SYNOPSIS :
Une femme descend d'un train de banlieue. On distingue à peine
son visage. Derrière elle, discrètement, un jeune homme la suit.
A la consigne, elle récupère une valise et s'enferme dans les
toilettes. Elle en ressort vêtue d'un tailleur chic, avec des
lunettes noires. Une femme fatale. A un guichet, elle demande
un billet pour "le premier train qui part vers la mer". Le jeune
homme a juste le temps de lire la destination du train… Une
femme peut-elle refaire sa vie, quand son passé la poursuit
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L'INSAISISSABLE
Un film, ça ne se
rattrape pas. La repentie de Laetitia Masson, encore
moins.
On continue de courir après.
La repentie, un film
qui n'est pas aimable, un film qui échappe continuellement.
L'insaisissable, à
l'instar de son personnage principal. La femme insaisissable,
qui changeait de peau dans les gares comme elle change d'humeur,
la femme qui s'inventait des pronoms selon son interlocuteur,
la femme qui dissimulait son amour.
Charlotte, Louise ou Leila,
être de fuite. Une femme en reconstruction, (é)prise
dans sa fragilité, cherchant à être rassurée.
Bye bye le passé n'en parlons plus, même s'il
faut le traîner sous la forme d'une valise ou d'un Karim
resurgi.
Charlotte/Leila navigue
entre attachement et détachement. Certains se demanderont
ce que veut vraiment cette femme pendant 2h05, s'énerveront
à ne pas trouver de réponse. Mais c'est pourtant
là que réside l'émotion, dans cet état
d'indétermination que beaucoup d'entre nous, perdus
dans le monde, connaissons. Nous sommes tous des "Charlotte
/ Leila", perdu(e)s dans l'errance. Se fixer quelque part
n'est pas bon. Il faut partir, comme si nous voulions nous
projeter hors de nous-mêmes. Sans savoir si nous y arriverons.
Charlotte/Leila, c'est une
enfant qui aurait malencontreusement perdu son innocence et
qu'on aurait vaguement voulu nommer "adulte", contre son gré.
Dans son regard, dans ses gestes, dans sa spontanéité,
revient pourtant l'enfance.
C'est aussi une femme qui
aurait vécu plusieurs vies sans pour autant avoir vécu
"la bonne", celle qui l'aurait pleinement satisfaite. La grâce,
c'est quand elle trouve des morceaux de cette vie idéale,
quand elle rêve dans les trains ou danse au bord de
la mer. Charlotte/Leila est une femme qui a peur des mots,
ceux qu'on lui dit, ceux qu'elle énonce. Pas de meilleur
interlocuteur que la musique et la danse, suscitant des moments
suspendus. En souhaitant revoir ses parents, sa famille, Charlotte
poursuit le rêve inachevé d'un recommencement
impossible, dont le double échec (rejet de la sœur,
de la mère) ternit sans doute l'espoir.
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