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Frontières (c) D.R. FRONTIERES
de Mostéfa Djadjam
Par Nicolas DESPRES


SYNOPSIS : Un groupe d’africains, six hommes et une femme, partent à la rencontre de leur idéal : L’Europe. Durant leur parcours clandestin, du fleuve Sénégal au détroit de Gibraltar, se crée un sentiment de solidarité teinté de défiance. Mais confronté à toutes sortes de dangers, le groupe, se dissout à l’approche de Tanger, dernière étape avant la traversée vers l’Espagne…

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CRUELLE RANDONNEE

  Frontières (c) D.R.
" Guinée, Sénégal, Togo, tous des enfants du général De Gaulle ! ". Ce slogan, lancé non sans ironie par un passeur, ouvre le film comme pour réveiller un lien fantomatique entre l’Afrique et l’Occident. Aussi cette phrase vient souligner le dénominateur commun de la plupart des voyageurs clandestins africains que nous fait suivre Frontières, celui de la langue française.

Mais les traces de l’histoire coloniale s’arrêtent ici, et c’est dans le présent que Mostéfa Djadjam installe son film en voulant rendre compte de " la dernière des grandes aventures humaines ", celle de l’immigration clandestine.

Le regard du réalisateur tient les clichés à distance en se posant sur des clandestins qui ne sont ni des bannis, ni des réfugiés politiques en fuite. L’espoir même d’une possible réussite financière semble passer au second plan dans l’esprit de ces personnages.

Ils veulent tout simplement migrer vers un idéal, par soif de réponses, par curiosité, ou par amour…

Frontières (c) D.R.

L’esprit aventureux qui les anime est très proche de celui qui poussait les participants à une autre grande aventure humaine du passé : celle des pionniers de l’Ouest Américain au cours du XIXème siècle. On peut d’ailleurs à bien des égards, envisager Frontières comme une sorte de mutation du western où les personnage partiraient des territoires vierges dans l’espoir d’intégrer le vieux continent. D’autant plus que les clandestins de Djadjam sont des modèles très typés: il y a l’amoureux, le baroudeur, l’instituteur, la femme bafoué, le mage…Ce qui n’est pas sans rappeler le dispositif " fordien " de La chevauchée fantastique. Ce dispositif facilite l’observation des comportements humains. Nous somme donc invités à suivre des individus pris dans une mécanique implacable, celle de la hausse des prix pratiquée par les passeurs et d’une surenchère de prises de risques, due à leurs position de clandestin. Mostéfa Djadjam met sensiblement l’accent sur leur marchandisation. Evitant l’écueil d’un misérabilisme trop pesant, Djadjam trouve la voie d’une mise en scène sobre et limpide qui manie avec aisance un mélange d’éléments réalistes et abstraits, exploitant les multiples aspects d’une poésie de l’errance. Par moments, le passage de frontières peut revêtir l’aspect d’une véritable discipline sportive, une sorte de gymkhana demandant aux concurrents : résistance physique, persévérance et stratégie. Certains veulent entretenir l’esprit d’équipe, d’autres la jouent "perso" pour contrer le caractère aléatoire des règles du jeu.

Aussi, l’humour s’intègre parfaitement dans le traitement de ce parcours initiatique, où se dévoile le caractère protéiforme de la nature humaine. Sipipi, le personnage de clandestin : baroudeur remarquablement interprété par Lou Dante (acteur non professionnel), va jusqu’à employer ces termes pour décrire un état de fait : " les temps changent…maintenant ce sont les esclaves qui paient le transport ".

C’est un film où l’on peut parfois rire de chose graves avec des personnages sachant prendre une distance indispensable à leur survie.

Toutefois, la menace est bien présente.

L’idée de mort jalonne le parcours çà et là sous des aspects souvent métaphoriques. Dans Frontières, il y a souci d’efficacité dans la manière de capter les regards qui en disent long sur une détresse.

Mais la ligne horizon semble magnétique dans les espaces désertiques que sillonnent ces aventuriers.

Et pour atteindre cette ligne, ils savent que chaque jour devra être une victoire de l’espoir contre la nature intrinsèquement douloureuse et tragique de la réalité.

En dépit du jeu d’acteur parfois imprécis et de quelques dialogues inégaux, le mérite de Djadjam est d’arriver à peindre, avec ce premier film, un périple aux multiples facettes avec une évidente dextérité.

L’harmonie de l’ensemble semble nous signifier que " l’aventure humaine " s’est jouée des deux côtés de la caméra.



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Titre : Frontières
Réalisateur : Mostéfa Djadjam
Scénario : Mostéfa Djadjam, Agnès de Sacy
Avec : L. Dante, C. Luambo, O. Lu Yenke, D. Koma
Chef opérateur : Pascal Lagriffoul
Chef décorateur : Yan Arlaud
Son : Pierre Lorrain
Montage : Pauline Dairou
Musiques : René-Marc Bini
Producteurs Délégués : Aïssa Djabri, Farid Lahouassa et Manuel Munz
Production : Vertigo Productions
Distribution : D' Vision
Sortie France : 13 mars 2002
Durée : 1h 45 mn
Pays : France
Année : 2001