SYNOPSIS :
Bella Ciao est à ce jour le seul documentaire
qui raconte en détails - grâce aux images filmées
par les journalistes de la Rai et d'autres télévisions
- le déroulement des émeutes génoises lors
du sommet G8 en juillet 2001, qui ont transformé le débat
politique, le mouvement anti-mondialisation en débat
sur la sécurité. Sans commentaires, le film livre
une vérité nue qui effraie. Actuellement interdit
de diffusion, il reste inédit. |
....................................................................
|
POINT DE VUE
Assurément le documentaire
Bella Ciao constituait le signe d’engagement politique
le plus fort, voire polémique de cette semaine de la
critique 2002 (ce qui n’est bien sur pas un gage de qualité
artistique). Rappelons que ce film, produit par la RAI, n’a
toujours pas été diffusé sur cette chaîne ;
plus encore, sa projection cannoise a été particulièrement
houleuse à tel point que le ministre de la culture
Sgarbi (qui a depuis démissionné) présent
dans la salle était copieusement hué et conspué,
et, sous une pluie d’injures (fasciste), quittait précipitamment
la salle ( il est relativement cocasse de constater que cette
résistance au fascisme se produisait dans une des villes
qui a le plus voté pour Le Pen).
Bella Ciao rend compte
des amples manifestations contre le sommet du G8 à
Gênes du 16 au 22 juillet 2001, marquées par
une terrible répression policière. Le film n’est
rien d’autre qu’un montage des différentes images filmées
par les multiples caméras DV qui étaient sur
place (équipes de télé ou simples personnes).
Première impression qui s’impose au spectateur, non
seulement a cause du contenu des images mais aussi de la forme
même qui s’appuie sur un montage très rythmé :
une véritable guerre ! c’est –à dire l’image
d’une authentique guérilla urbaine avec affrontements
entre force de l’ordre et civils.
 |
|
|
|
Aucun commentaire n’accompagne
les images : les images, accablantes, parlent d’elles-mêmes
et ne montrent rien d’autre que les forces policières
se livrant à une répression brutale et féroce,
frappant des gens à terre, souvent inoffensifs, parfois
blessés. Les auteurs, de par cette absence même
de toute parole, ont choisi de mettre l’accent sur la grande
violence de cet événement et, redoublant cette
violence par la forme, nous assènent une une litanie
d’images brutes et brutales, sans nous laisser de répit.
Bref, la manif du G8 comme si vous y étiez !
Evidemment, on ne peut qu’approuver la cause
qui sous tend le film ( la dénonciation des violences)
mais on peut émettre des réserves quant à
la manière c’est à dire à un certain
usage des images. En premier lieu, ce parti pris d’absence
de commentaire , donc d’explication, qui aurait pu mettre
ces images en perspective. Rien n’est dit du contexte politique
(l’anti-mondialisme) où s’inscrivent ces affrontements.
En outre, il y a dans l’esthétique même du documentaire,
qui se veut neutre et objective (les faits !), au niveau
de son habillage, un aspect démonstratif et partisan.
La forme induit un discours. Une façon de diaboliser
l’ordre et de valoriser le désordre, en jouant la carte
de la victimisation ou de la rebellion romantique. Soit une
tendance implicite à esthétiser la violence.
A ce titre, le choix d’une musique hard-rock pour accompagner
est plus que discutable. Bref, La cause défendue par
Bella Ciao est juste mais cela n’en reste pas moins un film
qui utilise toutes les ficelles de la propagande.
 |
|
Titre : Bella
Ciao
Type : Documentaire
Réalisateur :
Roberto Torelli et Marco Giusti
Montage : Andrea
Mastronicola, Marco Lombardo, Stephano Chiricozzi,
Eduardo Lutzenkirken, Valentina Girodo
Production : Carlo
Freccero, Stracult, Raidue
Durée :
100 min
Année :
2001
Pays : Italie
|
|
|