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Gosford Park (c) D.R. GOSFORD PARK
de Robert Altman
Par Delphine AGUT


SYNOPSIS : Londres - Novembre 1932, dans une Angleterre fortement marquée par les inégalités de classe, une famille d'aristocrates, à la tête de laquelle se trouve la maîtresse de maison, Lady Sylvia McCordle, organise une partie de chasse, dans leur somptueuse propriété Gosford Park, au cours de laquelle un meurtre est commis. Cet assassinat va bouleverser l'ordre établi et révéler la complexité des liens entre les maîtres et leurs serviteurs. L'inspecteur Thompson mène l'enquête...

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REGLE DU JEU A LA WORCESTER

  Gosford Park (c) D.R.
Altman a passé l'âge de faire des surprises ! Enième variation sur le modèle du "portrait de groupe avec meurtre", son dernier film ne surprend guère. Nous avions déjà notre cluedo d'époque, vaudevillesque, social et franchouillard avec 8 Femmes. Voici un objet à la formule tout aussi convenue mais - on pense ce qu'on veut du film d'Ozon - au traitement bien moins original! À quand Kristin Scott Thomas et Emily Watson poussant la chansonnette ?

Le maître ès chorales sociales délirantes, d'Un Mariage au dernier Docteur T et les femmes ("portrait de femmes avec gynéco") s'empare de l'argument de notre bonne vieille Règle du jeu - réunion huppée pour partie de chasse - et en tire une fresque sociale british, que les histoires de coucheries complexes ne suffisent pas à rendre "spicy". En filigrane, une considération sociale teintée de philosophie parcourt le film : la rebattue dialectique du maître et de l'esclave, ou celui qui domine n'est pas celui qu'on croit... Dans ce monde, c'est donc les domestiques qui mènent la danse et l'un des enjeux du film est de montrer cette réunion très "upper-class" uniquement de leur point de vue.

Gosford Park (c) D.R.
Les nombreuses sous-intrigues qui se nouent dans la classe supérieure ne nous seront donc expliquées que par bribes, suivant le modèle subverti de la confidence racinienne: le serviteur n'est pas un prétexte pour donner au public des informations sur le déroulement de l'intrigue, ici il est la pièce maîtresse, bien plus chez lui que les véritables propriétaires du lieu; il le hante, en connaît les moindres recoins et secrets. Il sait ce que les maîtres eux-mêmes ignorent, et qu'ils vont payer au prix fort : le meurtre de la figure patriarcale dégénérée, qui n'est père que de bâtards, interprétée magistralement par Michael Gambon. Ce qui mine finalement cette société si bien hiérarchisée, et le monde des domestiques, est paradoxalement une micro-société qui réfléchit de manière exponentielle la rigidité des rapports de classes, c'est le désordre sexuel : coucher avec quelqu'un qui n'est pas de sa classe !

Le récital d'Ivor Novello - seul personnage historique du film, acteur et compositeur - constitue le plus beau moment du film, véritable prouesse de mise en scène d'une séquence à trois niveaux, à la fois hommage d'Altman au cinéma muet, paradigme des différences de classes, et moment dramaturgique crucial. Le monde des domestiques suspend son activité, subjugué, comme les enfants au son du joueur de flûte. Par snobisme envers cet art populaire qu'est le cinéma et son représentant (Ivor reprend le rôle de l'aviateur André Jurieux dans la Règle du jeu, célébrité déplacée dans cette réunion mondaine), les maîtres ne prêtent au chanteur qu'une oreille méprisante. Et pendant que toute cette petite société se laisse ravir ou conspue intérieurement le musicien...

  Gosford Park (c) D.R.
Mais le meurtre apparaît pour ce qu'il est : un simple ressort scénaristique, un catalyseur. Son élucidation est donc traitée avec une hauteur méprisante : on ne va quand même pas s'abaisser à un "Whodunit" ! Le film désigne lui-même ce qu'il n'est pas - une énigme policière" - quand les policiers arrivent : leur incompétence patente et grotesque jette d'emblée un doute quant à la résolution de l'enquête. Les acteurs jouent si bien de l'art de la dissimulation qu'on en vient à croire naïvement qu'ils ont quelque chose à cacher. Mais nous restons sur notre faim : la partie de chasse finie, tout ce petit monde repart comme il est arrivé, avec ses secrets; le spectateur lui, sort frustré !




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Titre : Gosford Park
Réalisateur : Robert Altman
Scénario : Julian Fellowes, Robert Altman, Bob Balaban
Directeur de la photographie : Andrew Dunn
Acteurs : Kristin Scott Thomas, Stephen Fry, Richard E., Helen Mirren, Ryan Phillippe, Emily Watson, Maggie Smith, Kelly MacDonald, Michael Gambon, Eileen Atkins Mrs, Bob Balaban, Alan Bates , Charles Dance, Laurence Fox, Tom Hollander, Derek Jacobi, Jeremy Northam, Clive Owen, Camilla Rutherford, Adrian Scarborough, James Wilby Freddie
Compositeur : Patrick Doyle
Chef décorateur : Stephen Altman
Chef monteur : Tim Squyres
Musique : Patrick Doyle
Production : Capitol Films, The Film Council
Production Capitol Films (USA), Chicagofilms (USA), Film Council (UK), Meduza Produzione (Italie) Sandcastle 5, (USA), USA Films (USA).
Producteur : Robert Altman, Bob Balaban, David Levy
Distribution : Mars Films
Pays : Royaume-Uni, USA, Allemagne
Langue : Anglais
Sortie France : 20 mars 2002
Durée : 2h 17





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