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Spider (c) D.R. SPIDER
de David Cronenberg
Par Christophe CHAUVIN
de l’équipe de Cinélycée.com


SYNOPSIS : Après plusieurs années d'internement psychiatrique, un jeune homme, surnommé Spider, est transféré en foyer de réinsertion dans les faubourgs de l'est londonien. C'est à quelques rues de là qu'enfant, il a vécu le drame qui a brisé sa vie. Il n'avait pas encore douze ans, lorsque son père a tué sa mère pour la remplacer par une prostituée dont il était tombé amoureux. De retour sur les lieux du crime, Spider replonge peu à peu dans ses souvenirs et mène une étrange enquête.

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POINT DE VUE

Très attendu à Cannes six ans après Crash, le nouveau film de David Cronenberg est enfin arrivé et on n’est pas déçu du voyage ! Voyage en effet, puisque le film se présente comme une éprouvante (en)quête à l’intérieur de l’esprit d’un schizophrène, qui donne son prénom au film.

Spider, après plusieurs années d’internement en hôpital psychiatrique, revient à Londres sur les lieux de son enfance où, étant jeune, il a vécu un drame psychologique familial traumatisant. Comme le personnage de Memento, il part à la recherche d’une vérité profonde, enfouie au fin fond de son esprit malade, où les personnages se substituent à d’autres (cf. Lost Highway et Mulholland Drive) et où la réalité et sa représentation sont parfois très différentes.

  Spider (c) D.R.
Même s’il peut paraître éloigné des autres films de Cronenberg, Spider n’en est pas moins étrange. Ici, ni scènes gores, ni manipulations génétiques. Le film rejoint néanmoins Exitenz en ce sens qu’il repose sur la difficulté de savoir dans quelle réalité nous vivons. Car Spider est plus un film sur la psychose, la perte de la réalité que sur la schizophrénie, dont le metteur en scène ne prétend jamais donner une définition (si tant est qu’on puisse la définir). S’inspirant visiblement de Kafka et de Freud, Cronenberg propose une approche plutôt psychanalytique. La figure de la mère (Miranda Richadson dans un triple rôle), omniprésente dans le film, apparaît à travers divers personnages qui jouent tous un rôle important dans la vie du protagoniste Le complexe d’Œdipe de Spider, dû à la mort de sa mère, et le trauma qui en résulte, ont vraisemblablement précipité sa folie, qui s’affirme déjà avant la perte maternelle. On peut penser que le cadre familial instable de l’enfant, avec l’absence répétée du père, les conflits avec lui et le repli dans le cocon maternel sont à l’origine du traumatisme psychologique et de la haine du père. D’ailleurs, même avant la tragédie, le petit Spider tisse déjà sa toile, dans laquelle il s’enferme petit à petit, comme si il se recroquevillait dans sa propre folie, métaphore parfois associée à la toile d’araignée. D’où cette approche freudienne de Cronenberg qui aborde une nouvelle fois la question de la nature humaine mais sous un angle différent : réflexion sur l’influence de l’enfance dans la constitution du caractère adulte de l’homme.