SYNOPSIS :
Parce que le temps détruit tout. Parce ce que certains actes
sont irréparables. Parce que l’homme est un animal. Parce que
le désir de vengeance est une pulsion naturelle. Parce ce que
la plupart des crimes restent impunis. Parce ce que la perte
de l’être aimé détruit comme la foudre. Parce ce que l’amour
est source de vie. Parce ce que dans un monde bien fait le tunnel
rouge n’existerait pas. Parce ce que les prémonitions ne changent
pas le cours des choses. Parce ce que le temps révèle tout.
Le pire et le meilleur. |
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POINT DE VUE
Un steadycam affolé
nous conduit immédiatement à travers un arkanoid
mental des plus primitifs, la caméra se cogne contre
les parois d’un immeuble aussi glauque que possible, à
la recherche d’une ouverture, d’une échappée,
d’un trait de lumière absolument improbable. Au plan
suivant la musique de Thomas Bangalter (moitié de Daft
Punk) s’immisce sourde et heureuse de la claustrophobie ambiante.
Nous sommes là aux prémisses du film et à
sa quintessence qualitative. De cette scène d’exposition,
Gaspar Noé livre le meilleur de lui-même :
une traduction de la violence mentale qui l’habite, la mise
en place de la sensation, la naissance des pulsions qui sont
à même de se déployer par la mise en scène
originale et talentueuse du réalisateur ainsi que par
le traitement singulier de la bande-son qui participe comme
chez Lynch au (re) sentiment du film.
Le propos de ce film symptomatologique
est ici la Réaction au sens le plus Nietzschéen
du terme, Noé utilisant comme Postulat le viol d’une
femme pour observer la réaction de son mari. Face à
cette situation abjecte, nous serons alors pris dans une dialectique
pulsionnelle, un vortex qui ne laissera définitivement
aucune place au recul, à la distance offerte en temps
normal par la pensée pour ne plus laisser place qu’aux
estafilades amorales de notre société.
SYNDROME OCCIDENTAL
L’horreur s’introduit donc
dans ce petit couple bourgeois, le drame est un retour de
force comme le boomerang d’une société déliquescente,
compulsive, illustréé par un pandémonium
représenté par le Rectum, boite de nuit
homo-trash dont la symbolique topographique, onomastique et
anatomique n’est guère à expliciter ( le violeur
se surnomme le Ténia...)
Dans un incipit où
nous retrouvons le personnage du boucher de Seul contre
tous évoquant dans une pièce à l’aspect
peu ragoûtant l’inceste qui l’a conduit en taule, nous
entendons son interlocuteur lui répondre placidement
qu’il s’agit du syndrome occidental de notre époque.
De cette phrase va s’inoculer
un certain regard anthropologique de la bassesse humaine.
Toute société est fondée sur le tabou
de l’inceste, nous le savons depuis Lévi Strauss, et
le meurtre est encore pour le moment un acte contre nature.
En nous les infligeant comme postulats visuels, Gaspard Noé
s’attaque au noyau, au ver dans le fruit de notre société
intestinale, métastasée à n’en plus finir,
pour remonter à rebours le cancer moral de notre époque.
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