Par
Laurence BONNECARRERE
de l’équipe de Cinélycée.com
SYNOPSIS:
Début mai 1948. Un vieux cargo rouillé, le Kedma, fait route
en pleine mer. Des centaines de survivants de l’Holocauste venus
des quatre coins de l’Europe s’entassent sur le pont, à fond
de cale, partout où ils peuvent. Parmi eux, Rosa la Russe, blottie
dans les bras de Yanoush le Polonais, écoute Roman, le rescapé
du ghetto. Un peu plus loin, celui qui feuillette un livre de
prières en lambeaux, c’est Menachem, l’adolescent qui ne sait
que le yiddish...
Le 7 mai 1948, un cargo déglingué (le " Kedma
") dépose sur une plage de Palestine une poignée
de survivants de la Shoah. Les Britanniques, qui détenaient
un mandat sur cette région, viennent d’annoncer leur
départ, déclenchant de ce fait des combats violents
entre juifs et palestiniens. Un mois auparavant, la Haganah
(Organisation de défense clandestine juive) lançait
une opération ayant pour objectif la prise de certaines
villes et villages palestiniens.
Lorsque les protagonistes du film
abordent les rivages de Palestine, ils sont accueillis par
les tirs des soldats britanniques qui ont pour mission de
refouler les immigrants clandestins. Aussitôt après,
les hommes du groupe, épuisés et complètement
déphasés, sont enrôlés par un bataillon
du Palmach (combattants juifs). Dans une confusion indicible,
ils se lancent à l’assaut d’un village fortifié.
Le combat lui-même constitue le cœur
du film, tandis que le prologue et la séquence finale
s’attachent aux sentiments des rescapés des camps (scène
filmée dans le cargo) puis à la plainte des
survivants, après du carnage auquel nous venons d’assister.
Au début de l’histoire, la douce Rosa, rescapée
du goulag, étreint le chantre Menachem- dont la voix
bientôt se brisera et entoure de son affection Yanoush,
un polonais rescapé de Varsovie.
Puis c’est la bataille.
Dans un désordre inextricable, des êtres hallucinés,
sidérés, se croisent, se toisent, se maudissent
et s’entre-tuent. Le sentiment d’absurdité est ici
à son comble. Le théâtre de l’action est
très étroit (la Palestine se réduit ici
à un tas de cailloux et à trois figuiers, superbement
filmés au demeurant ; mais on est loin d’Exodus). L’incompréhension
des spectateurs n’a d’égale que celle des combattants
(fuir, tuer, mourir, qui, comment, pourquoi ?). Un Palestinien
se fraie un chemin dans la mêlée, aux côtés
de sa femme, et son âne qu’il réconforte affectueusement.
Deux monologues, celui de Youssouf, le Palestinien,
prophétique " Nous ferons des enfants révoltés,
génération après génération
" et celui de Yanoush, le juif, déchirant ("
Israël n’est plus un pays juif et moins que jamais, ni
ne le sera dans l’avenir. Tout est foutu, fini ") achèvent
le film, comme en écho au chant interrompu du jeune
chantre yiddish.
Lorsque le combat est terminé, la route a été
libérée, mais l’espoir est mort, tandis que
se sont évanouies les mémoires des survivants
et que s’est tue définitivement la voix de Menachem.
Amos Gitaï signe ici, une fois encore, un film intense,
poignant, à l’image de son personnage, Rosa, si précocement
déniaisée : " Si Dieu nous aime tant, se
demande-t-elle, que faisait-il pendant la Shoah ? À
quoi pensait-il ? Etait-il parti en vacances ? ". Et aussi
: " Il faut bien savoir qu’il n’y a pas de vie après
la mort ".
Titre : Kedma Réalisateur :
Amos Gitaï Scénaristes :
Marie-José Sanselme, Amos Gitaï Dialogues : Marie-José
Sanselme Directeur de la photographie :
Yorgos Arvanitis Acteurs : Andrei
Kashkar, Menachem Lang, Nikol Varom, Helena Yaralova,
Youssef Abu Warda, Moni Moshonov, Sandy Bar Compositeur : David
Darling, Manfred Eicher Montage : Kobi
Netanel Décors :
Eitan Levi Production : Agav
Films, Israël, Arte France Cinéma,
MP Productions, BIM Distribuzione Producteur : Laurent
Truchot, Amos Gitaï Coproducteur :
Michel Propper, Valerio De Paolis, Michael Tapuach Distribution :
Mars Films, France Presse France : BC Films
- Agnès Chabot Presse Internationale
: Richard Lormand, Viviana Andriani Vente : Celluloid Dreams Festival : Présenté
au Festival de Cannes 2002 Sortie France : 22 Mai
2002 Pays : Israël,
France, Italie Année :
2001 Durée : 1h40