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1974, Une partie de campagne (c) D.R. 1974,
UNE PARTIE DE CAMPAGNE

de Raymond Depardon
Par Nicolas DESPRES


SYNOPSIS : Ce documentaire retrace la campagne du candidat Valéry Giscard d'Estaing aux élections présidentielles de 1974 jusqu'à son élection comme président de la république.

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ULTRA MODERNE SOLITUDE


  1974, Une partie de campagne (c) D.R.

Les feuilles craquent sous les pas d’un homme qui se promène avec son chien dans le bois de St Cloud. Cette apparente quiétude est celle d’un futur président de la république entre les deux tours de l’élection présidentielle. L’œil qui le scrute est celui de Raymond Depardon.

Valéry Giscard d’Estaing fut, rappelons-le, le plus jeune Président de la Vème République, mais sa seule personne incarne aujourd’hui une sorte de désuétude.

Il perd les rennes du pays après un septennat allant de 1974 à 1981. Son échec est cuisant, et même si sous Giscard la condition féminine a considérablement évoluée, son bilan semble contenu dans ces deux phrases qu’il adresse au français :" il y a sept ans, vous m’avez confié la France, la paix, la liberté, les institutions. Je vous les rends intactes " .

Le comportement de Giscard, sa préciosité tranchant avec sa propension à se mettre en scène dans un but grossièrement démagogique au cœur de son septennat, ont fini par recouvrir son image médiatique d’une gangue peu ragoûtante, qui n’a cessé de le desservir par la suite, le transformant en cible de choix pour les humoristes et les caricaturistes de tout poil.

Aussi, les images d’archives du "président  déchu" ne ressortent du placard que pour faire les choux gras d’émissions de divertissements du type Les enfants de la télé d’Arthur…provoquant des réactions du genre " plus ringard…tu meurs ! ".

1974, Une partie de campagne (c) D.R.
Très loin des clichés expéditifs, il existe un document qui pose un regard beaucoup plus profond sur Valéry Giscard d’Estaing. En effet, en 1974, alors candidat à l’élection présidentielle, Giscard est animé par le désir de garder une trace de sa campagne. Il demanda donc à Raymond Depardon (à l’époque photographe de presse de grand renom) de tourner un film sur lui. Giscard donne à Depardon une grande liberté de tournage en le laissant graviter autour des deux faces de l’iceberg. Mais il y a alors une condition et non la moindre : le film est la propriété de Giscard, il décidera donc de sa diffusion en temps voulu.

Depardon réalise son premier long-métrage (intitulé à l’origine 50,81% ) dans ces conditions très particulières. Une fois terminé, le film fut rangé dans un placard par son commanditaire. Cette décision entraîna une frustration certaine chez son réalisateur. D’autant plus que Raymond Depardon n’a cessé de considérer ce film comme une des pièces maîtresses de son œuvre. La sortie en salles (accompagné d'une diffusion sur Arte) du film " maudit " fait voler en éclat l’auréole de mystère qui le surplombait depuis 28 ans.

Tout d’abord, le film montre la capacité du candidat Valéry Giscard d’Estaing à accepter le principe de la caméra omniprésente. Après tout, c’est lui l’initiateur de cette expérience, même s’il est conscient de la présence du dispositif de prise de vue (Depardon pour l’image et Bertrand Ortion pour la prise de son), Giscard joue carte sur table. On a la sensation que Depardon arrive à se faire partiellement oublier par Giscard, même si les coups d’œils de son directeur de campagne Michel Poniatowski trahissent une légère hostilité envers l’intrusion d’une caméra qui enregistre leurs conversations.