SYNOPSIS :
A 30 ans, la vie réussit à Irène, jeune
femme dynamique, juriste dans une grande entreprise. Un bon
job, un bel appart, une voiture, des copines sympa… Mais il
y a un problème : Irène n'a pas d'homme dans sa
vie ! Il est temps que ça change !
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POINT DE VUE
La " comédie
pour célibataire " connaît actuellement
ses plus beaux jours avec notamment le succès du Journal
de Bridget Jones, film auquel on pense inévitablement
à la vision d’Irène. Mais contrairement
à son équivalent anglo-saxon qui finissait par
noyer le potentiel de l’histoire et de ses personnages dans
la mièvrerie hollywoodienne, le film d’Ivan Calbérac
reflète avec finesse une certaine réalité
sociale.
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Ce qui l’écarte des
innombrables écueils de la comédie romantique
mal assumée, c’est la distance et l’ironie de la mise
en scène. Lorsqu’un film de studio rit des pathologies
sentimentales de ses personnages, il finit systématiquement
par sombrer dans le happy-ending forcené, comme pour
s’excuser de présenter les choses un peu trop comme
elles arrivent dans la réalité (Bridget Jones
est l’exemple parfait). Symptomatiquement, Ally McBeal symbolise
toute la génération des " céli-battantes ",
évolution 90’s des " working girls "
80’s dans un show télévisé hebdomadaire,
ce qui repousse indéfiniment l’échéance
à laquelle le scénariste aurait du finalement
" caser " l’héroïne et ainsi
contredire le point de départ.
Cette tendance s’illustre
au cinéma avec la célibataire endurcie qui va
finalement se laisser fondre dans les bras d’un bon vieux
Jules ; ces films prenant toujours au départ,
les allures d’une célébration de l’indépendance
féminine et de l’évolution des mœurs, pour finalement
remettre les choses en place à travers une morale bien
conservatrice qui retourne au schéma du couple, figure
incontournable et nécessaire à toute exploitation
commerciale.
Irène, elle,
n’est pas spécialement sympathique, et ce malgré
le charme de la talentueuse Cécile de France, le réalisateur
sait en jouer et jusqu’au bout, se place du côté
de celles et ceux qui, quoiqu’ils fassent, se retrouvent toujours
le bec dans l’eau. Il ne représente pas le célibat
comme un hasard ou un contre-temps, ne l’excuse pas avec une
tare physique, mais bien comme une pathologie, un cercle vicieux
de l’enfermement dont on peut retrouver les sources au sein
du cocon familial.
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On souligne au passage
la saveur des personnages secondaires et notamment du couple
parental, irrésistible. Mais ce point de vue n’est
pas pour autant complaisant, car l’ironie se fait sentir à
chaque scène, montrant avec un œil acerbe le pathétisme
érigé en mode de vie du personnage central et
de quelques autres. Personne n’est épargné ici,
notamment à travers la peinture amère du monde
du travail dans une entreprise symbolique où la femme,
à force de revendications s’enferme dans un cynisme
qu’elle ne contrôle plus. Le jeune cadre dynamique
branché " nouvelles technologies "
à tel point qu’elles conditionnent même sa sexualité,
ou le patron, " dévasté "
par trente ans de mariage mal digérés. Irène,
au milieu de tout ça devient une sorte de Candide qui
va chercher sa voie parmi toutes les errances sentimentales
véhiculées par une société qui
brouille de plus en plus les pistes, à l’image du Paris
représenté par ces plans d’ensemble grouillants
et gris, loin de l’image romantique de la ville. Pour résumer,
la grande réussite du film se situe dans le fait qu’il
est impossible à cataloguer et qu’il maintient un juste
équilibre en ironie et sincérité, humour
et réelle détresse…
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Titre :
Iréne
Réalisateur
: Ivan Calbérac
Scénario : Eric
Assous, Ivan Calbérac, Benoît Labourdette
Acteurs : Cécile
de France , Bruno Putzulu , Olivier Sitruk , Patrick
Chesnais, Estelle Larrivaz, Agathe de Laboulaye
Directeur de la photographie :
Vincent Mathias
Chef décorateur :
Sylvie Olive
Monteur : Diane
Logan
Producteur : Thierry
de Navacelle
Production : TNVO
Distribution : SND
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