SYNOPSIS :
Londres - Novembre 1932, dans une Angleterre fortement marquée
par les inégalités de classe, une famille d'aristocrates, à
la tête de laquelle se trouve la maîtresse de maison, Lady Sylvia
McCordle, organise une partie de chasse, dans leur somptueuse
propriété Gosford Park, au cours de laquelle un meurtre est
commis. Cet assassinat va bouleverser l'ordre établi et révéler
la complexité des liens entre les maîtres et leurs serviteurs.
L'inspecteur Thompson mène l'enquête... |
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REGLE DU JEU A LA WORCESTER
Altman a passé l'âge
de faire des surprises ! Enième variation sur le modèle
du "portrait de groupe avec meurtre", son dernier film ne
surprend guère. Nous avions déjà notre
cluedo d'époque, vaudevillesque, social et franchouillard
avec 8 Femmes. Voici un objet à la formule tout
aussi convenue mais - on pense ce qu'on veut du film d'Ozon
- au traitement bien moins original! À quand Kristin
Scott Thomas et Emily Watson poussant la chansonnette ?
Le maître ès
chorales sociales délirantes, d'Un Mariage au
dernier Docteur T et les femmes ("portrait de femmes
avec gynéco") s'empare de l'argument de notre bonne
vieille Règle du jeu - réunion huppée
pour partie de chasse - et en tire une fresque sociale british,
que les histoires de coucheries complexes ne suffisent pas
à rendre "spicy". En filigrane, une considération
sociale teintée de philosophie parcourt le film : la
rebattue dialectique du maître et de l'esclave, ou celui
qui domine n'est pas celui qu'on croit... Dans ce monde, c'est
donc les domestiques qui mènent la danse et l'un des
enjeux du film est de montrer cette réunion très
"upper-class" uniquement de leur point de vue.
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Les nombreuses sous-intrigues
qui se nouent dans la classe supérieure ne nous seront
donc expliquées que par bribes, suivant le modèle
subverti de la confidence racinienne: le serviteur n'est pas
un prétexte pour donner au public des informations
sur le déroulement de l'intrigue, ici il est la pièce
maîtresse, bien plus chez lui que les véritables
propriétaires du lieu; il le hante, en connaît
les moindres recoins et secrets. Il sait ce que les maîtres
eux-mêmes ignorent, et qu'ils vont payer au prix fort
: le meurtre de la figure patriarcale dégénérée,
qui n'est père que de bâtards, interprétée
magistralement par Michael Gambon. Ce qui mine finalement
cette société si bien hiérarchisée,
et le monde des domestiques, est paradoxalement une micro-société
qui réfléchit de manière exponentielle
la rigidité des rapports de classes, c'est le désordre
sexuel : coucher avec quelqu'un qui n'est pas de sa classe
!
Le récital d'Ivor
Novello - seul personnage historique du film, acteur et compositeur
- constitue le plus beau moment du film, véritable
prouesse de mise en scène d'une séquence à
trois niveaux, à la fois hommage d'Altman au cinéma
muet, paradigme des différences de classes, et moment
dramaturgique crucial. Le monde des domestiques suspend son
activité, subjugué, comme les enfants au son
du joueur de flûte. Par snobisme envers cet art populaire
qu'est le cinéma et son représentant (Ivor reprend
le rôle de l'aviateur André Jurieux dans la Règle
du jeu, célébrité déplacée
dans cette réunion mondaine), les maîtres ne
prêtent au chanteur qu'une oreille méprisante.
Et pendant que toute cette petite société se
laisse ravir ou conspue intérieurement le musicien...
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Mais le meurtre apparaît
pour ce qu'il est : un simple ressort scénaristique,
un catalyseur. Son élucidation est donc traitée
avec une hauteur méprisante : on ne va quand même
pas s'abaisser à un "Whodunit" ! Le film désigne
lui-même ce qu'il n'est pas - une énigme policière"
- quand les policiers arrivent : leur incompétence
patente et grotesque jette d'emblée un doute quant
à la résolution de l'enquête. Les acteurs
jouent si bien de l'art de la dissimulation qu'on en vient
à croire naïvement qu'ils ont quelque chose à
cacher. Mais nous restons sur notre faim : la partie de chasse
finie, tout ce petit monde repart comme il est arrivé,
avec ses secrets; le spectateur lui, sort frustré !
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Titre :
Gosford Park
Réalisateur
: Robert Altman
Scénario
: Julian Fellowes, Robert Altman, Bob Balaban
Directeur de la photographie
: Andrew Dunn
Acteurs
: Kristin Scott Thomas, Stephen Fry, Richard E.,
Helen Mirren, Ryan Phillippe, Emily Watson, Maggie
Smith, Kelly MacDonald, Michael Gambon, Eileen
Atkins Mrs, Bob Balaban, Alan Bates , Charles
Dance, Laurence Fox, Tom Hollander, Derek Jacobi,
Jeremy Northam, Clive Owen, Camilla Rutherford,
Adrian Scarborough, James Wilby Freddie
Compositeur :
Patrick Doyle
Chef décorateur :
Stephen Altman
Chef monteur :
Tim Squyres
Musique
: Patrick Doyle
Production
: Capitol Films, The Film Council
Production Capitol Films (USA), Chicagofilms (USA),
Film Council (UK), Meduza Produzione (Italie)
Sandcastle 5, (USA), USA Films (USA).
Producteur
: Robert Altman, Bob Balaban, David Levy
Distribution
: Mars Films
Pays
: Royaume-Uni, USA, Allemagne
Langue
: Anglais
Sortie France
: 20 mars 2002
Durée
: 2h 17
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