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Le Seigneur des Anneaux (c) D.R. LE SEIGNEUR DES ANNEAUX
de Peter Jackson
Par Jean-Baptiste LOUVET


SYNOPSIS : Le jeune et timide Hobbit, Frodon Sacquet, hérite d'un anneau. Bien loin d'être une simple babiole, il s'agit de l'Anneau Unique, un instrument de pouvoir absolu qui permettrait à Sauron, le Seigneur Ténébreux de Mordor, de régner sur la Terre du Milieu et de réduire en esclavage ses peuples - à moins que Frodon, accompagné d'une fidèle Compagnie constituée de Hobbits, d'hommes, d'un Magicien, d'un Nain, et d'un Elfe, ne parvienne à emporter l'Anneau à travers la Terre du Milieu jusqu'aux Crevasses du Destin, lieu où il a été forgé, et à le détruire pour toujours. Un tel périple signi-fie s'aventurer très loin sur les terres du Seigneur Ténébreux, où il rassemble son armée d'Orques maléfiques... La Compagnie doit non seulement combattre les forces extérieures du mal mais aussi les dissensions internes et l'influence corruptrice qu'exerce l'Anneau lui-même. L'issue de l'histoire à venir est intimement liée au sort de la Compagnie.

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LA COMMUNAUTE DE L'ANNEAU


  Le Seigneur des Anneaux (c) D.R.

Sauron, être maléfique qui mit autrefois en péril l'équilibre des Terres du Milieu, tirait son pouvoir d'un anneau magique, façonné par lui, et qui rendait son détenteur invisible. Vaincu par une coalition de différentes races (humains, elfes et nains), la figure de Sauron s'effaça au fil du temps des mémoires pour laisser place à une lointaine légende. Mais, alors que l'anneau, perdu après la défaite de Sauron, réapparaît dans un tranquille village de hobbits - sorte de " petits hommes " - et entre en la possession du jeune Frodon, Sauron retrouve sa force et menace à nouveau la paix du monde…


La démesure souveraine

Si Le Seigneur des anneaux est spectaculaire ? Oui, sans aucun doute. Les décors naturels néo-zélandais sont grandioses et les décors, conçus en post-production, somptueux, les scènes de bataille sont d'un gigantisme à couper le souffle, et les sorts jetés d'une féerie merveilleuse. Les Tours du Seigneur des Anneaux sont les plus hautes possibles et les Mines du royaume des nains, les plus profondes ; les batailles mettent aux prises des armées innombrables et un paisible cours d'eau se transforme en une ruée chevaleresque sous l'invocation d'une jolie elfe (Liv Tyler). Tous ces superlatifs nous viennent au souvenir de l'impression produite par la vision du film, mais avec un peu de recul, on saisit mieux combien, et comment, cet effet est élaboré.

Le Seigneur des Anneaux (c) D.R.

Si le talent de Peter Jackson dans le registre de la démesure s'avère incontestable, c'est non seulement par un évident savoir-faire technique, mais aussi par une réelle habileté de la mise en scène. Les lieux parcourus par les personnages étant de proportions gigantesques, le film se doit d'en donner la mesure au spectateur, aussi la caméra plane-t-elle au-dessus des fleuves, s'envole-t-elle au sommet des montagnes, ou encore plonge du haut d'une tour au plus profond d'une mine. Plus subtilement, Peter Jackson applique un principe simple : la démesure n'est jamais aussi bien mise en valeur qu'en relation avec son contraire. Ainsi, dans la monumentale séquence guerrière qui ouvre le film, à un plan d'ensemble sur le terrain de bataille et les armées en ordre rangé, succède un plan serré sur le chef humain qui lance la charge, les multitudes de flèches tirées dans son dos faisant frémir à vue d'œil… une mèche de ses cheveux. Ce jeu permanent entre point de détail et tableau d'ensemble, le soin apporté à l'effet de réel subordonné au souci de l'illusion spectaculaire, trahit une volonté constante d'immerger le spectateur dans l'imagerie du film. Certes, mais cela rend-il pour autant le monde du Seigneur des Anneaux habitable par ses personnages ?


Une coquille vide

Après que Frodon se soit vu obligé de quitter son village pour emmener l'anneau en plein cœur du royaume de Sauron, seul endroit où on puisse le détruire, sa quête le conduit dans une cité elfe, où se forme autour de lui une " communauté de l'anneau " réunissant, outre deux de ses compères hobbits, un magicien, un rôdeur, un guerrier, un elfe et un nain, tous décidés à l'accompagner et à le protéger durant ses aventures.
Les longues digressions du roman sur les Terres du Milieu, alternativement descriptives, anthropologiques, historiques voire mythologiques, dessinent un fond d'une ampleur peu commune sur lequel se détachent les figures héroïques des personnages. Dans l'adaptation de Peter Jackson, l'image se charge du " fond " : les descriptions de lieux, de personnages et d'événements sont immédiatement données à voir ; mais, si l'ampleur donnée au roman par ces passages est transposée spectaculairement à l'écran, c'est au détriment de l'histoire et de ses protagonistes, repoussés quant à eux à l'arrière-plan. La mise en scène de Jackson, habile à impressionner le spectateur, peine en revanche beaucoup à le captiver. La perspective donnée au roman par le narrateur est totalement aplanie par le film, qui se révèle démuni d'un point de vue.