SYNOPSIS :
Dans le contexte de tensions politiques de la fin des années
60, Anou, un garçon timide de l'Est du Pakistan (l'actuel Bangladesh),
est envoyé par son père, musulman orthodoxe, dans une madrasa.
Eloigné de sa famille et des festivités hindoues de sa région,
Anou lutte pour s'adapter à la rudesse de sa nouvelle vie. Au
village, un abîme d'incompréhension se creuse entre ses parents,
à l'image de l'opposition grandissante entre les forces modérées
et les extrémistes à l'intérieur de la madrasa. Le bouleversement
politique saisit le pays, aboutissant à la guerre civile... |
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POESIE ET INSOUMISSION AU BENGLADESH
Années 1960 : le Bengladesh
n’est alors qu’une province du Pakistan. Trois millions de
morts et quelques années plus tard (1971) , le Bengladesh
proclame son indépendance. Le réalisateur qui
vivait à cette époque dans un village reculé
de cette province évoque ici certains des événements
douloureux qui ont marqué son enfance.
De la guerre civile, toile de fond du récit,
on ne perçoit que certains échos , indirects
ou étouffés . Le récit se concentre
sur le jeune Anu : ce sont ses souffrances, sa sensibilité
mais aussi sa capacité de résistance à
l’endoctrinement et au désespoir qui constituent le
véritable sujet du film.
L’histoire débute lorsque Anu quitte
le monde protégé de l’enfance au sein d’un village
marqué par la douceur relative des traditions hindouiste.
Il doit intégrer une " madrasa "
(école coranique) et s’initier aux rigueurs des mœurs
islamiques. L’Islam : c’est la religion que son père
a épousé et à laquelle il se voue avec
une ferveur irréprochable. " Allah est grand.
Tous nos malheurs sont mérités " :
tel sera son seul commentaire face au déluge de malheurs
qui vont s’abattre sur sa famille, son village et enfin son
pays.
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Tareque Masud évoque dans un premier
tiers du film l’existence d’une famille pauvre qui coule des
jours encore tranquilles dans un cadre enchanteur (le réalisateur
est un coloriste délicat et certains plans font songer
aux harmoniques d’un Vermeer).Il excelle dans l’art d’évoquer
la spontanéité d’un geste tendre, la douceur
d’un plaisir dérobé, le frêle bonheur
de l’insouciance. Toutefois le caractère démonstratif
du réquisitoire qui suit donne une autre orientation
au film (message ?). Les ravages suscités par
la foi aveugle sont pourtant dénoncés à
bon escient, nous semble-t-il. Le père-fanatique imbécile
et masochiste - est le principal accusé. Pas le seul
non plus : une scène dans laquelle un jeune écolier
malade est pratiquement noyé par ses maîtres
religieux- sous couvert d’exorcisme- est assez probante ,
au même titre que tous les fragments de textes sacrés
dont on abreuve les enfants. Mais ce n’est pas l’Islam qui
est en cause en tant que tel, mais son exploitation politique,
obscurantiste et superstitieuse. (Spinoza, Tareque Masud :
même combat !).L’épouse douce et soumise
qui finit par dire ses quatre vérités à
son bourreau domestique incarne, une fois encore, l’espérance.
Lorsque s’achève le film, Anu a tout
perdu ou presque. Mais il a acquis la force d’âme qui
lui permettra de témoigner , et de devenir l’artiste
que nous saluons ici.
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Titre : L’oiseau
d’argile
Titre Version Original
: Matir Moina
Réalisateur :
Tareque Masud
Scénario : Tareque
Masud, Catherine Masud
Photographie : Sudheer
Palsane
Avec : Nurul Islam
Bablu , Russell Farazi , Jayanto Chattopadhyay
, Rokeya Prachy
Musique : Moushumi Bhowmik
Festival : Quinzaine
des réalisateurs
Production : MK2 Productions
Distribution : MK2 Diffusion
Sortie le : 17 mai 2002
Durée : 1h 34
mn
Pays : Bangladesh
Année :
2002
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