SYNOPSIS :
Après plusieurs années d'internement psychiatrique,
un jeune homme, surnommé Spider, est transféré
en foyer de réinsertion dans les faubourgs de l'est londonien.
C'est à quelques rues de là qu'enfant, il a vécu
le drame qui a brisé sa vie. Il n'avait pas encore douze
ans, lorsque son père a tué sa mère pour
la remplacer par une prostituée dont il était
tombé amoureux. De retour sur les lieux du crime, Spider
replonge peu à peu dans ses souvenirs et mène
une étrange enquête. |
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POINT DE VUE
Très attendu à
Cannes six ans après Crash, le nouveau film
de David Cronenberg est enfin arrivé et on n’est pas
déçu du voyage ! Voyage en effet, puisque
le film se présente comme une éprouvante (en)quête
à l’intérieur de l’esprit d’un schizophrène,
qui donne son prénom au film.
Spider, après plusieurs
années d’internement en hôpital psychiatrique,
revient à Londres sur les lieux de son enfance où,
étant jeune, il a vécu un drame psychologique
familial traumatisant. Comme le personnage de Memento,
il part à la recherche d’une vérité profonde,
enfouie au fin fond de son esprit malade, où les personnages
se substituent à d’autres (cf. Lost Highway
et Mulholland Drive) et où la réalité
et sa représentation sont parfois très différentes.
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Même s’il peut paraître
éloigné des autres films de Cronenberg, Spider
n’en est pas moins étrange. Ici, ni scènes gores,
ni manipulations génétiques. Le film rejoint
néanmoins Exitenz en ce sens qu’il repose sur
la difficulté de savoir dans quelle réalité
nous vivons. Car Spider est plus un film sur la psychose,
la perte de la réalité que sur la schizophrénie,
dont le metteur en scène ne prétend jamais donner
une définition (si tant est qu’on puisse la définir).
S’inspirant visiblement de Kafka et de Freud, Cronenberg propose
une approche plutôt psychanalytique. La figure de la
mère (Miranda Richadson dans un triple rôle),
omniprésente dans le film, apparaît à
travers divers personnages qui jouent tous un rôle important
dans la vie du protagoniste Le complexe d’Œdipe de Spider,
dû à la mort de sa mère, et le trauma
qui en résulte, ont vraisemblablement précipité
sa folie, qui s’affirme déjà avant la perte
maternelle. On peut penser que le cadre familial instable
de l’enfant, avec l’absence répétée du
père, les conflits avec lui et le repli dans le cocon
maternel sont à l’origine du traumatisme psychologique
et de la haine du père. D’ailleurs, même avant
la tragédie, le petit Spider tisse déjà
sa toile, dans laquelle il s’enferme petit à petit,
comme si il se recroquevillait dans sa propre folie, métaphore
parfois associée à la toile d’araignée.
D’où cette approche freudienne de Cronenberg qui aborde
une nouvelle fois la question de la nature humaine mais sous
un angle différent : réflexion sur l’influence
de l’enfance dans la constitution du caractère adulte
de l’homme.
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