SYNOPSIS :
Nicky et Uri, deux jeunes israéliens, survivent à
New York en braquant des épiceries. Après un hold-up
raté, ils quittent Manhattan pour s’installer à
Brooklyn dans un petit appartement. Au cours d’une dispute futile,
Uri blesse accidentellement sa compagne ; il prend la fuite,
l’abandonnant. Harold, le gardien de l’immeuble, vient au secours
de la jeune femme. Les deux marginaux se lient d’amitié.
Mais Max, le beau-frère paraplégique de Harold
et propriétaire de l’immeuble, convoite Nicky. En huis-clos,
un chassé-croisé de désir et de haine s’installe,
jusqu’à la déflagration de violence finale, libératrice.
|
....................................................................
|
POINT DE VUE
Vivant à New York comme des vagabonds,
d’hôtels en hôtels et de braquage d’épicerie
à une autre, un couple de jeunes israéliens,
apatrides et hors-la-loi, hors d’un genre sexuel défini,
dans une androgynie adolescente. Dans ce couple il y a Nicky (Tinkerbell) ;
une jeune fille, presque une enfant, qui ne se distingue de
son compagnon que par des signes de féminité
exacerbés et artificielle : sa chevelure, ses
bottes à talon. Appartement 5C s’ouvre ainsi
sur l’image de cette jeune femme au lit, endormie, sens dessus
dessous, dans une pure nudité. Se déploie alors,
comme les panneaux d’un triptyque, les images de NY, verticalité
des buildings, élancement vers les cieux, châteaux
formidables de conte de fée, image du rêve américain
comme en résonance à la pureté idéale
de cette Nicky boticellienne. Dès lors, le film s’attachera
à cette princesse rêveuse, qu’il s’agira de construire.
Appartement 5Cest animé d’un
mouvement, au ses le plus physique du terme. Nicky, accidentellement
blessée par son compagnon, est abandonnée dans
l’appartement d’un immeuble du Bronx. Elle sera recueillie
et soignée par Harold (Richard Edson), le gardien du
lieu. La situation de fuite, d’instabilité permanente
dans laquelle avance Nicky conduit à l’entropie que
constitue sa possible intégration dans la communauté
de l’immeuble. Tout se joue dans une séquence de fête
de Thanks Giving, qui s’offre comme l’exemple même de
l’idéal communautaire américain : de l’union
tolérante, on passe brusquement à la haine,
à la discorde. On ne peut pas faire entrer le réel
dans une forme idéale : ça craque forcément
aux coutures. L’esthétique appauvrie du film, tout
de fugitif et de dérisoire, donne à penser cette
lutte contre l’entropie comme une attention extrême
portée au " pas-grand-chose " de
la réalité. En se donnant comme le récit
d’un point de détail du grand récit américain,
Appartement 5C donne à voir le parcours qui,
d’un idéal mythique, mène à une mise
en acte de cet idéal. Ce passage est forcément
douloureux,, qui contraint à s’extraire de la pureté
idéale pour se confronter au monde – c’est-à-dire
l’ici l’émotion amoureuse...
 |
|
|
|
Nadjari travaille dans le genre, mais dans
le refus de la distance ironique ou commémorative;
l’inscription du film dans le " Noir "
s’effectue certes par affleurements, bouffée soudaine
de réminiscences, et parfois citations explicites,
mais s’impose surtout, dans une conscience lucide de ses moyens,
comme opérateur artistique toujours ré activable.
Le film Noir offre ainsi à Nadjari une qualité
tonale, un parfum de tragédie, et la puissance de ses
archétypes : la femme fatale, le loser, le manipulateur.
Il permet de modeler l’idée, de partir à la
recherche de formes, de gestes, d’opérations de mise
en scène susceptibles de donner à cette image
originelle, le rêve d’une jeune fille rêvant d’Amérique,
toute la complexe polysémie du réel. Il faudra
atteindre la toute dernière image pour que enfin ce
corps de jeune fille, que la mise en scène ne cesse
de vouloir transformer en icône, prenne vie, dans le
clignotement d’une dernière fuite.
 |
|
Titre : Appartement # 5c
Réalisateur :
Raphaël Nadjari
Scénariste :
Raphaël Nadjari
Acteurs : Tinkerbell,
Ori Pfeffer, Richard Edson, Jeff Ware
Directeur de la photographie :
Laurent Brunet
Monteur : Tom Donahue
Chef décorateur :
Sean Foley
Compositeur : John
Surman
Production : MK2
Productions, Les Films Alain Sarde, BVNG Films
Distribution :
MK2 Diffusion, France
Pays : Israël,
France
Année :
2001
Durée : 1h 33mn.
Date de sortie : 19
Juin 2002
|
|
|