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Irreversible (c) D.R. IRREVERSIBLE
de Gaspar Noé
Par Gilles LYON-CAEN


SYNOPSIS : Parce que le temps détruit tout. Parce ce que certains actes sont irréparables. Parce que l’homme est un animal. Parce que le désir de vengeance est une pulsion naturelle. Parce ce que la plupart des crimes restent impunis. Parce ce que la perte de l’être aimé détruit comme la foudre. Parce ce que l’amour est source de vie. Parce ce que dans un monde bien fait le tunnel rouge n’existerait pas. Parce ce que les prémonitions ne changent pas le cours des choses. Parce ce que le temps révèle tout. Le pire et le meilleur.

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POINT DE VUE

  Irreversible (c) D.R.

Irréversible éructe, tangue et assomme. Mais s’il choque moins qu’il remue, il donne à réfléchir. On aurait tort d’y reconnaître, après la rumeur de la foule, une audace et une force visuelles dépourvues d’idée ou de structure. Irréversible perturbe en inversant la représentation commune, le statut du plan en général. Chaque zigzag, zoom et virage, chaque plan-séquence déforment la perception en un continuum chaloupé, tri-dimensionnel, toujours transgressif. Car le film est constitué d’une violence de la non-représentation, d’une surcharge voulue, assumée, vindicte au cœur et à la vue d’un spectateur éberlué par tant de fureur. Perturbe également la déstructuration dans le retournement, la réversibilité du film. Frappe ici la cohérence monstrueuse du scénario, l’effrayante continuité du plan-séquence comme unité frénétique (l’éructation verbale de vingt minutes de Vincent Cassel), théâtre de l’horreur pure (la scène du viol, qui vire au malaise chorégraphié, quand elle se relève) au cœur du concept prodigieux (le début est la fin, le film comme remontée à la source).

Deux perspectives passionnantes s’offrent ici, aux confins des expérimentations cinématographiques du monde entier. D’abord, en ces temps de matraquage médiatique sur le phénomène de l’insécurité, puisque, ici et là, on condamne avant tout sans comprendre ni ne rien savoir, Irréversible (qui procède souvent du braquage), incrusté dans une géographie urbaine précise et limitée (les fêtes, le tunnel, l’appartement), se révèle fort en propos sociologiques. Gaspard Noé ne condamne, ne désigne pas tant qu’il propose de comprendre, sinon le pourquoi, du moins le comment du viol. En ce sens, son entreprise de réversibilité se pose comment fondement de la connaissance aussi bien que diatribe au tout-réactionnaire. De la frénésie diabolique rouge néon à la surenchère méthodique du tunnel, le film tend presque à l’analytique. Entre pure vitesse cinétique des jumps-cut à travers les boîtes de nuit et décryptage souverain du viol comme crime anodin, Irréversible fuit en avant, saccade continue qui massacre l’idée de signification (mise à feu de l’ " indigence intellectuelle ", Le Monde, 26-27/05/02) comme le procès de complaisance (mise à feu des détracteurs).

Irreversible (c) D.R.
Irréversible fascine dans sa déformation des sens et de l’espace, dans son attaque au spectateur. Voyons-le sans frayeur : précis massif de décomposition structurelle, fiction réflexive sur ses moyens et sa fin (sa force de document), autrement dit interrogation politique. Manifeste expérimental, Irréversible s’achève dans l’abstraction, alternance d’un moment de plénitude et d’un flicker blanc (battement d’images), violence radicale comme bras d’honneur contre un conformisme qui mobilise en profondeur les formes narratives du cinéma français. Longuement retournée, la cellule mentale d’Irréversible implose enfin. Courageux et nécessaire, le film, dans son art de la torsion, se révèle être une obligation au regard.




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Titre
: Irréversible
Réalisateur : Gaspard Noé
Scénariste : Gaspar Noé
Directeur de la photographie : Benoît Debie
Acteurs : Vincent Cassel, Monica Bellucci, Albert Dupontel, Philippe Nahon
Costumes : Laure Culkovic
Chef décorateur : Alain Juteau
Production : Nord-Ouest Productions
Producteur : Richard Grandpierre
Coproducteur : Christophe Rossignon
Festival : Cannes 2002 – Sélection officielle en compétition
Distribution : Mars Films
Format du son : Dolby SRD / DTS EX
Format de projection : 2:35.1 Cinémascope
Interdiction : - 16 ans
Sortie France : 24 mai 2002
Pays : France
Année : 2002
Durée : 1h 39