POINT DE VUE
800 km de distance…est un
film inoubliable, qui nous taraude l’esprit de bien longs
moments après l’avoir vu. Il nous taraude et nous torture
par l’intermédiaire d’une cohue de questions telles
que : Est-il si facile d’obtenir un montage financier
pour commettre un film ?
Qu’est-ce que le cinéma ?
Ou tout simplement, Pourquoi ?
Toutes ces questions resteront
vides, et là réside peut-être une amorce
de réponse : la vacuité ! ensemble
vide, vertigineux où d’aucuns trouveront des réponses-miroirs
de leur propre et légitime obsession.
Nous en voulons pour preuve
irréfutable, l’analyse effectuée par deux de
nos critiques nationaux : Gérard Lefort officiant
à Libé y voit la grave beauté
adolescente de l’amoureux de la jeune fille en précisant
qu’il possède un torse d’homme plein de poils sur un
visage de gros poupon ( chacun son truc). Serge Kaganski des
Inrocks parle, lui, de dispositif où l’on retrouve
sa chère lutte des classes entre le péquenot
du sud et la p’tite parisienne, fille d’artiste (sic !).
Bref ! il s’agira avant
tout d’un film ex nihilo, ne reposant sur rien.
A chacun d’y voir ses obsessions
tant l’exégèse est un exercice secourable pour
ne point mourir d’ennui à la vision de ce non-film.
Toutefois, je me permettrais
d’exposer rapidement la mienne, que l’on ne soit pas là,
marri pour rien. Il y a dans ce docu-fiction une vision tératologique
du temps, certes bien involontaire mais n’en demeure pas moins
qu’elle fût à la réflexion sacrément
angoissante.
Claire Simon rend hommage
à Kant en faisant du concept de permanence du temps
( caractère de ce qui demeure le même malgré
l’écoulement du temps) une monstruosité en puissance,
polymorphe, qui s’applique à tous les moments de son
film.
Sa caméra filme l’été,
les sudations excessives de ses protagonistes portés
à l’ennui par un soleil de plomb à vous dégoûter
des congés payés ( ce qui n’est déjà
pas si mal).
De la mécanique répétitive
des journées s’écoulent parfois alors des moments
de vie symbolisés par l’étude comportementale
qu’elle effectue (vicieuse ?) sur les adolescents.
C’est de ces instants que
nous percevons l’atavisme dégénéré
de cette jeunesse en action.
L’affligeante et unique
préoccupation des deux amoureux boutonneux étant
de reproduire le schéma du couple papa-maman avec tous
les travers et les inconvénients de ce genre de situation :
l’ennui, les petits tracas de jalousie, l’avenir sont traités
avec jubilation par les deux ados dans une atmosphère
pré-giscardienne où chacun reste à sa
place dans son rôle homme-femme avec les convenances
hiérarchiques qui s’imposent.
C’est ce qui surprend le
plus dans ce portrait : voir deux adolescents décérébrés
transpirant de désir à reproduire le petit schème
bourgeois d’une France dépassée, loin de tout
élan de vie que l’on est en droit d’attendre de la
jeunesse, soit-il nihiliste.
Tout cela crée donc
un phénomène de permanence du temps, une prostration
idéelle sans intérêt si ce n’est l’énervement.
On se fût offusqué que je manquasse à
l’exprimer.
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Titre : 800
km de distance - Romance
Réalisateur :
Claire Simon
Scénario : Claire
Simon
Interprètes :
Manon Garcia , Grégory Mutti , Serge Mutti
, Joseph Mutti
Directeur de la photographie
: Claire Simon
Monteur : Claire Simon
Musique : Jean Mallet,
Florence Valay
Production : Agat Films
et Cie
Producteur : Nicolas
Blanc
Distribution : Ciné
Classic
Sortie le : 06 mars
2002
Durée : 1h 18
mn
Pays : France
Année :
2001
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