SYNOPSIS :
El Hadj est étudiant à Paris. Pour lui, rentrer
au Sénégal pour participer au développement
du pays est un devoir. Mais cet avenir est violemment remis
en question par la réalité de sa vie en France. |
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DU RENONCEMENT A L'IDEAL
DE SOI
" Je
veux que ce bras durci ne traîne plus une chère
image ",
Arthur Rimbaud
Avec son premier long métrage
L’Afrance, Léopard du meilleur premier film
au festival de Locarno 2001, le réalisateur Alain Gomis
signe une œuvre où, malgré une direction d’acteurs
parfois imprécise, se dessine avec subtilité
le passage d’une identité à une autre. Le film
raconte l’histoire d’El Hadj, étudiant sénégalais
qui, achevant son DEA d’Histoire à Paris, se trouve
au moment crucial d’une confrontation essentielle à
lui-même. La projection mentale narcissiquement confortable
de l’étudiant travailleur, venu en France pour acquérir
un savoir qu’il doit mettre en pratique à son retour
pour le développement de son pays, entre en conflit
avec la réalité du désir : celle
d’un jeune homme transformé par son séjour en
France et qui y a trouvé, notamment à travers
des attaches amoureuses, d’excellentes raisons de rester.
Une des scènes les
plus réussies est sans doute celle qui ouvre le film.
Sur une cassette audio qui vient de lui parvenir par courrier,
El Hadj écoute la voix de son père lui donnant
des nouvelles du pays. Défilent les images du Sénégal
natal et des souvenirs d’enfance : réunions familiales
autour de la prière, école et récitation
des dogmes de la fierté nationale, initiation aux rites
tijanes d’imposition des mains et, autre initiation tout aussi
sensuelle, heures passées sur la plage en compagnie
de Hawwa, la fiancée laissée au pays. Ce sont
tous ces flux d’amour qu’il s’agit de trahir, c’est à
cette chaleur qu’il lui faut renoncer et El Hadj, malgré
lui, semble s’y opposer.
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On assiste alors à
un extraordinaire processus, à la fois involontaire
et acharné, d’inachèvement de sa condition d’immigré
qualifié. Oubli de faire renouveler son titre de séjour,
refus de l’ambassade du Sénégal de prolonger
sa bourse d’études, inachèvement du mémoire
de DEA, acceptation d’un travail d’ouvrier en bâtiment
qui lui bloque à la fois les portes de l’ascension
sociale dans la société française et
celles du retour au Sénégal dans la réussite
et la fierté. Plan par plan, la caméra se rapproche
du visage d’El Hadj, comme pour mieux le cerner.
" Ce n’est
que lorsqu’un homme est capable d’abandonner un rêve
qu’il a longtemps chéri, disait James Baldwin,
qu’il s’est libéré et peut aspirer à
des rêves plus élevés ". C’est
à ce processus douloureux de renoncement et d’effacement
d’une mémoire par une autre que Gomis, fort joliment,
a choisi de nous convier.
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Titre :
L’Afrance
Réalisateur
: Alain Gomis
1er assistant
: Ivan Rousseau
Adaptation & dialogues
: Alain Gomis, Pierre Schoeller, Marc Wels, Xavier
Christiaens, Nathalie Stragier
Acteurs :
Djolof Mbengue, Delphine Zingg, Samir Guesmi,
Théophile Moussa Sowié
Image
: Pierre Stoeber
Son
: Erwan Kerzanet
Montage
: Fabrice Rouaud
Montage son
: Raphaël Sohier
Mixage
: Fabrice Conesa Alcoléa
Scripte
: Sophie Audier
Musique
: Patrice Gomis
Production déléguée
: Anne-Cécile Berthomeau, Edouard Mauriat
Avec la participation
: Centre National de la Cinématographie,
Fonds d’Action Sociale, THECIF, Région
Ile de France
Festivals
: Locarno 2001 (Léopard du meilleur premier
film), Sélection officielle Sundance 2002
Sortie France :
30 janvier 2002.
Nationalité
: France
Format
: 35mm, 1.66
Son
: DTS SR
Durée
: 1h30
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