SYNOPSIS :
Irlande 1924. Harry a perdu son fils et sa femme. Il vit avec
son fils cadet dans une petite maison à l’écart
du village de Skillet. Harry s’est depuis renfermé sur
lui-même. Il décide un jour de se choisir un ennemi
et d’exercer une haine sans limites sur lui. Son choix se fixe
sur Georges, l’homme le plus riche et le plus puissant du village,
au demeurant pas si antipathique. |
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POINT DE VUE
Une nouvelle chinoise transposée
dans l’Irlande des années 20, Une production franco-italo-irlandaise,
une réalisateur serbe : le moins que l’on puisse
dire c’est que Mon cher ennemi assume un statut franchement
cosmopolite, un caractère hybride un peu bizarre devant
lequel on peut se sentir dubitatif. Or le film sait faire
oublier cette particularité en ancrant très
localement le récit dans une Irlande champêtre
et désuète, où la couleur locale frise
parfois la carte postale. Rien ne manque au décor :
la pluie, l’herbe incroyablement verte, les moutons, les pubs
etc. On comprend très vite que ce parti pris très
net a pour ambition de souligner la portée universelle
et allégorique de l’histoire, qui pourrait se passer
n’importe où ailleurs, tant les passions humaines restent
identiques d’une culture à l’autre. Soit donc Harry,
vieil irlandais fort en gueule, homme brisé, qui décide
de se choisir arbitrairement un ennemi dans l’idée
que la haine est un moteur aussi vital que l’amour.
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Ce film repose donc sur
un postulat : l’exercice d’une haine purement aveugle,
sans raison, sans objet ; une haine causa sui, ontologique.
C’est dire le caractère allégorique, voire abstrait,
de Mon cher ennemi, qui fait penser à certaines
œuvres (films ou pièces) d’un courant dit existentiel.
Les pièces d’un Beckett justement, Irlandais lui aussi,
Harry pouvant apparaître comme un frère taciturne
de Vladimir et Estragon, les deux compères d’En
attendant Godot. De fait, le film de Paskaljevic cède
un peu à la théâtralité, qui transparaît
dans le jeu assez outré de Colm Meaney. De plus, il
m’a semblé que le postulat sur lequel se fonde le scénario
apporte un coté abstrait et une surdétermination
du récit et des personnages, autant d’éléments
qui conviendraient mieux à une pièce qu’à
un film de cinéma.
Au fond, dans ce film en
forme de parabole philosophique, il est tentant, eu égard
à la nationalité du cinéaste, de voir
un éclairage sur le conflit en Ex-yougoslavie. Une
vision absurde et pessimiste puisque Paskaljevic traite la
haine comme un invariant inhérent à la condition
humaine, sans raison. D’ailleurs elle pourrait aussi bien
se renverser en amitié .Ce que montrait bien No
Man’s land de Denis Tadovic. Ainsi, la haine que voue
Harry à Georges finit par constituer une forme d’attachement,
pour ne pas dire d’amour. Lorsque le second meurt dans des
circonstances tragiques et inattendues, on est pas si étonné
de voir Harry, qui à ce moment a tout perdu, pleurer
au chevet de son cher ennemi. La morale du film semble être
l’illustration de cette sentence de Nietzsche : " Qui
vit de combattre un ennemi a tout intérêt à
ce qu’il reste en vie ".
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Titre : Mon cher ennemi
Titre VO :
How Harry became a tree
Réalisateur :
Goran Paskaljevic
Adapté de la nouvelle :
Lao Dan
Ecrite par : Yang
Zhenguang
Acteurs : Colm
Meaney, Adrian Dunbar, Cillian Murphy, Kerry Condon
Scénario : Goran
Paskaljevic, Stephen Walsh, Christine Gentet
Compositeur : Stefano
Arnaldi
Directeur de la photographie :
Milan Spasic
Monteur : Petar
Putnikovic
Production : Cattleya,
Paradox Pictures, Film and General Productions
Ltd, Mact Productions
Producteurs : Antoine
de Clermont-Tonnerre, Riccardo Tozzi, Liam O’Neil,
Clive Parsons
Distribution :
Swift Distribution
Pays : France,
Irlande, Italie, Angleterre
Sortie France : 10 Juillet
2002
Durée : 1h 50mn
Année :
2001
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