SYNOPSIS :
Six mois se sont écoulés depuis la disparition de Rachel Siprien.
A la demande de la mère de cette dernière, François, enquêteur
privé, reprend l'affaire. La personnalité à multiples facettes
de la jeune femme dessine un réseau complexe entre sa meilleure
amie, Clarisse, son ex-petit ami, son beau-père, ses voisins
et ceux qui l'ont connue de près ou de loin. François va ainsi
naviguer de l'un à l'autre, pénétrer plus avant dans sa vie
diurne et nocturne, espionner, poser des questions, et combler
les blancs laissés volontairement par ses interlocuteurs. |
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POINT DE VUE
Suite à la
disparition de la jeune Rachel, Guillaume Nicloux, fidèle
au polar, lance à sa recherche Thierry Lhermitte, alias
François Manéri. Cette quête met au grand
jour la face cachée de cette étudiante, pas
sérieuse et surtout très perverse : jusque-là,
pas grand-chose de nouveau.
On entre dans le film sur
des chapeaux de roues, par une filature efficace et tendue,
rythmée par la musique hallucinée de Mingus.
Mais l'intrigue conventionnelle déçoit. Et la
fin - miteuse - la saborde. Le scénario ne tient pas
la route : pourquoi le détective ne dispose-t-il que
d'une seule photo de la disparue, si ce n'est pour faciliter
le renversement final de l'histoire ?
Encore une fois, on se chagrine
de la distance avec laquelle bon nombre de films traitent
le genre, comme si l'on ne devait et pouvait plus le prendre
au sérieux, ou encore que raconter des histoires de
manière innocente était désormais "has
been".
Nicloux laisse de côté
l'intrigue pour s'arrêter sur les personnages et les
lieux dans lesquels ils baignent.. Le film vaut plus pour
son climat, le parcours sinueux qu'il emprunte, jonché
de réjouissances diverses - dont quelques-unes et non
des moindres, sont l'apparition de Jean-Pierre Darroussin
dans un club échangiste, regardant sa femme donner
en spectacle ses ébats, et conseillant poliment à
Thierry Lhermitte de se masturber, ou encore celle de Jeanne
Balibar, improbable en mère de famille heureuse, dans
sa maison Phœnix au beau milieu d'une résidence pavillonnaire.
Si Guillaume Nicloux délaisse
le suspens, c'est donc pour travailler une esthétique
de la surprise, dont le principal ressort est l'utilisation
systématique du contre-emploi. Il a bien saisi ce qu'il
y avait de touchant dans notre Lhermitte dégingandé,
à la chair vieillissante, aux paupières tombantes,
par-delà ses emplois comiques, avec cette espèce
de raideur dont il ne se départ jamais. Ce détective
va comme un gant à Thierry Lhermitte, usé jusqu'à
la corde sans être loser, divorcé à la
masse, vrai vieux garçon, briseur de cœur de celles
qui voudraient se réchauffer prés de son cuir
tanné : le " nul " en sentiment, aux abonnés
absents, mauvais père et époux, peut-être
bon amant occasionnel, et encore.
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