wagner Productions, Sogecine, Las Producciones
del Escorpion
Distribution
: Bac Distribution
Durée
: 1h 45 mn
Pays
: Etats-Unis
Année :
2001
Sortie
France : 26 décembre
2001
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