SYNOPSIS :
Dans une banlieue moderne de Vienne, durant deux jours de canicule,
se déroulent diverses intrigues entrecroisées.
Une simple d'esprit fait de l'auto-stop pour rencontrer des
inconnus qu'elle embarrasse avec ses indiscrétions. Un
mari désœuvré et son épouse nymphomane,
jamais remis du décès de leur enfant, vivent sous
le même toit comme des étrangers sans jamais se
parler. Un vieux veuf grincheux invite sa femme de ménage
à dîner et lui demande de porter une des robes
de sa défunte épouse pour faire un strip-tease.
Une institutrice d'âge mur est violentée par son
amant miteux et un ami de ce dernier après une beuverie.
Une adolescente est elle aussi victime des abus de son amoureux
macho et jaloux, qu'elle accepte pourtant de revoir le lendemain. |
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POINT DE VUE
Révélation
de l’année par la FiPresci. Dog days offre un
portrait de groupe de la petite bourgeoisie autrichienne dans
un quartier résidentiel de Vienne, saisie à
travers la trajectoire de six personnages. Construction polycentrique
qui n’est pas sans rappeler Short Cuts d’Altman, dont on retrouve
la vision cynique de l’humanité, mais en nettement
plus glauque et trash.
Difficile d’aller plus loin
dans la bassesse, la laideur, la médiocrité,
voire l’abjection. Assurément, Dog days fait
partie de ces films qui ne sont pas faits pour plaire, caresser
le spectateur et n’offre aucune compensation esthétique
particulière. Il s’agit de regarder sans fard, mais
non sans quelque exagération, les travers et les ridicules
d’une galerie de contemporains. De fait le regard est impitoyable
et cruel, froid et précis, et l’on sent bien l’œil
du documentariste qu’est Seidl dans une mise en scène
qui privilégie plans séquences et caméras
portées. Cela commence par les lieux, sordides et désespérants
de banalités : paysages urbains anonymes et uniformes
et quartier pavillonnaires aux maisons monotones. Ce n’est
pas, comme dans le Respiro, l’endroit rêvé
pour passer ses vacances. Quant aux hommes, le regard ne témoigne
d’aucune chaleur pour eux. Les rares moments de tendresse,
on n’ose dire d’amour, sont désamorcés par une
situation ridicule qui accuse fortement la médiocrité
de ces personnages (pensons à cette scène ou
la vieille femme de ménage se livre à un strip-tease
devant son vieil employeur ou cette femme criant son amour
à son amant qui la bat et l’humilie).
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Ce terrible portrait de
l’Autriche petite bourgeoise ne peut pas ne pas faire penser
au cinéma de Michael Haneke mais on pourrait aussi
évoquer Fassbinder. Mais le spectateur français
trouvera peut être un équivalent aussi juste
dans les livres de Michel Houellebecq ou de Régis Jauffret.
On y retrouve, entre autre, le rapport à l’ennui, l’
absence d’espoir, la vie aliénée, l’échec
du couple et de l’amour et plus encore la peinture de la débauche
sexuelle chez les petits bourgeois. Ainsi cette scène
de partouze au début du film, filmée de façon
pornographique, particulièrement glauque et laide.
La scène, reprise
en leitmotiv, des résidents allongés au soleil
sur la pelouse de leur maisons identiques offre une image
emblématique de ce petit monde. Elle résume
bien le film, mais aussi le propos d’Ulrich Seidl. Car le
parti pris documentaire et objectiviste n’empêche pas
une intention moraliste. Au fond, ne les juge-t-il pas un
peu ces personnages, en ne leur accordant quasiment aucune
chance ou dignité ? C’est dans cette limite entre
le documentaire et le moralisme que réside la grande
ambiguïté de Dog days, que d’aucuns pourront
estimer franchement déplaisante et antipathique.
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Le réalisateur : Ulrich
Seidl a réalisé une séries
de documentaires tels que Models, Animal Love
et Loss is to be Expected qui furent
acclamés et récompensés dans
le monde entier. Sa vision atypique de l’humanité
au travers de moments crus et authentiques a provoqué
débat et controverse. Avec Hundstage (Grand
Prix du Jury à Venise 2001), il signe sa
première œuvre de fiction tout en empruntant
la technique du documentaire.
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Titre : Dog Days
Titre V.O : Hundstage
Réalisateur :
Ulrich Seidl
Interprétation :
Maria Hofstätter, Alfred Mrva, Erich Finsches,
Gerti Lehner, Franziska Weib, René Wanko,
Claudia Martini, Victor Rathbone, Christine Jirku,
Victor Hennemann, Georg Friedrich
Scénario : Ulrich
Seidl, Veronika Franz
Photo : Wolfgang Thaler
Son : Ekkehart
Baumung
Montage : Andrea
Wagner
Producteur : Helmut
Grasser,
Production : Allegro
FilmKrummgasse
Distribution : ID Distribution
Festival : Semaine
de la critique Cannes 2002
Sortie le : 25 septembre
2002
Pays : Autriche
Année :
2001
Durée : 2h 01
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