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La Repentie (c) D.R. LA REPENTIE
de Laetitia Masson
Par Bernard PAYEN


SYNOPSIS : Une femme descend d'un train de banlieue. On distingue à peine son visage. Derrière elle, discrètement, un jeune homme la suit. A la consigne, elle récupère une valise et s'enferme dans les toilettes. Elle en ressort vêtue d'un tailleur chic, avec des lunettes noires. Une femme fatale. A un guichet, elle demande un billet pour "le premier train qui part vers la mer". Le jeune homme a juste le temps de lire la destination du train… Une femme peut-elle refaire sa vie, quand son passé la poursuit ?

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L'INSAISISSABLE

Un film, ça ne se rattrape pas. La repentie de Laetitia Masson, encore moins.

On continue de courir après.

La repentie, un film qui n'est pas aimable, un film qui échappe continuellement.

  La Repentie (c) D.R.
L'insaisissable, à l'instar de son personnage principal. La femme insaisissable, qui changeait de peau dans les gares comme elle change d'humeur, la femme qui s'inventait des pronoms selon son interlocuteur, la femme qui dissimulait son amour.

Charlotte, Louise ou Leila, être de fuite. Une femme en reconstruction, (é)prise dans sa fragilité, cherchant à être rassurée. Bye bye le passé n'en parlons plus, même s'il faut le traîner sous la forme d'une valise ou d'un Karim resurgi.

Charlotte/Leila navigue entre attachement et détachement. Certains se demanderont ce que veut vraiment cette femme pendant 2h05, s'énerveront à ne pas trouver de réponse. Mais c'est pourtant là que réside l'émotion, dans cet état d'indétermination que beaucoup d'entre nous, perdus dans le monde, connaissons. Nous sommes tous des "Charlotte / Leila", perdu(e)s dans l'errance. Se fixer quelque part n'est pas bon. Il faut partir, comme si nous voulions nous projeter hors de nous-mêmes. Sans savoir si nous y arriverons.

La repentie (c) D.R.
Charlotte/Leila, c'est une enfant qui aurait malencontreusement perdu son innocence et qu'on aurait vaguement voulu nommer "adulte", contre son gré. Dans son regard, dans ses gestes, dans sa spontanéité, revient pourtant l'enfance.

C'est aussi une femme qui aurait vécu plusieurs vies sans pour autant avoir vécu "la bonne", celle qui l'aurait pleinement satisfaite. La grâce, c'est quand elle trouve des morceaux de cette vie idéale, quand elle rêve dans les trains ou danse au bord de la mer. Charlotte/Leila est une femme qui a peur des mots, ceux qu'on lui dit, ceux qu'elle énonce. Pas de meilleur interlocuteur que la musique et la danse, suscitant des moments suspendus. En souhaitant revoir ses parents, sa famille, Charlotte poursuit le rêve inachevé d'un recommencement impossible, dont le double échec (rejet de la sœur, de la mère) ternit sans doute l'espoir.