SYNOPSIS :
Parce que le temps détruit tout. Parce ce que certains actes
sont irréparables. Parce que l’homme est un animal. Parce que
le désir de vengeance est une pulsion naturelle. Parce ce que
la plupart des crimes restent impunis. Parce ce que la perte
de l’être aimé détruit comme la foudre. Parce ce que l’amour
est source de vie. Parce ce que dans un monde bien fait le tunnel
rouge n’existerait pas. Parce ce que les prémonitions ne changent
pas le cours des choses. Parce ce que le temps révèle tout.
Le pire et le meilleur. |
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POINT DE VUE
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Irréversible
éructe, tangue et assomme. Mais
s’il choque moins qu’il remue, il donne à réfléchir.
On aurait tort d’y reconnaître, après la rumeur
de la foule, une audace et une force visuelles dépourvues
d’idée ou de structure. Irréversible
perturbe en inversant la représentation commune, le
statut du plan en général. Chaque zigzag, zoom
et virage, chaque plan-séquence déforment la
perception en un continuum chaloupé, tri-dimensionnel,
toujours transgressif. Car le film est constitué d’une
violence de la non-représentation, d’une surcharge
voulue, assumée, vindicte au cœur et à la vue
d’un spectateur éberlué par tant de fureur.
Perturbe également la déstructuration dans le
retournement, la réversibilité du film. Frappe
ici la cohérence monstrueuse du scénario, l’effrayante
continuité du plan-séquence comme unité
frénétique (l’éructation verbale de vingt
minutes de Vincent Cassel), théâtre de l’horreur
pure (la scène du viol, qui vire au malaise chorégraphié,
quand elle se relève) au cœur du concept prodigieux
(le début est la fin, le film comme remontée
à la source).
Deux perspectives passionnantes
s’offrent ici, aux confins des expérimentations cinématographiques
du monde entier. D’abord, en ces temps de matraquage médiatique
sur le phénomène de l’insécurité,
puisque, ici et là, on condamne avant tout sans comprendre
ni ne rien savoir, Irréversible (qui procède
souvent du braquage), incrusté dans une géographie
urbaine précise et limitée (les fêtes,
le tunnel, l’appartement), se révèle fort en
propos sociologiques. Gaspard Noé ne condamne, ne désigne
pas tant qu’il propose de comprendre, sinon le pourquoi, du
moins le comment du viol. En ce sens, son entreprise de réversibilité
se pose comment fondement de la connaissance aussi bien que
diatribe au tout-réactionnaire. De la frénésie
diabolique rouge néon à la surenchère
méthodique du tunnel, le film tend presque à
l’analytique. Entre pure vitesse cinétique des jumps-cut
à travers les boîtes de nuit et décryptage
souverain du viol comme crime anodin, Irréversible
fuit en avant, saccade continue qui massacre l’idée
de signification (mise à feu de l’ " indigence
intellectuelle ", Le Monde, 26-27/05/02)
comme le procès de complaisance (mise à feu
des détracteurs).
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Irréversible
fascine dans sa déformation des sens et de l’espace,
dans son attaque au spectateur. Voyons-le sans frayeur :
précis massif de décomposition structurelle,
fiction réflexive sur ses moyens et sa fin (sa force
de document), autrement dit interrogation politique. Manifeste
expérimental, Irréversible s’achève
dans l’abstraction, alternance d’un moment de plénitude
et d’un flicker blanc (battement d’images), violence
radicale comme bras d’honneur contre un conformisme qui mobilise
en profondeur les formes narratives du cinéma français.
Longuement retournée, la cellule mentale d’ Irréversible
implose enfin. Courageux et nécessaire, le film,
dans son art de la torsion, se révèle être
une obligation au regard.
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Titre : Irréversible
Réalisateur :
Gaspard Noé
Scénariste :
Gaspar Noé
Directeur de la photographie
: Benoît Debie
Acteurs : Vincent Cassel,
Monica Bellucci, Albert Dupontel, Philippe Nahon
Costumes : Laure Culkovic
Chef décorateur
: Alain Juteau
Production : Nord-Ouest
Productions
Producteur : Richard
Grandpierre
Coproducteur : Christophe
Rossignon
Festival : Cannes 2002
– Sélection officielle en compétition
Distribution : Mars
Films
Format du son : Dolby
SRD / DTS EX
Format de projection
: 2:35.1 Cinémascope
Interdiction : - 16
ans
Sortie France : 24 mai
2002
Pays : France
Année : 2002
Durée : 1h 39
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