SYNOPSIS:
Il existe encore, un peu partout en France, des écoles
à "classe unique", qui regroupent, autour du même
maître ou d'une institutrice tous les enfants d'un même
village, de la maternelle au CM2. Entre repli sur soi et ouverture
au monde, ces petites troupes hétéroclites partagent
la vie de tous les jours, pour le meilleur et pour le pire.
C'est dans l'une d'elles, quelque part au cœur de l'Auvergne,
que s'est tourné ce film.
Etre et avoir
est un documentaire. C’est un beau, simple et vigoureux documentaire
qui suit l’année scolaire dans une classe unique d’Auvergne.
Où des écoliers, du CP au CM2, s’efforcent de
répondre à l’austère dévouement
de leur maître. Le récit procède par étapes,
par dévoilements, épousant la sérénité
troublée de la nature, dont les paysages ponctuent
le montage comme une page que l’on tourne, sur laquelle on
souhaiterait s’arrêter. On pense à Lars Von Trier
qui dans Breaking the waves entrecoupait ses cadres
déchiquetés, son récit insoutenable et
poignant, de tableaux sereins aux couleurs sucrées.
Le contraste jouerait également dans Etre et avoir,
entre la nature, ses apparats saisonniers, suspendue par la
contemplation de l’auteur, et le récit serré,
exigeant, parfois éprouvant. Il y a surtout, outre
le plaisir de filmer, la volonté de donner à
voir ce qui entoure cette école. La nature telle qu’elle
est. Une classe telle qu’elle vit. Le temps passe, les saisons
tournent, l’année avance. Le collège pour les
uns, la retraite pour le maître. Si sociologie il y
a, elle est en friche, , implicite, esquissée. Philibert
dévoile sans exhiber, souligne sans asséner.
Si le propos conjugue finesse et variété, c’est
parce qu’il ne s’impose pas. Le mérite d’Etre et
avoir est aussi d’avoir livré une méditation
sur le temps subi par l’enfance, et non déploré
par la vieillesse. Non pas le temps disparu, mais le temps
qui s’avance et menace. Il y a une véritable empathie
chez Philibert, sans amertume ni fantasme : l’enfance n’est
pas seulement éclats de rires et vertes prairies, (même
en Auvergne…), mais aussi calculs assommants, compas réfractaires,
coloriages soporifiques que l’on voudrait abandonner. La curiosité
parfois, l’ennui et la violence également. Philibert
prend l’enfance au sérieux. Ce rendu têtu, sincère,
intègre du monde, c’est l’engagement d’un documentariste
livrant ce qu’il ressent : que le monde est complexe,
rugueux, mais aussi admirable, donc admiré et décrit.
Une description dans laquelle l’auteur se montre sans empiéter
sur l’univers qu’il peint. Comme si la complicité manifeste
entre un maître et ses élèves, un regard
et un lieu, entre la fiction et le documentaire n’étaient
pas seulement souhaitables, mais nécessaires. On pourra
lui reprocher ses enfants, trop enjôleurs, trop mignons.
Son maître d’école, que certains jugeront trop
dévoué, trop attentif, trop obstiné pour
être vrai. On pourra reprocher à Philibert d’aimer
ce qu’il filme, de faire part, à sa façon, de
son plaisir. On pourra aussi soutenir l’inverse, trouver qu’il
ne montre, ne dit pas assez. On pourra surtout reconnaître
que pour nous émouvoir, Philibert est parti de routes
venteuses, d’étables, de crayons, de visages, de bâillements
et de troupeaux, laissant le réel respirer et livrer
son souffle. Reconnaître que l’enchantement s’est patiemment
institué. Que Philibert a su allier pudeur et plaisir,
ce qui est rare. Donc précieux.
Titre : Etre et avoir Réalisateur :
Nicolas Philibert Images : Katell
Djian, Laurent Didier, Nicolas Philibert Avec : Georges Lopez
(l’instituteur) et…ses élèves Musique : Philippe
Hersant Montage : Nicolas
Philibert Production : Maïa
Films Presse France : Marie
Queysanne Coproduction :
ARTE France, Les films d’ici, Centre National
de pédagogie Vente à l’étranger
: Mercure Distribution Distribution : Les films
du losange Festival : Sélection
officielle du festivals de Cannes 2002 Sortie France :
28 août 2002 Pays : France Durée :
1h 44