SYNOPSIS :
Alors qu’elle court à l’école, Min-ah trouve un journal intime.
Lorsqu’elle l’ouvre, elle est victime d’étranges hallucinations.
Intriguée par le journal, Min-ah feint un malaise et profite
de se retrouver à l’infirmerie du collège pour se plonger dans
le journal intime. Là, elle est le témoin involontaire d’une
étreinte amoureuse entre Hyo-shin et sa petite amie Shi-eun,
les rédactrices du fameux journal. A partir de ce moment, d'étranges
événements vont peu à peu bouleverser la vie de Minh-ah. La
journée des jeunes filles au collège est à moitié terminée et
les étudiantes sont traumatisées à l’idée de passer leur examen
de santé annuel. Soudain, leurs enfantillages sont interrompus
par un cri qui annonce la mort de Hyo-shin. Alors que différentes
rumeurs entourent cette mort suspecte, Min-ah continue à suivre
les indices laissés entre les lignes du journal. Et, comme l’incantation
" Memento Mori " le suggère, elle a la sensation qu’une entité
fantomatique s’infiltre dans chaque coin du collège. |
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FASCISME ORDINAIRE
Derrière la
vitre d'un lycée, en Corée, un œil géant
impérial scrute un microcosme en pleine ébullition.
Longuement suggérée, l'impression de surveillance
est personnifiée une seule et unique fois. Présence
d'un œil supérieur hallucinant, apparition irréaliste
logique : les lycéennes sont répressives et
le cadre, les traditions ne cessent de prôner l'ordre.
L'organe fascisant de haute-surveillance a valeur démiurgique
: il conditionne les faits et actes des écolières
innocentes, devenues cyniques car manipulées par les
fils invisibles d’un état profondément puritain.
Deux jeunes filles sortent du rang. Elles s'aiment. Elles
le disent, le montrent. Memento Mori raconte le combat
d'une union naturelle contre une société hostile.
Un pacte amoureux confronté au pacte social conservateur
où aimer quelqu'un du même sexe est mal considéré,
où la liberté de deux jeunes filles achoppe
continuellement sur les contraintes de " normalité
" et les craintes d'une autorité pontificale, soi-disant
supérieure et protectrice d'une uniformisation du désir.
Les portes du lycée sont fermées : personne
ne peut sortir, rien ne sert de crier, ni de les forcer. Clôture
des portes qui métaphorise les esprits clos, enfermés.
Les cinéastes se délivrent ainsi de la violence
contenue du film, en blâmant une jeunesse étriquée,
déjà précocement réactionnaire.
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Aussi, Memento Mori
ne se résume pas à un manifeste politique, mais
plus à un manifeste amoureux. Les deux lycéennes
ne condamnent pas le lycée, habile métonymie
de la société coréenne, qui les pointe
du majeur, mais s'y adapte en faisant fi des commérages
et autres menaces à leur recherche de bonheur. Souvent,
dès que l'une ou l'autre pénètre dans
une salle où le chahut des lycéennes devient
silence, une plongée subjective inquiétante
tournée en caméra vidéo s'insère
alors, personnifiant les yeux des autres, guêpier d'écolières
plus que de lycéennes. Le jeu des actrices incarnant
les écolières paraît subtilement travaillé
: elles alternent rires hystériques et sanglots névrotiques,
attendrissement fatal et méfiance total envers les
amantes " différentes ", du mépris au dénigrement
mécanique. Jusqu'à l'agression physique, où
le combat général devient pogrom et efface les
simples turbulences du pugilat enfantin. Une ignorance de
soi, un rejet de l'autre, un rejet de soi, une ignorance du
monde : les écolières haineuses aveuglées
par le leurre de l'ordre supérieur, voire par leurs
vœux enfouis de chasteté, arrachent aux amoureuses
leur destin et leur dessein légitime d'union secrète,
déjà mise en péril. Des lycéennes
prêtes à l'internement psychiatrique, lorsqu’elles
molestent l'une des deux amoureuses. Memento Mori fait
donc preuve de vérisme sous ses allures baroques fantastiques,
dans un documentaire d'époque sur la jeunesse coréenne.
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Le film Memento Mori fut très
remarqué aux rencontres internationales
du cinéma en octobre 2000, puis au festival
de films Gays et Lesbiens à Paris.
Min Kyu-dong
: il est né à Inchon (Corée
du Sud) en 1970. Après des études
d'économie à l'université
de Séoul, il se passionne pour la mise
en scène et prends des cours à l'Académie
coréenne des films d'art. Il réalise
ensuite plusieurs courts-métrages dont
Bird et Her Story, remarqués dans les festivals.
Les deux derniers, Seventeen (1997) et Pale blue
dot (1998) sont cosignés par son ami Kim
Tae-yong.
Kim Tae-yong
: Né à Séoul (Corée
du Sud) en 1969, il suit des études de
sciences politiques, puis se lance dans la production.
Ce n'est que par la suite qu'il étudie
la mise en scène à l'Académie
coréenne des films d'art.
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Titre original
: Memento Mori
Réalisateurs
: Kim Tae-Yong & Min Kyu-Dong
Acteurs
: Park Ye-Jin, Lee Young-Jin, Kim Min-Sun, Kim
Min-sun, Park Yeh-jin, Kim Min-hee, Gong Hyo-jin,
Paik Jong-hak
Scénaristes :
Kim Tae-yong & Min Kyu-dong
Photographie
: Kim Yoon-soo
Montage :
Kim Sang-bum
Son :
Ryu Dae-hyun
Musique :
Cho Sung-woo
Festivals :
Rencontres Internationales du Cinéma (2000),
Festival de films Gays et Lesbiens (2000), Festival
du film de Slamdance (Prix de la meilleure photographie).
Production :
Cine 2000
Distribution
: Ad Vitam
Sortie France
: 08 Mai 2002
Pays :
Corée du sud
Durée
: 1h 37mn
Année :
1999
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