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Dog days (c) D.R. DOG DAYS
d'Ulrich Seidl
Par Marc LEPOIVRE


SYNOPSIS : Dans une banlieue moderne de Vienne, durant deux jours de canicule, se déroulent diverses intrigues entrecroisées. Une simple d'esprit fait de l'auto-stop pour rencontrer des inconnus qu'elle embarrasse avec ses indiscrétions. Un mari désœuvré et son épouse nymphomane, jamais remis du décès de leur enfant, vivent sous le même toit comme des étrangers sans jamais se parler. Un vieux veuf grincheux invite sa femme de ménage à dîner et lui demande de porter une des robes de sa défunte épouse pour faire un strip-tease. Une institutrice d'âge mur est violentée par son amant miteux et un ami de ce dernier après une beuverie. Une adolescente est elle aussi victime des abus de son amoureux macho et jaloux, qu'elle accepte pourtant de revoir le lendemain.

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POINT DE VUE

  Dog days (c) D.R.
Révélation de l’année par la FiPresci. Dog days offre un portrait de groupe de la petite bourgeoisie autrichienne dans un quartier résidentiel de Vienne, saisie à travers la trajectoire de six personnages. Construction polycentrique qui n’est pas sans rappeler Short Cuts d’Altman, dont on retrouve la vision cynique de l’humanité, mais en nettement plus glauque et trash.

Difficile d’aller plus loin dans la bassesse, la laideur, la médiocrité, voire l’abjection. Assurément, Dog days fait partie de ces films qui ne sont pas faits pour plaire, caresser le spectateur et n’offre aucune compensation esthétique particulière. Il s’agit de regarder sans fard, mais non sans quelque exagération, les travers et les ridicules d’une galerie de contemporains. De fait le regard est impitoyable et cruel, froid et précis, et l’on sent bien l’œil du documentariste qu’est Seidl dans une mise en scène qui privilégie plans séquences et caméras portées. Cela commence par les lieux, sordides et désespérants de banalités : paysages urbains anonymes et uniformes et quartier pavillonnaires aux maisons monotones. Ce n’est pas, comme dans le Respiro, l’endroit rêvé pour passer ses vacances. Quant aux hommes, le regard ne témoigne d’aucune chaleur pour eux. Les rares moments de tendresse, on n’ose dire d’amour, sont désamorcés par une situation ridicule qui accuse fortement la médiocrité de ces personnages (pensons à cette scène ou la vieille femme de ménage se livre à un strip-tease devant son vieil employeur ou cette femme criant son amour à son amant qui la bat et l’humilie).

Dog days (c) D.R.
Ce terrible portrait de l’Autriche petite bourgeoise ne peut pas ne pas faire penser au cinéma de Michael Haneke mais on pourrait aussi évoquer Fassbinder. Mais le spectateur français trouvera peut être un équivalent aussi juste dans les livres de Michel Houellebecq ou de Régis Jauffret. On y retrouve, entre autre, le rapport à l’ennui, l’ absence d’espoir, la vie aliénée, l’échec du couple et de l’amour et plus encore la peinture de la débauche sexuelle chez les petits bourgeois. Ainsi cette scène de partouze au début du film, filmée de façon pornographique, particulièrement glauque et laide.

La scène, reprise en leitmotiv, des résidents allongés au soleil sur la pelouse de leur maisons identiques offre une image emblématique de ce petit monde. Elle résume bien le film, mais aussi le propos d’Ulrich Seidl. Car le parti pris documentaire et objectiviste n’empêche pas une intention moraliste. Au fond, ne les juge-t-il pas un peu ces personnages, en ne leur accordant quasiment aucune chance ou dignité ? C’est dans cette limite entre le documentaire et le moralisme que réside la grande ambiguïté de Dog days, que d’aucuns pourront estimer franchement déplaisante et antipathique.



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Le réalisateur : Ulrich Seidl a réalisé une séries de documentaires tels que Models, Animal Love et Loss is to be Expected qui furent acclamés et récompensés dans le monde entier. Sa vision atypique de l’humanité au travers de moments crus et authentiques a provoqué débat et controverse. Avec Hundstage (Grand Prix du Jury à Venise 2001), il signe sa première œuvre de fiction tout en empruntant la technique du documentaire.




Titre
 : Dog Days
Titre V.O : Hundstage
Réalisateur : Ulrich Seidl
Interprétation : Maria Hofstätter, Alfred Mrva, Erich Finsches, Gerti Lehner, Franziska Weib, René Wanko, Claudia Martini, Victor Rathbone, Christine Jirku, Victor Hennemann, Georg Friedrich
Scénario : Ulrich Seidl, Veronika Franz
Photo : Wolfgang Thaler
Son : Ekkehart Baumung
Montage : Andrea Wagner
Producteur : Helmut Grasser,
Production : Allegro FilmKrummgasse
Distribution : ID Distribution
Festival : Semaine de la critique Cannes 2002
Sortie le : 25 septembre 2002
Pays : Autriche
Année : 2001
Durée : 2h 01