SYNOPSIS :
Dans un univers magique, le courageux chevalier Tristan et la
belle princesse Iseut se rencontrent et tombent amoureux. Les
mauvaises intentions de l'envieux baron Ganelon menacent leur
amour, mais ils parviendront à surmonter les obstacles
avec l'aide de leurs mais enchantés, Puck, l'esprit farfelu
de la forêt et Teazle, la fée... |
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LA MODERNITE RATE SA CIBLE
Tristan et Iseut
pose d’emblée la question du renouvellement du dessin
animé en matière de support. En effet, nous
pouvons trouver dans le dossier de presse, plusieurs paragraphes
vantant les mérites d’une nouvelle technique d’animation
qui " apporte une crédibilité aux
personnages proche des films de fiction ", jamais
utilisée encore pour un long-métrage, et qui
permet de " conserver une image classique ",
bien que les images originelles soient en 3D.
Alors pourquoi utiliser
cette technique révolutionnaire, si celle du dessin
animé classique en est aussi proche ? Il faut
savoir que Tristan et Iseut est un film européen
créé par les studios Oniria (firme luxembourgeoise),
et que la première et principale volonté de
celle-ci est bien de concurrencer les studios hollywoodiens
sur leur propre terrain.
Nous pouvons voir émerger
depuis quelques années une alternative au dessin animé
classique fait à la main : le dessin animé
en images de synthèse. Ces deux tendances sont toutes
deux représentées par Disney et son studio Pixar,
bien que quelques autres studios tentent de se lancer dans
l’aventure. La différence entre les deux modes d’animation
chez Disney n’est pas simplement une différence de
support, une avancée technologique, car, bien que le
dessin animé classique semble être peu à
peu grignoté par la synthèse (dès La
Belle et la Bête), une certaine tradition perdure
- malgré ce que l’on peut penser - ne serait-ce que
sur le fond (aventures humaines merveilleuses, amour et humour).
Et c’est par le biais de l’animation de synthèse que
Disney s’attaque à d’autres thèmes et surtout
d’autres personnages (comme les autres studios d’ailleurs).
En effet, après Toy Story qui mettait en mouvement
les jouets d’un enfant, 1001 et pattes et Dinosaures,
arrive Monstres et compagnie, qui dévoile le
vrai visage des monstres enfantins (américains évidemment).
Ainsi, le dessin animé en images de synthèse
se réserve les personnages fantasmatiques et inhumains
(fourmis, monstres, dinosaures…), alors que le dessin animé
classique perdure chez Disney dans l’imagerie humaine (en
témoigne leur dernier opus : Atlantide).
Deux techniques au service de deux imageries distinctes. Oniria,
avec son désir farouche de concurrencer Disney et l’Amérique,
fit le choix (raisonné ?) d’assimiler classicisme
et modernité. Ainsi, nous retrouvons une histoire tirée
des mythes et des contes (comme pouvaient l’être Blanche
Neige ou La petite sirène) magnifiée
par l’esprit de Thierry Schiel (comme chez Disney, il serait
inconcevable de donner à voir aux enfants les fins
cruelles de ces contes : ne revenons pas sur l’aspect
moral de ce genre de procédé) associée
à cette nouvelle technique permettant à la fois
fluidité, qualité du dessin, rapidité
d’exécution, et surtout faible coût. Car l’un
des arguments d’Oniria pour vanter les mérites de son
film est aussi le fait que le film a été bouclé
en un an au lieu de deux à cinq ans pour un dessin
animé classique.
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Mais la technique, aussi
impressionnante qu’elle soit (et elle ne l’est pas :
la finition des personnages et la superposition personnage/décor
laissent souvent à désirer), doit-elle n’être
là que pour elle-même, ou servir à instaurer
une réelle modernité, en tous cas une réelle
nouveauté, tant sur le fond que sur la forme ?
L’histoire de Tristan et Iseut, qui n'avait jamais
été adaptée sous la forme d'un film d'animation,
avec ses ingrédients plus que classiques, voire réchauffés
(amour vainqueur, lutin humoristique - on échappe de
peu aux chansons à l’eau de rose - ) ne convainc pas,
alors que certains dessin animés bien antérieurs
utilisant le dessin classique sont d’une originalité
étonnante (le dessin animé, on a tendance à
l’oublier, peut revêtir de multiples formes, et pas
seulement celle de Disney). En témoigne la manifestation
L’enfance de l’art qui propose une série de
films d’animation accessibles aux enfants comme aux adultes,
avec par exemple La planète sauvage, Histoires pour
prendre l’air ou encore Le roi et l’oiseau… Les
bons sentiments n’atteignent pas toujours leur but, et la
modernité n’est pas toujours là où on
croit.
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Titre : Tristan et Iseut
Réalisateur :
Thierry Schiel
Auteur : Thierry
Schiel
Production : Oniria
Production
Distribution :
Oniria Distribution & Mars Films
Durée :
1h 23 min
Sortie France :
3 avril 2002
Pays : France
Année :
2002
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