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Ali (c) D.R. ALI
de Michael Mann
ParGilles LYON-CAEN


SYNOPSIS : En faisant preuve de détermination, d'endurance physique, d'agressivité et d'intelligence, Muhammad Ali est devenu une légende vivante de la boxe américaine. Belinda, son épouse, Angelo Dundee, son entraîneur, Drew Brown, son conseiller, Howard Bingham, son photographe et biographe, et Fernie Pacheco, son docteur, ont été les témoins privilégiés de sa carrière à la fois brillante et mouvementée que ce soit sur ou en dehors du ring.

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MULTIPLICITY


  Ali (c) D.R.

L’expression en-tête de l’article sur Ali, de Michael Mann, dans le numéro de Première de février 2002, n’engage que son auteur, Christian Jauberty, mais elle risque de générer un drôle de malentendu général. L’expression-cliché " Pour ceux qui aiment les bios des stars du sport " provoque un léger malaise. Promotion et raccourci oblige. Oublier le jugement hâtif, l’étiquette ; mais l’important est ailleurs, dans le contenu de l’article, car Ali est loin d’être la biographie commune d’une star du sport. Dans son article, Christian Jauberty reproche au film de ne pas proposer de " point de vue révélateur sur la personnalité profonde et le destin exceptionnel d’une légende vivante ". Que manque-t-il au journaliste, obligé paradoxalement d’accorder trois étoiles à ce produit attendu-médiatisé-incontournable ? Un chapitrage du film, et dans ce qu’il nomme " une succession de vignettes ", une borne lumineuse éclairant les diverses optiques : " ses femmes ", " son goût pour la provocation ", " son nihilisme "..? A propos stérile, critique stérile : c’est enfoncer une porte bien ouverte que de critiquer Première, mais cela devient légitime au regard des moutons qui étiquettent les films comme les illustres bergers de leur magazine préféré. Première véhicule moins du sens qu’il n’en vend ; ici, le sens donné au film avorte la critique, mais se révèle tristement cohérent, quand Christian Jauberty se recentre finalement sur l’acteur, Will Smith : la politique maison (la seule) de l’acteur, comme image-spectacle. Il semble que Jauberty s’abîme dans la problématique apparente d’Ali en évacuant la réflexion : " Ali se révèle (…) aussi insaisissable que sur un ring ", confesse-t-il, tout en se risquant à poser la bonne question : le point de vue biographique, dans Ali, existe-il ?

Dans Ali, la multiplicité des points de vue se fond dans l’image. L’abondance des tracés, la recherche de l’esquisse idéale illustrent le personnage, sans formater le mythe. Ébauche, tentative d’une tapisserie constituent l’essence du biopic Ali. Ce qui prime semble la complexité à cerner un mythe, née de la recherche (bio) graphique autour d’un vide, passé et identité dont les restitutions, autres que graphiques, s’avèrent vaines. Qu’il s’agisse d’Ali importe-t-il réellement ? Retrouver un personnage, une légende passée, comme une entité symbolique et vivante révèle de l’utopie. La réactualisation du mythique Ali, par la fiction, se double, chez Michael Mann, d’un regard immotivé (de là naît l’effusion poétique) portant sur un homme souvent non-motivé : dans son esquisse du vide qui tend vers une mythologie, Ali est moins une biographie (du héros), qu’une radiographie mentale, cérébrale (de l’homme). Le parcours de l’homme au héros, du héros à l’homme, sous-tend le film pour ce qu’il est : recherche, exercice et équation visuelles qui dessinent la cellule mentale du célèbre boxeur.

Ali (c) D.R.

Tel est l’enjeu de Michael Mann, cinéaste graphiste : transcrire le tissu du cerveau d’Ali par les profusions de lumière, de jets sibyllins dans les pores de l’image diaphane et ralentie. Parvenir derrière les affects de l’image (Ali), en puisant dans les nervures de l’image (numérique, vidéo et autres gracieusetés). De la démultiplication sensorielle par l’apparente sobriété du parti pris, épure des différences visuelles, provient la faible incompréhension du journaliste. On assiste à l’effacement biographique, au gommage du caractère, pour accéder à une géographie mentale (ou topographie), expérimentation graphique de Muhammed Ali. Nulle trace de biographie, de destinée, mais des desseins qui s’accordent aux puissants simulacres de l’image. Accomplissement d’une totale subjectivité, biographie abstraite ébranlée par les dessous du visuel, Ali propose le scanner d’une cellule mentale. L’émotion culmine à mesure que ne grandisse l’arsenal des supports, passages et transferts d’images, regard pyrotechnique du cinéaste qui décline les préceptes communs de la biographie et en marque l’aporie.

De la bio ne subsiste que le graphique. Dans l’usage de la steady-cam numérique sur le ring de boxe, nous recevons le tracé des coups et devenons Ali. Et par-delà l’arsenal technique, une lueur humaine : avant l’ultime ralenti, plan moyen sublime : derrière Ali en sueurs, les grains de l’image fixe coulent - l’image pleure. C’est dire si la biologie des images tient, dans Ali, à une synergie sémantique et conceptuelle du dessin et du sens.



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Titre
: Ali
Réalisateur : Michael Mann
Interprètes : Will Smith, Jamie Foxx, Jon Voight, Mario Van Peebles, Ron Silver, Jeffrey Wright, Mykelti Williamson.
Scénario : S. J. Rivele, C. Wilkinson, E. Roth et M. Mann
D’après une histoire de : Gregory Allen Howard
Directeur de la photographie : Emmanuel Lubezki, A.S.C, A.M.C.
Chef décorateur : John Myhre
Musiques : L. Gerrard, P. Bourke, S. Keita, R. Kelly, A. Keys, A. Stone
Production : Peters Entertainment / Forward Pass
En association avec : Columbia Pictures, Lee Caplin, Picture Entertainment Corp. et Overbrook films.
Distribution : Bac Distribution
Sortie le : 27 février 2002
Pays : Etats-Unis
Année : 2001
Durée : 2h38





Ali : site officiel du film
Ali :
bande annonce du film